Plantée au cœur de la « Suisse vendéenne », la Ferme du Bignon se dresse fièrement à Chanverrie, mot-valise hérité du regroupement récent de Chambretaud et de La Verrie. Dans un département historiquement paysan, cette exploitation familiale est un modèle de réussite de l’agriculture biologique et de la vente à la ferme. Plongée au cœur d’une ferme-magasin qui ne cesse d’innover.
C’est par une petite route enjambant la Sèvre Nantaise et ses coteaux verdoyants que nous arrivons à la Ferme du Bignon pour rencontrer Jean-Yves Brosset, responsable de l’exploitation. Il est 9h et Jean-Yves travaille déjà le lait pour en extraire la crème et le beurre qui seront vendus frais au magasin quelques heures plus tard. On s’installe autour de l’âtre de la maison.

Pouvez-vous revenir sur l’histoire de la Ferme de Bignon ?
Jean-Yves Brosset : Mes arrières grands-parents sont arrivés au Bignon en 1919. Cela fait donc quatre générations que nous sommes ici. Et la cinquième arrive avec mon fils. Mes parents se sont lancés dans la bio en mai 68, mais rien à voir avec les émeutes ! À partir de 1988, j’ai continué l’activité bio et vache laitière.
Mes parents avaient également mis en place un système de vente directe. Au début, c’était surtout du lait en porte à porte, de la crème et du beurre à la ferme. Le tout avec cinq ou six clients… Désormais, nous avons entre 500 et 600 clients fidèles.
Aujourd’hui, que proposez-vous en vente directe ?
Les légumes de la ferme et de saison, en vrac ou vendus en paniers, du beurre, du lait et de la crème, de la viande de porc bio, des porcs engraissés au petit lait, au babeurre et avec des légumes en fin de vie… Rien ne se perd ici ! Nous proposons aussi des produits transformés à partir de nos légumes comme des soupes, sauces tomate, etc. Pour compléter cette offre, nous avons toute une activité d’achat-revente de produits issus de producteurs locaux du coin : des pâtes locales, de l’huile de colza, des yaourts, du miel, etc. Et tout est bio !
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Comment voyez-vous évoluer ce système de vente à la ferme ?
« Pourquoi pas, un jour, proposer des pizzas de la ferme ? »
Nous sommes en train d’agrandir le magasin pour élargir l’offre avec plus de produits secs comme du chocolat, une librairie sur l’écologie, des produits homéopathiques, des huiles essentielles. Dans nos projets, nous aimerions aussi accueillir un boucher pour offrir plus de conseils à nos clients. Et pourquoi pas, un jour, proposer des pizzas de la ferme, cuites au feu de bois, ou se lancer dans la production fruitière… L’idée est d’offrir uniquement des produits locaux, sans intermédiaire et avec des marges raisonnables sur l’achat-revente. Demain, mon fils souhaite s’attaquer à la problématique de l’autonomie énergétique et alimentaire de l’exploitation. Au Bignon, tous les bénéfices sont réinvestis dans de nouveaux projets.

En quoi la démarche de vente directe est-elle importante pour vous ?
« Je veux montrer que mes parents avaient raison lorsqu’ils ont commencé à faire du bio en 68. »
Le métier d’agriculteur est le seul métier qui ne fait pas ses factures. C’est une aberration ! La laiterie impose le prix qu’elle veut sur le lait. Pour la viande, c’est la même chose. Ce sont les intermédiaires qui fixent leur prix et non les agriculteurs. C’est la démarche inverse du commerce en quelque sorte. C’est pour cette raison qu’on s’est mis à la vente directe, pour être maîtres de nos prix, supprimer les intermédiaires et être en contact direct avec les consommateurs. Mon combat est de démontrer que mes parents avaient raison lorsqu’ils ont commencé à faire du bio en 68. Et si les mentalités changent beaucoup plus vite depuis dix ans, tout le monde n’a pas fait le pas vers la vente directe à la ferme. Désormais, il faut mieux informer les consommateurs.
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Pour finir, que vous inspire le mot Pioche ?
Piocher, c’est chercher pour trouver ! Il faut piocher dans des choses nouvelles que les gens ne connaissent pas. Pour donner des idées et de la graine aux autres.