La rapporteure du Conseil d’État s’est prononcée en faveur d’une interdiction partielle de la pêche quelques mois dans l’année. Une mesure prônée par les associations environnementales pour faire face à la surmortalité des dauphins dans le golfe de Gascogne. Le gouvernement est appelé à agir dans un délai de six mois.
Faut-il interdire partiellement la pêche pour protéger les dauphins du golfe de Gascogne ? La rapporteure publique du Conseil d’État s’est prononcée sur la question le 24 février dernier. À la suite d’une saisine initiée en 2021 par Sea Shepherd, France Nature Environnement (FNE) et l’association Défense des milieux aquatiques (DMA), elle a relevé les « insuffisances » de l’action du gouvernement et demande « des mesures de fermetures spatio-temporelles » de la pêche au plus vite. Basée sur cet avis, la décision finale du Conseil d’État sera dévoilée sous trois semaines.
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« J’espère maintenant une décision rapide tant chaque jour ajoute de l’agonie à l’agonie » a réagit Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de Protection des Oiseaux (LPO). Plus de 400 cadavres de cétacés se sont échoués sur les plages françaises depuis le début de l’hiver, laissant présumer à l’observatoire Pelagis 5.000 à 10.000 décès causés « en grande majorité » par les activités de pêche. Une situation alarmante qui pourrait entrainer la disparition des dauphins du golfe de Gascogne avant 2040.
Le gouvernement exhorté à prendre des mesures ambitieuses
Interrogé par Vakita sur le sujet, le président Emmanuel Macron estime « choquantes » les images de dauphins échoués et s’engage à « respecter la décision de justice en investissant de l’argent très largement public pour moderniser les pratiques de pêche ». Il a insisté sur sa volonté de « ne pas abandonner, ni stigmatiser les pêcheurs qui ont déjà un quotidien difficile ».
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L’action du gouvernement se limite aujourd’hui à la documentation du phénomène et à la promotion de solutions techniques comme les caméras embarquées ou les répulsifs acoustiques. Des mesures jugées insuffisantes par la Commission européenne qui a demandé à la France en juillet 2022 de se conformer à son devoir de protection des mammifères marins vulnérables, sous peine de sanctions financières.
« Après 6 ans de luttes, on n’a jamais été aussi prêt d’avoir enfin des mesures d’urgence ambitieuses »
L’interdiction temporaire de la pêche trois mois en hiver et un mois en été est recommandée par le Comité international pour l’exploration de la mer (CIEM). Sur son compte Twitter, France Nature Environnement évoque « une solution gagnant-gagnant, pour les pêcheurs comme pour les dauphins ». En plus de l’indemnisation financière versée aux pêcheurs par le Fonds européen pour les affaires maritimes, « l’arrêt de la pêche va permettre aux poissons de grandir, et même de se reproduire, permettant des pêches plus faciles et plus fructueuses ».
Jeudi 2 mars prochain, un groupe de travail national sur les captures de dauphins réunira pêcheurs et associations environnementales autour du Ministre de la transition écologique Christophe Béchu. Malgré l’exclusion de Sea Shepherd France de cette réunion, la présidente de l’association Lamya Essemlali se félicite : « Après 6 ans de luttes, on n’a jamais été aussi près d’avoir enfin des mesures d’urgence ambitieuses ».