Concerts, expo, chantiers participatifs, mais aussi activités de maraîchage, vente à la ferme et initiations à la permaculture… Fin juin, la Ferme de Quincé, située à Rennes, rouvrira ses portes avec un tout nouveau projet « agriculturel et festif ». Porté par une bande de potes réunis sous le collectif 35 Volts, ce havre de paix coincé entre une rocade et une zone commerciale entend recréer « une place de village » dans une zone où les immeubles poussent plus vite que les plants de tomates.
Au milieu des tours qui grignotent petit à petit l’horizon du quartier Beauregard, à Rennes, la Ferme de Quincé résiste encore et toujours à l’envahisseur. Sur place, le collectif 35 Volts est au four et au moulin. Depuis avril 2021, la quinzaine de membres de l’association, accompagnée par quelques paires de bras bénévoles, a officiellement investi cet écrin de verdure de quatre hectares. L’objectif ? Créer un lieu de vie entre animations culturelles et activités agricoles, tout en tissant du lien pour les habitants du quartier.
Bâtir un projet festif et respectueux de l’environnement
Si la Ferme de Quincé reste assez méconnue des Rennais, l’espace s’est déjà fait un petit nom dans le milieu artistique de la métropole bretonne. Dès 2016, le collectif d’artistes plasticiens INIT et l’association de théâtre Houraillis posent leurs valises et créent, petit à petit, un lieu de création et de diffusion en lieu et place de cette ancienne ferme. C’est d’ailleurs comme invité que le collectif 35 Volts découvre pour la première fois l’endroit. « On a organisé une fête ici en septembre 2019, raconte Théo Muller, ancien programmateur de la Machine du Moulin Rouge et membre du collectif 35 Volts. Quand on a eu connaissance de l’appel à projet de la Ville de Rennes pour l’exploitation de cet espace, on a foncé. »
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Pour construire un dossier solide, le groupe de copains s’est appuyé sur son expérience et la multiplicité de ses compétences. Si la dominante artistique et culturelle est bien là – plusieurs membres venant de l’écurie Midi Deux, le collectif compte aussi une urbaniste, une juriste ou encore une architecte. « On est une bande de potes aux parcours très différents, réunis avec l’envie de bâtir un projet festif et respectueux de l’environnement. » Tout est dit.
Le maraîchage de tous les possibles
Faire vivre l’activité maraîchère sans perdre la spécificité culturelle du lieu
Épaulé par Mickaël Hardy de Perma G’Rennes, le collectif a imaginé une importante activité de maraîchage sur environ un hectare. « On commence à travailler dessus en septembre prochain. D’ici là, on va créer un potager qui officiera comme vitrine de ce projet. » Pour trouver un maraîcher, Théo sort son carnet d’adresses. « On voulait quelqu’un qui soit raccord avec notre vision pour faire vivre la ferme, sans pour autant perdre la spécificité culturelle du lieu. » Après quelques coups de fil, les Rennais embarquent Lucas, alias Christian Coiffure, DJ Lyonnais et ingénieur agronome.
Dès 2022, l’activité agricole devrait permettre de produire des paniers hebdomadaires de fruits et légumes de saison, destinés en priorité aux habitants du quartier. « L’activité maraîchère alimentera également le service restauration de la ferme. On est aussi en contact avec des asso comme l’ESS Cargo pour distribuer des paniers aux étudiants et aux personnes précaires. » En année deux, 35 Volts prévoit de réhabiliter un ancien verger en y plantant de nouveaux arbres fruitiers.
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Concernant le volet artistique, les membres de 35 Volts débordent d’idées pour faire vivre la ferme. « Bien sûr, il y aura des événements musicaux, mais on prévoit aussi d’organiser des expo, des résidences, du cinéma en plein air… » Un à deux festivals par an sont également dans les tuyaux. La bande de copains ne se fixe aucune limite, tant que les activités programmées restent en cohérence avec la conscience écologique qui les anime. « Nous allons travailler sur une charte et un manifeste pour cadrer les choses », prévient Théo.
Place festive pour vivre ensemble
Notre objectif, c’est de créer une place de village
Dans le jardin de la Ferme de Quincé, le « palmier totem » cache partiellement les tours de Beauregard qui dessinent la toile de fond. « Ici, on a l’impression d’être à la campagne », lance fièrement Marine Kunstmann, présidente de l’association. Un « poumon vert » en pleine mutation, pensé pour les habitants du quartier. « Notre objectif, c’est de créer une place de village. Aujourd’hui, on est en contact avec toutes les asso du coin et les maisons de quartier. On n’a pas envie que ce soit uniquement les Rennais du centre-ville qui viennent ici, même si on les accueille à bras ouverts. Il faut d’abord que le quartier se sente bien, que les gens qui habitent ici n’hésitent pas à pousser la porte. Dans notre ADN, on a tous un esprit festif autour du vivre-ensemble. Pas question de mettre ça de côté. »
Ainsi, la Ferme de Quincé proposera régulièrement des activités à destination des habitants de Beauregard. « Le but d’un lieu comme Quincé, c’est de créer des échanges, du lien social, des ponts entre des gens qui n’ont pas forcément l’habitude de se fréquenter. On a pensé la Ferme de Quincé comme un lieu où les gens se rencontrent, font la fête, participent à des chantiers ou viennent simplement boire un verre », explique Théo.
Guinguette et maraîchage
Des produits frais et de saison à la carte de la Quincette
Manches retroussées, tout le monde s’affaire pour préparer l’ouverture au public, prévue à la fin du mois de juin. La première saison « Quincé l’été » sera notamment marquée par l’ouverture d’une guinguette, la Quincette, avec à la carte de nombreux produits frais et de saison. Pour accompagner financièrement ce lancement, le collectif 35 Volts organise une campagne de crowdfunding jusqu’au 15 juin. « Cet argent nous permettra de fabriquer la Quincette, de se doter de plusieurs équipements pour faire vivre le lieu. »
À la fois place du village, poumon vert et havre de paix, la Ferme de Quincé est une pause nécessaire au milieu de cette urbanisation galopante qui repousse toujours plus ses limites. Demain, elle deviendra également un lieu au service de ce futur responsable et festif, respectueux de l’environnement et inclusif. Ça tombe bien, on en a tous besoin.
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