Un rapport des Nations Unies pointe l’omniprésence des inégalités de genre dans les systèmes alimentaires du monde entier. Malgré leur rôle indispensable, les femmes restent précarisées et marginalisées par le travail agricole. Pourtant, la résorption de ces inégalités permettrait d’améliorer la résilience alimentaire et de réduire la faim dans le monde.
Pour la première fois depuis 2010, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) dédie entièrement un rapport à « La situation des femmes dans les systèmes agroalimentaires ». Le constat dressé est sans appel : malgré l’omniprésence des femmes dans les systèmes alimentaires du monde entier, de la production à la consommation, les inégalités de genre restent la norme, cantonnant les femmes à un statut marginal et des conditions de travail précaires.
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En effet, à travail égal, les travailleuses agricoles gagnent en moyenne 18% de moins que leurs collègues masculins, et sont les premières exposées aux pertes d’emplois en temps de crise (sécheresse, pandémie…). Les exploitantes agricoles ont aussi plus de difficultés à accéder au foncier, au crédit, à la technologie et à la formation. « La part des hommes qui détiennent des droits de propriété ou des droits garantis sur des terres agricoles est deux fois plus élevée que celle des femmes » pointent les auteur·ices du rapport. La combinaison de ces discriminations mine la productivité des travailleuses agricoles, en moyenne 24% inférieure à celle des hommes.
« Si nous nous attaquons à ces inégalités qui sont endémiques dans les systèmes agroalimentaires et donnons aux femmes les moyens de s’autonomiser, nous ferons un grand pas vers les objectifs d’élimination de la pauvreté et l’avènement d’un monde libéré de la faim » souligne le Directeur général de la FAO, M. Qu Dongyu. Selon les auteur·ices du rapport, une résorption des inégalités de genre réduirait de 45 millions le nombre de personnes exposées à l’insécurité alimentaire et permettrait d’augmenter d’1% le PIB mondial.
Toutefois, du chemin reste encore à parcourir lorsque seulement un pays sur cinq affiche l’égalité des genres comme un objectif de politiques publiques explicite. « Les femmes ont toujours travaillé dans les systèmes agroalimentaires, il est temps que les systèmes agroalimentaires se mettent à travailler pour les femmes » conclut M. Qu Dongyu.