L’association QuotaClimat et l’Institut Rousseau ont rédigé une proposition de loi visant à améliorer le traitement médiatique de l’urgence écologique. Chasse aux fake news et aux climatosceptiques, création d’un observatoire spécialisé, régulation de la publicité pour les produits polluants… Les mesures proposées ont interpellé des députés qui ont constitué un groupe de travail sur le sujet. Première mondiale, un texte de loi devrait être soumis à l’Assemblée avant la fin de l’année 2023.
À l’occasion de la campagne présidentielle de 2022, l’association QuotaClimat est née autour d’une proposition simple : accorder au moins 20% de l’espace médiatique aux enjeux écologiques. Sa campagne #DernierDébat, appelant Léa Salamé et Gilles Bouleau à « poser des questions adaptées à l’urgence » pendant le débat d’entre-deux-tours avait alors été massivement reprise sur les réseaux sociaux.
Parce qu’à l’heure où 37% des Français·es n’adhèrent pas aux conclusions du rapport du GIEC, QuotaClimat insiste sur le rôle d’éducation et la responsabilité des médias. L’association appelle les rédactions à « informer davantage et mieux » sur les enjeux écologiques, tout en promouvant « des modes de vie et des imaginaires compatibles avec les limites planétaires ».
En ce sens, l’association applaudit les initiatives qui gagnent progressivement le secteur, de la Charte pour un journalisme à la hauteur de l’urgence écologique lancée par le média Vert aux plans de formation des journalistes déployés au sein des rédactions d’Ouest-France, La Croix ou Radio France. Mais elle estime que la transformation des médias « ne peut reposer que sur le seul volontariat ».
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Elle s’est donc associée avec l’institut Rousseau pour rédiger une proposition de loi sur le traitement médiatique des enjeux écologiques. Sur la base de cette proposition, 18 députés se sont engagés à constituer un groupe de travail sur le sujet, pour aboutir sur un texte de loi d’ici la fin d’année 2023. « Une première en France et à l’international » se félicite QuotaClimat, qui salue le travail de lobbying citoyen mené avec une coalition d’associations, dont Notre Affaire à Tous, Pour un réveil écologique, On est Prêt et le Mouvement Impact France.
Garantir le droit à l’information environnementale
Grande nouveauté, la proposition de loi vise à faire entrer le concept de « limites planétaires » dans la loi française, et à définir sa prise en compte par les médias comme une priorité nationale. Pour cela, elle prévoit de renforcer les pouvoirs de l’ARCOM, le gendarme des médias, pour lui permettre de garantir le « droit à l’information environnementale », un droit inscrit dans la Charte de l’environnement qui a valeur constitutionnelle.
Concrètement, cela passerait par la création d’un observatoire dédié, par une accélération de la chasse aux fake news climatiques, ou par l’établissement de quotas dédiés à l’écologie pendant les campagnes électorales – la revendication initiale de QuotaClimat. L’information aux enjeux écologiques deviendrait une mission de service public pour France Télévision, Arte ou Radio France, et une exigence déontologique pour les médias privés.
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L’ARCOM serait alors chargée de réguler les pratiques minimisant l’urgence climatique : prise de paroles climatosceptiques sans contradictions, photos de piscines pour illustrer les canicules, mélange entre faits et opinions…
Le texte s’attaque également à la publicité, pilier du modèle économique des médias. Il propose de rendre obligatoire les « contrats climat », un dispositif volontaire lancé en 2021 destiné à réguler et limiter les publicités pour les produits polluants.
Présidé par le socialiste Stéphane Delautrette, député de la Haute-Vienne, le groupe de travail constitué sur la base de la proposition de loi regroupe près de 8 sensibilités politiques différentes, du parti Horizons à la NUPES, en passant par la majorité présidentielle. QuotaClimat revendique un transpartisanisme destiné à « faire entrer l’urgence écologique dans l’agenda médiatique ».