Depuis 2012, Pete The Monkey emmène ses festivalier·es trois jours dans un univers à part. Il y a ce qu’il se passe sur scène (cette année : Bonnie Banane, Yoa, Altin Gün…), et le reste : des déambulations, une scéno magique, des ateliers et une programmation de conférences engagées. Ou comment mettre la fête au diapason des enjeux écologiques et sociaux. Rendez-vous du 11 au 13 juillet dans le petit village de Saint-Aubin-sur-Mer (76).
L’histoire de la naissance du festival Pete The Monkey vaut le détour. En 2010, Louis Dumas travaille en Bolivie au sein de l’ONG Comunidad Inti Wara Yassi (CIWY) qui lutte contre la déforestation et la réhabilitation des animaux sauvages. Alors qu’il est de corvée de vaisselle, il surprend un singe capucin en train de l’imiter et immortalise le moment avec sa caméra. Louis poste la vidéo sur Youtube et voit, à sa grande surprise, le compteur de vues s’emballer.
Des millions de vues et des relais sur les chaînes de télévision du monde entier plus tard, Louis et ses ami·es décident de reverser l’argent des droits de diffusion à l’association bolivienne, et de monter un festival en l’honneur du héros de la vidéo : Pete the Monkey.
Aujourd’hui riche de 12 éditions, le festival, installé en Normandie dans le petit village de Saint-Aubin-sur-Mer (76), continue de sensibiliser à la cause environnementale et de soutenir CIWY. Du 11 au 13 juillet 2024, il revient avec une programmation exigeante et pleine de surprises : Bonnie Banane, Voyou, Yoa, Altin Gün, Baby’s Berserk, Choses sauvages, Johnny Jane…
« On veut émerveiller les petits comme les grands »
Au bord de la Manche, au milieu d’une scénographie soignée, Pete The Monkey se distingue par un pouvoir magique : créer une bulle hors du temps. En témoignent les 5 000 billets/jour sold out plusieurs semaines avant l’événement. Et à travers sa démarche poussée d’éco-responsabilité et une belle programmation de conférences engagées, l’événement reste grand ouvert sur les enjeux de société. On en discute avec Pauline Couten, cofondatrice du festival.
Comment s’annonce cette édition 2024 ?
Pauline Couten : Comme chaque année, on a fonctionné au coup de cœur pour la programmation musicale. On a une scène qui s’appelle Bonoboum avec une programmation léchée. Il y aura notamment le retour de nos ami·es de Camion Bazar le samedi, et une soirée reggaeton et Shatta le jeudi. Et sur notre scène Cabaret, on travaille depuis plusieurs années avec Aymeric Bergada Du Cadet en directeur artistique, ça donne des shows spectaculaires avec des performeur·euses, des acrobates…
Mais il y a aussi toute une partie de la programmation qui n’est pas musicale. C’est l’esprit de Pete The Monkey : des ateliers créatifs, des circassien·nes, des danseur·euses, plein de surprises aux quatre coins du site, des personnages loufoques qui partent en déambulation à la rencontre du public… La scénographie joue beaucoup. On est dans un lieu magnifique, dans le parc du château, pas loin de la mer, et on fait appel à des collectifs d’artistes pour créer un univers à part entière, avec des matériaux réutilisés, naturels et recyclés. C’est un peu DIY.
On veut émerveiller les petits comme les grands. Il y a vraiment depuis le début cette envie de créer un moment intergénérationnel, d’accueillir tous types de publics. C’est chouette de proposer de la techno, mais pas sûr que ça plaise à tout le monde. On a beaucoup de familles qui viennent chaque année, on veut leur proposer des choses qu’ils/elles pourraient aimer. On a même une garderie sur place.
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Dès sa première édition, Pete The Monkey s’est organisé autour de la volonté de mettre la fête au service de la cause environnementale. Comment se traduit encore aujourd’hui cette volonté d’amener des sujets de société et d’engager les publics ?
Pauline Couten : On propose depuis plusieurs années des Monkey Notes : des conférences et des récits autour de personnes qui nous inspirent. Cette année, en association avec Hum Média, on reçoit entre autres l’aventurier Arthur Vaillant qui a fait la Route du Rhum en 2022, la plus jeune sénatrice de France Mathilde Ollivier, Camille Chaudron du compte Instagram Girl Go Green, Amélie Deloche de Paye ton Influence, et l’influenceur Lucas Steib du compte Lucasyaquoi. On écoutera également Mathilde Caillard (alias MC danse pour le climat), et elle aura même un char pour la grande parade du samedi.
« Cette année, il y aura une scène de stand-up pour la première fois »
Depuis le début, on ne veut pas adopter un ton moralisateur. On veut plutôt créer des espaces de discussion joyeux et tournés vers l’engagement. Et pour ça, on fait tomber la séparation entre le public et les invité·es, tout le monde est au même niveau, on a plutôt l’impression d’assister à un grand groupe d’ami·es qui échange. Les festivalier·es apprécient de se poser, d’écouter, de prendre ces temps avant des soirées mouvementées, et surtout de repartir des trois jours de fête avec quelques questionnements constructifs en tête.
Cette année, il y aura également une scène de stand-up pour la première fois. On reçoit le Greenwashing Comedy Club et l’humoriste Mahaut Drama qui fait des chroniques sur France Inter. C’est du stand up engagé et bienveillant. Je trouve que l’humour est une belle manière d’aborder des sujets de société de manière ludique.
Il y a aussi les enjeux d’éco-responsabilité, avec la réalisation de votre premier bilan carbone l’année dernière…
Pauline Couten : Exactement, Pete The Monkey a été accompagné de 2018 à 2022 par l’ONG A Greener Future qui audite le festival et nous guide dans notre démarche d’éco-responsabilité. Avec eux, on a pu avancer et ça s’est traduit par une évolution de notre certification A greener Festival de deux étoiles à quatre étoiles sur quatre. C’est un peu scolaire mais ça permet de constater les progrès.
Dans cette lancée, on a réalisé notre bilan carbone en 2023. Ça a demandé beaucoup de travail et d’investissement pour rassembler les données de tous les pans du festival, mais on a senti que l’équipe était consciente de l’urgence et a mis la main à la pâte.
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Une édition de Pete The Monkey, c’est donc 275 tonnes de CO2, soit l’empreinte carbone annuelle de 31 Français·es. Sans surprise, notre première dépense énergétique, c’est le déplacement des personnes (festivalier·es et artistes), devant l’alimentation et les boissons, puis les produits et services achetés pour préparer l’événement.
Qu’est-ce qui est mis en place pour réduire ce bilan carbone ?
Pauline Couten : On s’est particulièrement concentré·es sur les transports pour réduire l’usage de la voiture individuelle. Sur notre site, les festivalier·es peuvent comparer l’empreinte carbone des différents choix de mobilités. On a multiplié le nombre de bus et de navettes depuis Paris et la gare de Dieppe, et le covoiturage est encouragé à travers la plateforme Mobicoop.
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Mais surtout, on continue d’organiser notre rallye vélo pour inciter les publics à pédaler. En partenariat avec une association locale – l’association de la roue cauchoise et européenne –, un rendez-vous est fixé à la gare d’Yvetot, à 30km du festival, accessible depuis Paris ou Rouen. Et là, c’est parti pour une session ride au milieu des champs.
« On n’a pas forcément envie de faire plus grand, mais plutôt de faire mieux »
Chaque année, de nouvelles expérimentations font leur apparition. En 2024, c’est la vaisselle consignée pour tout le monde. C’est une grosse logistique, mais c’est très enthousiasmant. Pour réduire les émissions liées à l’alimentation, principalement causées par la viande, on propose 75% de food truck entièrement végétariens. Les autres proposent au moins une offre sans viande. Et le catering est végan pour les artistes et les équipes.
Pour cette douzième édition, les jauges n’ont pas été augmentées. L’enjeu c’est surtout de trouver un équilibre financier à cette échelle. Parce qu’on n’a pas forcément envie de faire plus grand, mais plutôt de faire mieux. C’est un vrai challenge qui nous fait envie.
Festival Pete the Monkey les 11, 12 et 13 juillet 2024 à Saint-Aubin-sur-Mer (Normandie). Plus d’informations sur le site du festival.