Le Grand Défi a dévoilé les 100 propositions qui ont émergé d’une consultation des entreprises françaises sur le format convention citoyenne. Production, logistique, gouvernance, comptabilité… Tous les pans de l’économie ont été passés au crible pour réinventer les pratiques et les modèles des entreprises française face aux crises écologiques.
Jeudi 9 février, l’hémicycle du Conseil économique, social et environnemental (CESE) accueillait les participant·es au Grand défi des entreprises pour la planète. 100 propositions concrètes ont été présentées à la tribune pour accélérer la transition écologique de l’économie et des entreprises.
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À l’origine du Grand Défi, Virginie Raisson-Victor, présidente du GIEC des Pays de la Loire, et Jérôme Cohen, président fondateur de l’organisation Engage, se sont inspirés de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), et ont fait le pari de la démocratie participative pour pousser les entreprises à se saisir des enjeux écologiques.
Les propositions donnent à voir ce que pourrait être une entreprise respectueuse des limites planétaires et au service de l’intérêt général
Pendant un an, 60 salarié·es, 60 dirigeant·es et 30 actionnaires, issu·es de 150 entreprises représentatives du tissu économique français ont été formés par des spécialistes sur les enjeux de climat, de biodiversité, ou d’économie, puis invité·es à réfléchir collectivement autour de l’avenir du secteur privé.
Au bout du compte, les 100 propositions portées par les délégué·es du Grand Défi s’avèrent très ambitieuses, mettant en avant la nécessité de réinventer les pratiques et les modèles économiques des entreprises. « Elles donnent à voir ce que pourrait être une entreprise respectueuse des limites planétaires et au service de l’intérêt général » expliquent les organisateur·ices. Un long chemin reste tout de même à parcourir avant l’adoption des 100 propositions par l’ensemble des décideur·euses économiques et politiques.
Modifier en profondeur le modèle économique des entreprises
« Le grand défi n’est pas un énième livre blanc sur la transition écologique » précise Jérôme Cohen. Usage du fret ferroviaire, allongement de la durée de vie des produits alimentaires, investissements massifs autour des « low-tech »… En s’appuyant sur des pratiques déjà existantes, le Grand Défi propose aux entreprises des mesures à mettre en place pour évaluer et réduire leur empreinte environnementale.
Ce nouveau modèle implique d’interroger l’ordre des priorités entre l’économique, l’environnemental et le social
Mais l’ambition des délégué·es dépasse les simples mesures de sobriété. Les délégué·ES en appellent à réinventer le modèle économique, la raison d’être et la gouvernance des entreprises. « Ce nouveau modèle implique d’interroger l’ordre des priorités entre l’économique, l’environnement et le social » développe Jérôme Cohen.
Pour cela, une des propositions suggère la généralisation des « entreprises à mission », un statut qui permet aux entreprises d’intégrer des objectifs sociaux ou environnementaux à atteindre par leur activité. Une manière de « replacer l’intérêt général dans l’entreprise » selon Virginie Raisson-Victor. Les délégué·es proposent aussi aux entreprises de prendre en compte les capitaux humains et environnementaux dans leurs systèmes de comptabilité.
Les pouvoirs publics, incontournables dans la transformation des entreprises
Si le Grand Défi est centré sur les entreprises, il s’adresse aussi directement aux pouvoirs publics, en leur demandant de proclamer la biodiversité « grande cause nationale », ou d’instaurer une « TVA verte », moins élevée sur les produits jugés écologiques. Les délégué·es estiment aussi que les aides publiques aux entreprises doivent être augmentées, conditionnées à des critères environnementaux, et rassemblées au sein d’un guichet unique.
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Et pour ne pas compter uniquement sur la bonne volonté des entreprises, les délégué·es proposent des mesures contraignantes : interdiction de la publicité sur les produits nocifs pour l’environnement, sanctions strictes contre les pratiques de greenwashing ou obligation d’affichage du score environnemental des produits commercialisés en France et en Europe.
Le temps de la « Grande diffusion » des propositions
L’aventure ne s’arrête pas là car les délégué·es deviennent aujourd’hui des ambassadeur·ices du Grand Défi au sein de leur entreprise et de leur réseau professionnel, pour diffuser et accompagner la mise en œuvre des propositions. De leur côté, les organisateur·ices ont indiqué leur volonté de mener un « lobbying d’intérêt général » auprès des décideur·euses politiques.
Une tâche qui s’annonce ardue quand on se rappelle la déception des participant·es à la CCC au sujet de l’application de leurs propositions. « Cette phase qui s’ouvre est décisive car c’est ici que se mesurera notre impact et les transformations que nous saurons engendrer » explique Jérôme Cohen.
Découvrez les 100 propositions sur le site du Grand Défi des entreprises pour la planète.