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À Lyon, la petite salle jazz Le Périscope accélère la redirection écologique de la musique en Europe

par Baptiste Thomasset
15 janvier 2025
Le Périscope à Lyon – Better Live – Footprints ©Le Périscope

Le Périscope à Lyon ©Le Périscope

Lieu de jazz incontournable à Lyon, Le Périscope s’est affirmé en quelques années comme un moteur de la transition écologique de la musique en Europe. Cette petite salle s’est entourée de partenaires européens pour expérimenter d’autres modèles de diffusion, plus artisanaux, pour prendre à bras le corps l’épineux sujet des mobilités du public et des artistes. Et défendre le rôle clé des petits lieux dans le futur du live.

Article réalisé en partenariat avec Le Périscope.

De Tampere en Finlande à Cadix en Espagne en passant par Athènes, Lyon et Amsterdam, neuf salles de jazz se sont unies en mars 2023 autour d’une ambition : imaginer les tournées du futur. À l’heure où le secteur du live tente de réduire son empreinte carbone – dominée de très loin par les mobilités –, ce projet baptisé Better Live tente de concilier écologie et circulation internationale des artistes. Acrobatique mais nécessaire, particulièrement dans le monde du jazz et des musiques improvisées dont l’histoire est indétachable du voyage et des métissages.

Pour y parvenir, les salles misent sur des tournées locales d’artistes internationaux. Chacune s’attache à créer un réseau de lieux sur son territoire permettant aux musicien·nes venu·es de loin de rester plus longtemps et de se produire plusieurs fois. Connectés les uns aux autres, ces « groupes locaux de programmation » pavent la voie vers des tournées géographiquement cohérentes, à contre-courant des pratiques de l’industrie musicale.

À lire aussi : À pied, à cheval, à vélo… : quand les artistes inventent les tournées écolos du futur 

Pour en savoir plus sur ce projet européen, il faut s’aventurer du côté de Lyon, dans une petite salle de jazz coincée entre la gare Perrache, l’autoroute A6 et l’ancienne prison Saint-Paul : Le Périscope. Cet incontournable lieu de la scène lyonnaise, à la fois espace de vie, de création et de diffusion, s’est imposé en quelques années comme un moteur de la transition écologique de la musique en Europe. Et ce, autour d’une écologie qui incarne une version artistique du fameux « penser global, agir local ».

Petite jauge, grandes ambitions

Quand il se replonge dans l’histoire du Périscope, créé en 2007 dans d’anciens locaux industriels, Pierre Dugelay aime évoquer ce qui animait les jeunes musicien·nes à l’initiative de la salle de jazz. « On voulait un lieu de concerts, mais aussi un endroit pour être ensemble, où tu fais la fête avec les musicien·nes, raconte l’actuel directeur du Périscope. Il y avait aussi dès le départ cette volonté d’être un lieu de création et d’inspiration, en faisant venir des artistes de l’étranger, des esthétiques qu’on n’entendait pas à Lyon jusqu’ici. »

Près de quinze ans plus tard, la petite salle a accueilli des milliers d’artistes et de spectateur·ices, vibré au rythme de centaines de concerts et de résidences, créé sa propre webradio, obtenu le label SMAC et observé la prison voisine devenir une université. Mais l’esthétique jazz et musiques improvisées est toujours au rendez-vous, et l’énergie des débuts intacte.

Depuis 2007, Le Périscope accueille une centaine de concerts par an. ©Paul Bourdrel

Cet « esprit Périscope », savant mélange de sens du collectif, d’exploration musicale et d’ADN européen, s’incarne aussi à plus grande échelle. Ainsi, lorsque la salle s’empare des enjeux écologiques en 2020, elle s’entoure de neuf salles et festivals de jazz en Europe, et du réseau de diffuseurs AJC, afin de réaliser une somme de bilans carbone représentatifs du secteur de la musique live. « C’était encore un moment où on ne parlait que très peu d’écologie dans la musique et encore moins de bilan carbone », se souvient Benjamin Fraigneau, coordinateur des transitions écologiques et sociales à la Fédération des lieux de musiques actuelles (FEDELIMA).

Action, réaction

Une fois les bilans carbone réalisés, un constat s’impose : pour être à la hauteur de l’urgence écologique, le secteur du live doit se pencher sur les mobilités. L’équipe du Périscope impulse alors deux autres projets financés par l’Union Européenne : Better Live et Landscape. Le projet Landscape a notamment abouti à une large étude sur le déplacement des publics dans les salles de musiques actuelles. Celle-ci explicite la corrélation directe entre taille de la jauge et distance moyenne parcourue par le public pour s’y rendre. Autrement dit : plus un lieu est petit, plus son empreinte carbone par spectateur·ice est réduite.

À lire aussi : Les festivals et salles de concert font le bilan (carbone) pour réduire leur empreinte écologique

Du côté de la circulation des artistes, la comptabilité carbone des tournées soulève des questions essentielles. « Ça touche au cœur de ce qu’on fait : se déplacer, se mélanger, se nourrir de ce qui se fait ailleurs, expose Pierre Dugelay. Quand je vois des jeunes artistes qui ne veulent plus voyager du tout, ça me pique un peu, je suis convaincu qu’on a besoin de ces rencontres. » Le Périscope tente alors de proposer une voie, à mi-chemin entre le modèle insoutenable de l’industrie musicale, et les initiatives entièrement tournées vers le local qui naissent dans le secteur.

Cette voie, c’est Better Live et ses réseaux de tournée locale dispersés en Europe, proposant de « changer les manières de se déplacer pour pouvoir continuer à le faire », selon la formule de la coordinatrice du projet, Mathilde Sallez. Et tout le défi réside dans l’évolution des habitudes de travail et la création de liens entre structures voisines. « On voit bien comment ça fonctionne : pour organiser une tournée, il faut prendre son téléphone et appeler d’autres salles, explique cette dernière. Sauf qu’aujourd’hui, il est plus simple d’appeler des salles à Amsterdam ou à Bruxelles que dans la ville d’à côté. »

Accueilli dans le cadre de Better Live, le quintet norvégien Marthe Lea Band a éclairé le Périscope de sa musique joyeuse et désinhibée en octobre 2024 ©Paul Bourdrel

Une écologie des petites jauges

Au fil des études et des expérimentations, Le Périscope et ses partenaires portent haut et fort la pertinence des petites salles dans l’invention d’un modèle de diffusion durable, car souvent plus ancrées dans leur territoire et plus sobres en carbone. C’est peut-être là que réside la singularité des engagements du Périscope. En allant plus loin que les enjeux techniques de décarbonation, la salle lyonnaise appelle à une transformation structurelle faite de déconcentration du secteur du live et de soutien à la culture de proximité.

« On parle de transition écologique mais au fond ce que les petites salles portent depuis toujours, c’est un modèle qui dépasse l’organisation de concerts, qui prend le temps d’accompagner les artistes, qui noue des liens avec les habitant·es, développe Benjamin Fraigneau. En bref, quelque chose de plus artisanal. »

À lire aussi : Tomas Legon : « Changer de modèle, cela implique de questionner le sens de nos activités »

« On porte une écologie qui nous ressemble », résume de son côté Mathilde Sallez qui tisse un lien direct entre les expérimentations XXL du Périscope et les ingrédients à l’origine du lieu dix-sept ans plus tôt : le goût des petites jauges, le soin du public, la défense d’esthétiques de niche…

Alors, lorsque certains projets européens patinent ou que les obstacles se multiplient, l’équipe du Périscope peut toujours aller faire un tour au pied de la petite scène, dans la salle principale grouillante d’artistes, de technicien·nes et de passionné·es de musique. « Parce qu’au fond, tout ce qu’on fait ici, ça part de l’amour pour cette salle de 200 places, pour ce lieu de vie qui nous fait vibrer », conclut Mathilde Sallez.

Tags : EuropeMusiqueTransition écologique

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