Le coup d’envoi de la Convention étudiante de l’alimentation durable a été donné fin janvier à l’Académie du climat de Paris. Inspiré·es par la convention citoyenne pour le climat, les organisateur·ices souhaitent faire entendre la voix des étudiant·es sur les enjeux d’agriculture et d’alimentation. Une série de propositions concrètes sera présentée devant le parlement européen en début d’année prochaine.
Sur le mur de la grande salle, un immense tableau couvert de post-it colorés témoigne des discussions passionnées qui se sont tenues dans l’après-midi. Des étudiant·es venu·es de partout en France se sont réuni·es fin janvier à l’Académie du climat pour parler écologie, alimentation et agriculture. Après une longue journée de formation, les étudiant·es se dirigent doucement vers un cours de cuisine végétarienne, l’occasion d’apprendre à se connaître tout en préparant le repas du soir.
Point commun de tous·tes les étudiant·es présent·es : leur souhait de participer à la première Convention étudiante de l’alimentation durable (CEAD). Sur le modèle de la Convention citoyenne pour le climat (CCC), les participant·es seront formé·es pendant 6 mois auprès de spécialistes de l’alimentation durable. Financée par l’agence européenne Erasmus+, l’ambition de cette Convention est de « rendre les étudiant·es acteur·ices des politiques de l’alimentation, en France et en Europe ».
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« La convention citoyenne pour le climat est un modèle de démocratie participative et de représentation. On trouvait super intéressant de réunir des étudiant·es avec différents profils, différentes études et origines sociales autour de l’Alimentation durable » explique Marie Cavaniol, directrice des programmes au Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES), à l’initiative de la CEAD.
Former des « expert·es étudiant·es » de l’alimentation durable.
« L’objectif est de partir de ce qu’ils savent déjà pour construire un terreau fertile favorable aux nouvelles idées et propositions »
Le sujet de la convention n’a pas été laissé au hasard. Face aux dérèglements climatiques et à la hausse de la précarité étudiante, l’alimentation est au cœur des préoccupations de la jeunesse. C’est ce qu’ont révélées les 250 candidatures d’étudiant·es reçues par le RESES.
« Je cherchais un moyen pour agir, autre qu’à travers ma vie professionnelle ou l’action individuelle » confie Juliette, 22 ans, étudiante en école de commerce. « Il y a des agriculteur·ices dans ma famille maternelle. J’ai toujours eu un lien particulier avec le monde agricole et les questions d’alimentation ».
Au programme de la formation : ateliers participatifs, discussion avec des experts, visite de fermes et rencontre avec des agriculteur·ices. Tout est mis en place pour permettre aux étudiant·es de comprendre les grands enjeux des systèmes alimentaires et le fonctionnement des institutions européennes. « L’objectif est de partir de ce qu’ils savent déjà pour construire un terreau fertile favorable aux nouvelles idées et propositions » explique Laure Ancel, cofondatrice de l’association Résicity invitée pour animer l’atelier du samedi après-midi.
Porter la voix des étudiant·es devant le Parlement européen
« Mon espoir c’est que ça marche, qu’on arrive à faire bouger certaines lignes »
Les participant·es reviendront à l’Académie du climat au mois de juin pour dresser un bilan de leur formation. Pendant quatre jours, tous·tes réfléchiront à des solutions concrètes, à l’échelle de l’Europe, pour améliorer les politiques de l’agriculture et de l’alimentation. Ils devront ensuite s’accorder sur une série de propositions à adresser aux députés européens.
« Ce n’est pas parce qu’ils sont étudiants que leurs propositions sont hors-sol. Elles seront basées sur des faits, des analyses scientifiques et des témoignages » défend Marie Cavaniol. Une délégation de 6 étudiant·es, désignée au sein du groupe, sera ensuite chargée de porter ces propositions devant le Parlement européen et les médias pendant la campagne des élections européennes de 2024.
« Mon espoir c’est que ça marche, qu’on arrive à faire bouger certaines lignes » confie Romane, 24 ans, étudiante à VetAgro Sup. « Mais je reste perplexe quand on voit ce qu’a donné la Convention citoyenne pour le climat, dont la plupart des propositions ont été vidées de leur sens ».
L’initiative vise aussi à expérimenter le format de la convention citoyenne. Depuis la CCC, plusieurs initiatives de démocratie participative se sont lancées sur ce modèle en France. « Cela nous permettra de voir si ce type de projet permet de répondre à la perte d’engagement des étudiants » explique Marie Cavaniol.
À l’issue du week-end, les participant·es se sont donné rendez-vous au mois d’avril pour un voyage en Bretagne à la rencontre d’agriculteur·ices. Pour tous·tes, l’année s’annonce riche en rencontres et en apprentissages. On leur souhaite de parvenir à porter la voix des étudiant·es en apportant de l’optimisme et des propositions dans le débat public.
Retrouvez plus d’informations sur le site du RESES.