Ils fleurissent dans les publicités et sont très prisés des entreprises. Les dispositifs de compensation carbone sont l’objet d’une enquête publiée par les médias The Guardian et Die Zeit. Ils seraient inefficaces et contre-productifs dans la lutte contre le changement climatique.
Ces dernières années, les mentions liées aux dispositifs de compensation carbone ont tendance à inonder la communication des entreprises. Le plus souvent, on les retrouve accolées à des activités polluantes. Ces dispositifs sont censés être la garantie qu’en dépit de fortes émissions de gaz à effet de serre, une firme finance et soutient des projets respectueux de l’environnement, comme la plantation d’arbres ou la captation de CO2. De tels investissements permettent aux entreprises d’atteindre la neutralité carbone, sur laquelle elles peuvent ensuite communiquer.
Ces « crédits carbone » sont dans le viseur d’associations de protection de l’environnement depuis de nombreuses années, et une enquête co-publiée la semaine dernière par The Guardian et Die Zeit remet une pièce dans la machine. Dans un long article, les journalistes expliquent notamment que « les compensations de carbone forestier approuvées par le premier fournisseur mondial et utilisées par Disney, Shell, Gucci et d’autres grandes entreprises sont en grande partie sans valeur et pourraient aggraver le réchauffement climatique. »
Fausses estimations
Les auteur·ices de l’enquête commencent par expliquer le fonctionnement assez nébuleux de ces crédits carbone. Des organismes émettent des titres, certifiant qu’une parcelle de forêt menacée n’a pas été rasée. En fonction de la superficie, une empreinte carbone est calculée, qui est vendue à une entreprise souhaitant compenser ses émissions. Selon les journalistes, ces estimations sont surévaluées de 400%. Les entreprises mettant la main au portefeuille peuvent ainsi, soit polluer quatre fois plus, soit dépenser quatre fois moins d’argent dans leur programme de compensation.
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En allant plus loin, les journalistes ont également pu prouver que les dispositifs de protections eux-mêmes n’ont pas vraiment eu d’effets sur la déforestation. 94% des crédits vendus n’auraient pas eu l’effet escompté, et ne seraient que des opérations de greenwashing. Ils aggraveraient même le réchauffement climatique, en ne poussant pas les entreprises à faire évoluer leurs comportements. Il y a encore du chemin à faire.