Ce lundi, le gouvernement a relancé le débat sur la mise en place d’une consigne pour recyclage en France. Cette mesure permettrait d’augmenter les taux de recyclage des bouteilles en plastique. Toutefois, la mesure ne fait pas l’unanimité et des voix s’élèvent pour proposer des solutions alternatives.
Collecter et recycler 90% des bouteilles en plastique : c’est l’ambition que s’est fixé le gouvernement français à l’horizon 2030. Pour y parvenir, la secrétaire d’État à l’écologie, Bérangère Couillard, propose d’instaurer une consigne pour inciter les citoyens au recyclage. Une grande concertation autour de 70 parties prenantes a débuté ce lundi pour étudier le sujet.
La France fait figure de mauvais élève en Europe sur le recyclage, seulement 30% des emballages plastiques sont bien collectés et recyclés selon les données de Citéo, organisme chargé de la gestion des déchets. Ce taux culmine actuellement à 60% pour les bouteilles en plastique, loin des objectifs fixés par les directives européennes.
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La consigne a déjà été utilisée dans d’autres pays européens pour encourager les citoyens au tri. En Allemagne, le taux de recyclage des bouteilles en plastique a atteint 98% suite à sa mise en place. Les consommateurs dépensent alors quelques centimes supplémentaires au moment de leur achat, qu’ils récupèrent en ramenant les bouteilles vides dans un automate.
Une mesure contestée par les associations et les collectivités territoriales
Toutefois, la mesure ne fait pas l’unanimité. L’idée avait déjà été apportée sur la table des discussions et écartée par les sénateurs à l’occasion des débats autour de la loi anti-gaspillage pour une économie circulaire (AGEC) de 2020.
La principale critique repose sur le fait que la consigne au recyclage ne permet pas de réduire la quantité de déchets produite. En Allemagne, la mise en place de la consigne a entraîné une hausse de la production de plastique jetable. Les bouteilles à usage unique sont passées de 40% à 71% du marché des boissons, au détriment des bouteilles en plastique réutilisable (source : ADEME). Avec le système de consigne et la hausse des taux de recyclage, l’usage de plastique à usage unique est devenu plus avantageux pour les entreprises.
Les collectivités territoriales, en charge de la collecte des déchets, se sont aussi élevées contre cette mesure, soulignant le coût d’un tel système. « L’enjeu, c’est l’explosion des coûts de la gestion des déchets. Les élus vont devoir annoncer aux populations des augmentations très importantes de 10 ou 20% cette année » a expliqué Nicolas Garnier, délégué du réseau de collectivités territoriales Amorce, au micro de France Info. Ce dernier a aussi soulevé le risque d’avoir « deux dispositifs concurrents » qui entraînerait une démobilisation autour du tri dans le bac jaune.
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Une solution alternative est portée dans le débat public par l’association Zero Waste France et l’éco-organisme Léko : la consigne pour réemploi. Le principe de consigne est le même, mais les déchets collectés ne sont pas détruits pour créer de nouveaux emballages. Ils sont lavés et reconditionnés pour être réemployés sous la même forme.
Ce système était appliqué en France jusque dans les années 1970. Selon Zero Waste France, il permet de réaliser des économies d’énergies, et de réduire la quantité de déchets et de plastique produits. Si l’on pense d’abord aux bouteilles en verre, la consigne pour réemploi peut s’appliquer à tous types d’emballages alimentaires. Un sondage réalisé en 2019 révélait que 9 français sur 10 était favorable à la mise en place d’un tel dispositif (source : IFOP pour WWF).
En attendant, Bérangère Couillard s’est donné jusqu’à juin pour trancher sur la question. Ces débats s’inscrivent dans le calendrier défini en 2020 par la loi AGEC, qui aboutit à l’interdiction du plastique à usage unique d’ici 2040. D’ici-là, « toutes les solutions sont sur la table » a affirmé la secrétaire d’État à l’écologie sur son compte Twitter.