Basé sur la technologie de Bing, le moteur de recherche Ecosia plante des arbres en zone critique de biodiversité avec les bénéfices générés par les recherches de ses utilisateurs. Sa jeune directrice générale Juliette Chabod, âgée de 25 ans, revient pour Pioche! sur la raison d’être de ce moteur de recherche où engagement et écologie résonnent derrière chaque requête.
Par Aurélie Brunet
Quelle est la particularité d’Ecosia en comparaison d’autres moteurs de recherche comme Google ?
Juliette Chabod : Ecosia est d’abord un moteur de recherche à but non lucratif : 100 % de nos bénéfices sont dédiés à la lutte contre le dérèglement climatique. Et 80 % sont réinvestis dans nos projets de reforestation en zones critiques de biodiversité, où nous travaillons main dans la main avec des associations issues des communautés locales. Nous investissons les 20 % restants dans les énergies renouvelables, ce qui nous a permis de construire nos propres centrales photovoltaïques en 2017.
« Comment sortir de la mécanique des profits en plaçant la planète au premier plan ? »
L’engagement est donc au cœur d’Ecosia mais en tant qu’entreprise du numérique, nous avons également des responsabilités envers nos utilisateurs. Nous tenons ainsi à protéger leurs données, que nous anonymisons et effaçons au bout de 7 jours. Nous ne les revendons pas et ne faisons jamais appel à des outils de tracking externe. De la même manière, nous tenons à être le plus transparent possible en publiant nos rapports financiers mensuellement. Nous y indiquons nos bénéfices et comment nous les répartissons parmi les couts opérationnels, nos projets de reforestation ainsi que nos investissements dans l’énergie renouvelable et l’agro-écologie.
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Aussi, notre approche est sur du très long terme : notre président Christian Kroll a récemment décidé de renoncer aux dividendes et même à la possibilité de vendre l’entreprise dans le futur. Nous nous demandons tous les jours comment combiner les efforts des organisations et ceux des personnes individuelles, et comment sortir de la mécanique des profits en plaçant la planète au premier plan.
Vous présentez Ecosia comme un « moteur de recherche à carbone négatif », qu’est-ce que cela signifie ?
En tant qu’entreprise du numérique, notre empreinte carbone est importante. Nous avons fait le choix de ne pas utiliser nos arbres comme outils de compensation : ils servent avant tout à la régénération des écosystèmes, la protection de la biodiversité, et au soutien des communautés locales.
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Afin de compenser l’énergie dépensée pour alimenter les recherches de nos utilisateurs, nous avons construits nos propres panneaux solaires en 2017. Nous étions alors une entreprise neutre en carbone. Mais depuis 2019, nous produisons le double de l’énergie nécessaire ! Celle-ci est répartie dans les circuits énergétiques locaux, ce qui fait de nous effectivement une entreprise à carbone négatif.
« Générer sur le long terme de nouveaux écosystèmes pour véritablement lutter contre le réchauffement climatique. »
Même si cela n’entre pas dans nos démarches de compensation, il est impératif de ne pas reforester n’importe comment. Il ne s’agit pas de planter des arbres pour planter des arbres. Pour obtenir un impact positif sur le très long terme, nous nous inscrivons toujours dans le respect des communautés locales, de leurs enjeux socio-économiques et de la biodiversité. Ce qui nous permet de générer sur le long terme de nouveaux écosystèmes pour véritablement lutter contre le réchauffement climatique.
Nous avons d’ailleurs pris le virage du green search, en référençant via une feuille verte les entreprises plus durables. Notre offre Ecosia Trees permet aussi à de nombreuses entreprises de planter un minimum de 10 000 arbres, surveillés et protégés, afin de garantir leur survie. Mais attention, nous n’aidons pas pour autant les entreprises à atteindre la neutralité carbone.
Qui sont les utilisateurs d’Ecosia en France ?
Aujourd’hui, nous comptabilisons 15 millions d’utilisateurs uniques dans le monde, dont 4 millions en France, et 62 associations partenaires.
54 % de nos utilisateurs en France sont des écolos engagés activement dans des associations. Et 80 % de nos utilisateurs ont aujourd’hui moins de 30 ans. Créé il y a 11 ans, nous avons connu en 2019 une forte croissance de notre notoriété et de notre trafic, expliquée par l’essor de mouvements pro environnementaux.
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