Dimanche dernier, plusieurs associations ont convié les citoyens à planter des arbres sur le site de La Prévalaye, à Rennes. Une action symbolique pour dénoncer les projets d’aménagements du site, entre infrastructures touristiques et extension des terrains d’entraînement du Stade Rennais.
« Portez votre plus beau masque, chaussez vos bottes et venez mettre vos mains dans la terre. » C’est avec ces mots que plusieurs associations ont appelé les Rennais à venir planter des arbres sur le site de La Prévalaye, une zone verte située à l’ouest de la métropole bretonne. Environ 300 personnes ont répondu présent et ont planté 200 arbres fournis par l’association Forêts en Devenir. « C’est un mode d’action positif pour s’apposer à ce projet néfaste. Comme j’habite à côté d’ici depuis longtemps, c’est un endroit qui nous tient à cœur. Quand on veut prendre un peu l’air, on a la nature aux portes de la ville. C’est un petit poumon vert que l’on veut défendre », confie un habitant au Télégramme.
Situé en bordure de Rennes, La Prévalaye représente un espace d’environ 400 hectares comprenant les étangs d’Apignés, un centre de loisirs, un éco-centre, des jardins familiaux et deux exploitations agricoles : le Jardin des Mille Pas et Perma G’Rennes. Or, sur cette zone, est envisagée une extension de la Piverdière, le centre d’entraînement du Stade Rennais. En juillet 2020, les dirigeants du club assuraient que « le projet d’extension, de 8 hectares, était sur les rails » et « que les concours d’architectes allaient être lancés ».
Un projet d’extension revu à la baisse qui ne convainc pas
De son côté, la Ville est toujours restée prudente sur le sujet. Elle a d’ailleurs lancé un « comité de gestion de la Prévalaye », présidé par l’adjoint à la biodiversité Didier Chapellon, qui regroupe des collectifs et associations qui font vivre le lieu, ainsi que des représentants du club, afin de trouver un terrain d’entente.
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Le projet d’extension a d’ailleurs été présenté le 2 février au comité. « Notre volonté c’est que le projet s’adapte à son environnement et non l’inverse », a déclaré Karim Houari, stadium manager du Stade Rennais. Il souhaite « un consensus large » pour faire « un beau centre d’entraînement qui respecte la biodiversité » et « sans impact négatif sur l’environnement », comme le rapporte Ouest France.
« C’est un grignotage par petit bout de la Piverdière. »
Dans l’avant-projet présenté au comité, le Stade Rennais revient sur son ambition initiale de faire passer son centre d’entraînement de 12 à 20 hectares. Le club propose une extension de 3,5 hectares, soit « 0,8 % de la surface totale de la Prévalaye ». Le club entend également rassurer les associations en annonçant vouloir planter plus de 1 000 arbres, dont « quelques sujets d’exception, afin de créer un arboretum (jardin botanique), qui pourrait être visité par le public ». Didier Chapellon a, pour sa part, répété « qu’aucune décision n’était prise ».
Les associations présentes lors de cette réunion sont restées très critiques vis-à-vis de ce projet, selon Ouest France. « On ne veut pas de public, on veut des habitants et des paysans », répond un des participants. « C’est un grignotage par petit bout de toute la Piverdière », ajoute un autre.
L’aménagement de la vallée de la Vilaine également dans le viseur
Les associations critiquent également un projet de valorisation de la vallée de la Vilaine, initié en 2018 par la métropole de Rennes, le tout « sans aucune information préalable ». La vallée de la Vilaine, dont fait partie le site de La Prévalaye, est un territoire de plus de 3 500 hectares qui s’étend sur sept communes (Bruz, Chavagne, Laillé, Le Rheu, Rennes, Saint-Jacques-de-la-Lande et Vezin-le-Coquet). Ces dernières souhaitent « impulser une dynamique de territoire » en renouvelant l’offre touristique sur le site.
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« Une vision déconnectée de la nature. »
Ainsi, un vaste projet d’aménagement a été engagé, comprenant notamment des aménagements de la voie des rivages et la création d’un site d’accueil du public. Pour les associations, « ce projet est une vision déconnectée de la nature réaménagée en espace multi loisirs, une violence démocratique, administrative et sociale, une hérésie environnementale, un gaspillage financier ».
« Nous voulons réaffirmer notre opposition à l’artificialisation des terres bien vivantes. Nous refusons que le vivant soit fragilisé, bétonné, abattu, détruit, au nom du tourisme ou d’une économie qui rentabilise les investissements en capitaux », revendiquent les associations.
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