Clap de fin pour la Convention citoyenne pour le climat. Alors que le projet de loi Climat, critiqué pour son « manque d’ambition », doit être discuté à l’Assemblée nationale à la fin du mois, les 150 citoyens de la Convention citoyenne se sont retrouvés lors d’une ultime session de travail du 26 au 28 février. La déception et le sentiment d’inachevé étaient palpables, comme en témoigne la note générale de 3,3/10 attribuée au gouvernement quant à la reprise de leurs propositions.
3,3/10, c’est la note donnée par les 150 citoyens de la Convention citoyenne pour le climat au gouvernement pour son projet de loi Climat. Et quand on leur demande si les décisions de l’État permettent « de s’approcher de l’objectif de diminution d’au moins 40% des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030 », la note est encore plus sévère : 2,5/10. « Avec la Convention, on avait l’occasion de changer d’échelle, d’agencer sur des grandes choses structurantes. Là, ça pêche », a regretté un membre de la Convention, lors de la 8e et dernière session de travail, le 28 février.
Frustrations et déceptions
« Des mesures devenues des mesurettes. »
17 mois après le lancement de la Convention citoyenne pour le climat, les membres sont amers. Tous gardent un sentiment d’inachevé et une certaine déception au regard des ambitions de départ. « Je suis comme tout le monde. Je veux juste dire à quel point je suis frustrée par des mesures devenues des mesurettes », lâche une des membres.
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Tous regrettent le manque d’ambition du projet de loi Climat et Résilience, qui doit être débattu à l’Assemblée nationale à partir de la fin du mois de mars. « Je suis sceptique concernant ce que feront les députés de ce projet de loi et, indirectement, de nos propositions, estime un autre citoyen. Certains nous ont soutenus, d’autres non. Les décisions non prises bloquent la lutte contre les gaz à effet de serre ». Du désormais tristement célèbre « sans filtre » d’Emmanuel Macron, les propositions de la Convention citoyenne ont, pour la plupart, été vidées de leur sens, voire carrément mises à l’écart.
Une copie pas au niveau
« Cette gifle illustre la déconnexion profonde qui existe entre Emmanuel Macron et la population sur les enjeux écologiques. »
« On ne peut pas demander à des citoyens et citoyennes de s’impliquer pendant des mois sur un sujet aussi crucial et attendre d’eux d’adhérer à la manipulation qui en est faite. (…) Cette gifle illustre la déconnexion profonde qui existe entre Emmanuel Macron et la population sur les enjeux écologiques », analyse Clément Sénéchal, de Greenpeace. L’ONG espère désormais une révision complète à la hausse de la loi Climat par les parlementaires.
« Tous les avis rendus le confirment : la copie remise par le gouvernement n’est pas au niveau et la loi climat va devoir passer son oral de rattrapage. Les citoyens ont rempli leur contrat démocratique. Aux parlementaires maintenant de s’emparer, avec courage et responsabilité, de la crise climatique dans un esprit de justice sociale », ajoute Pierre Cannet, de WWF France.
Un exercice démocratique salué
« Les Conventions citoyennes ont amélioré la vie démocratique. »
Reste que l’exercice inédit de la Convention citoyenne pour le climat est, pour bon nombre des membres, un exercice bénéfique. La majorité estime que cette dernière a été « utile à la lutte contre le changement climatique » (6/10) et que « le recours aux Conventions citoyennes est de nature à améliorer la vie démocratique de notre pays » (7,7/10).
« Oui, les Conventions citoyennes ont amélioré la vie démocratique. On l’a éprouvé, on a eu de l’ambition et une capacité à émerveiller », argue un des membres, avant qu’un autre ajoute : « Je vais retenir d’autres choses : les gens rencontrés, ce que j’ai appris, l’expérience démocratique et humaine ont été extraordinaires ».
Pour télécharger le rapport de la 8e session de travail de la Convention citoyenne pour le climat, cliquez ici.