Après la grève de la faim, place à la campagne collective. En compagnie d’activistes, politiques et responsables d’ONG, Pierre Larrouturou vient de détailler la suite de son combat pour taxer la spéculation. En ligne de mire : le Conseil européen des 10 et 11 décembre où sera adopté le nouvel objectif climat 2030 pour l’UE.
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Sur les conseils de l’équipe médicale du Parlement européen, Pierre Larrouturou, rapporteur du budget, a stoppé sa grève de la faim, le 13 novembre. Trois semaines de mobilisation et 10 kilos perdus auront permis d’amplifier largement son appel à taxer les transactions financières au niveau européen pour renforcer les budgets de la santé, du climat et de l’emploi.
Ce 17 novembre, Pierre Larrouturou vient de donner le coup d’envoi du deuxième acte de la mobilisation. Cette fois, place au collectif. À ses côtés : activistes et politiques de tous bords, ainsi que responsables d’ONG. « Nous tous avons beaucoup d’idées pour humaniser notre société. Mais pour cela, il faut des moyens », déclare-t-il. D’où le souhait renouvelé de taxer la spéculation. Selon plusieurs projections, si l’ensemble des pays de l’UE rejoignait l’initiative, celle-ci permettrait de dégager près de 57 milliards d’euros par an, fléchés sur le climat, la santé et l’emploi.
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« Il n’est plus possible de voir des hommes politiques traîner des pieds sur un sujet comme celui là. On taxe absolument tout en Europe, sauf les flux financiers », observe Najat Vallaud-Belkacem, ancienne ministre et directrice France de l’ONG One. « Je suis favorable à une taxe ambitieuse sur toutes les transactions financières qui serve aux grands enjeux de nos pays mais aussi à la solidarité internationale. C’est une question de justice. »
« C’est dans les crises que l’on trouve des interstices pour faire changer les choses » (Camille Etienne)
Pour l’activiste Camille Etienne, il ne s’agit plus de parler des enjeux écologiques de demain mais d’aujourd’hui. « Il y a urgence ! Les scientifiques nous disent d’aller vite, d’être ambitieux. Alors oui, nous savons que le monde est complexe, mais ce n’est plus une excuse. Il faut agir maintenant », appelle-t-elle. Pour la porte-parole du mouvement On est Prêt, « c’est dans les crises que l’on trouve des interstices pour faire changer les choses ».
Miser sur une coopération renforcée entre plusieurs États membres
À leur côtés, le militant écologiste Jon Palais s’est dit particulièrement attentif à la mise en application de cette taxe et ses éventuelles exonérations. « C’est notre principale crainte. Nous souhaitons une taxe réellement ambitieuse, pas une coquille vide », met en garde le membre d’Alternatiba et d’ANV-Cop21. Une inquiétude légitime, selon Pierre Larrouturou : « On risque une taxe minuscule si le gouvernement français refuse de taxer les produits dérivés et le trading à haute fréquence ».
« Nous souhaitons une taxe réellement ambitieuse, pas une coquille vide » (Jon Palais)
Pour accélérer le processus, et tenter d’instaurer cette taxation dès 2022, Pierre Larrouturou préconise de sortir du vote à l’unanimité – « une mauvaise excuse utilisée par ceux qui veulent bloquer les décisions » – et plutôt miser sur la coopération renforcée entre plusieurs États. Selon le rapporteur du budget européen, quelques pays peuvent lancer la dynamique, comme ce fut le cas pour la création de l’Espace Schengen et de la monnaie unique. « Si Emmanuel Macron et Angela Merkel prennent l’initiative, il y aura un effet d’entraînement », assure-t-il.
Désormais, place à la mobilisation. « Nous engageons quatre semaines de campagne pour demander aux chefs d’État de bouger réellement. Un mouvement citoyen très fort peut faire reculer les lobbys », annonce le rapporteur du budget. En ligne de mire, le Conseil européen des 10 et 11 décembre, où les dirigeants européens doivent adopter le nouvel objectif climat 2030 de l’UE. « Angela Merkel souhaite parvenir à un accord ambitieux sur les nouveaux objectifs climatiques avant la fin 2020, et la fin de la présidence de l’Allemagne au Conseil de l’Union européenne. Or, il n’y aura pas d’accord s’il n’y a pas d’accord sur le budget. »
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