Depuis mai 2020, Camille et Capucine rénovent un immense domaine situé à Uza, dans les Landes. En assurant les travaux eux-mêmes, ils apprennent sans cesse tout en cultivant une certaine indépendance. C’est d’ailleurs ce qui les pousse à expérimenter l’autosuffisance grâce aux ressources qui les entourent.
« Faire les choses par moi-même me rend heureux. » Camille entretient une soif d’apprendre permanente. « Ce n’est pas tant pour suivre ou défendre une conviction particulière, j’apprécie l’idée d’être indépendant », ajoute le Breton de 27 ans. En mai 2020, avec son amie Capucine, il se lance dans l’auto-rénovation d’un ancien domaine de résiniers à Uza, dans les Landes. L’airial de 6 000 m² comprend une grange, une maison, un atelier, un four à pain, un jardin, un poulailler etc. Le chantier est dantesque mais n’effraie pas ce couple de surfeurs bien décidé à expérimenter l’autosuffisance dès cet été. « Initialement, nous cherchions juste une grange mais nous avons eu un coup de cœur pour ce terrain. Le matin, nous le visitions et l’après-midi, nous faisions déjà une offre », se souvient Capucine.
« Je n’avais jamais tenu une perceuse de ma vie! »
Objectif reconversion
Tout commence quelques années plus tôt, lorsque les parents de Camille achètent une maison à Pontenx-les-Forges, au nord-est de Mimizan. « J’ai aidé le charpentier à rénover la grange. Cette activité tant physique que cérébrale m’a bien plu », note l’étudiant en physique. Rapidement rejoint par Capucine, Camille finit la grange uniquement en bois. Ce premier projet fait germer des idées dans les têtes. En 2019, alors que Capucine finit son école de commerce à Grenoble, Camille, lui, démarre son Master 1 de Physique à Bordeaux. « Je voulais lui trouver une formation dans le bois car je voyais que ça lui plaisait davantage, explique la jeune femme de 25 ans. Finalement, il est resté à la Fac et j’ai suivi un CAP en menuiserie alors que je n’avais jamais tenu de perceuse de ma vie ! » Après cette dernière année dans la belle endormie, le jeune couple ne perd pas de temps et pose ses valises à Uza le 24 avril 2020.
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Le chantier peut démarrer. « Le premier objectif, c’est de rénover la maison pour la louer l’été, explique Capucine. Nous assurons tout nous-mêmes. » Maçonnerie, électricité, charpente, plomberie, avant de se lancer dans un domaine inconnu, Camille et Capucine se renseignent en amont grâce aux livres, articles et vidéos sur le sujet. À cela s’ajoute le savoir acquis lors de leurs précédentes expériences. « Je prends du plaisir à apprendre tout le temps. Je fais les choses par moi-même assez naturellement, remarque Camille. En me passionnant un peu pour tout, je me suis rendu compte à quel point tous les corps de métier sont liés. »
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S’ils ne font appel à aucune entreprise extérieure, c’est aussi parce que nos deux amis partagent une vision de leur maison bien précise. « Quand tu engages des gens, ça ne sera jamais parfaitement à ton goût, estime le jeune propriétaire. Là, au moins, quand je m’arrête de travailler, je regarde la maison que nous sommes en train de construire et je suis satisfait ! »
Indépendance & autosuffisance
« Creuser plus loin, c’est devenu un réflexe! »
Cette volonté d’indépendance se retrouve également dans leur consommation. « En août, nous souhaitons vivre en autosuffisance, sans aucune ressource extérieure », avance Camille. Bénéficiant d’un immense jardin, de ruches offertes par les parents apiculteurs, d’un poulailler, d’un four à pain et même de canards coureurs indiens pour réguler les limaces, le couple ne devrait pas rencontrer trop de difficultés. « Ça sera vraiment un premier mois d’essai mais j’aimerais l’expérimenter plus longuement sur quatre voire cinq mois », ajoute Camille.
Dans leur jardin, les deux néo-landais peuvent compter sur 90 pieds de tomates, des arbres fruitiers, des aubergines, des courgettes, des melons, des poivrons, des piments, des radis, de la salade, etc. « Nous avons choisi des variétés anciennes qui ne se vendent pas en grande surface. Nous aimons l’idée d’aller voir ailleurs, de creuser plus loin. C’est même devenu un réflexe, d’approfondir chaque sujet et de voir ce qui se cache derrière », remarque Capucine. Un constat partagé par son conjoint, qui, depuis son plus jeune âge, a toujours été fasciné par les documentaires sur la Préhistoire. « J’adorais regarder les dessins animés des hommes de cro-magnons et voir ce qu’ils réalisaient par eux-mêmes, confie Camille. Aujourd’hui, la tendance est plutôt tournée vers la consommation alors qu’il est possible de faire vivre ce qui existe déjà. »
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Un état d’esprit qu’ils suivent aussi dans la façon de mener les travaux. Notamment lorsqu’ils commencent à creuser au milieu de leur terrain pour dessiner leur jardin, le couple tombe sur 130 m² de tomettes en terre cuite. « Il s’agissait de l’emplacement de l’ancienne maison de maître de l’airial », décrit Capucine. Après les avoir toutes déterrées, le duo ingénieux les a ré-utilisées pour la terrasse de leur maison. De même pour les anciennes fenêtres de la maison qui servent désormais de serre pour le jardin.
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Au fil de leurs avancées, Camille et Capucine se rendent compte des ressources qui les entourent. « La semaine dernière, j’ai réalisé qu’il était possible de manger les jeunes pousses de fougères et le plantain également, s’étonne Capucine. Quand tu t’intéresses un peu plus à ce qu’il y a autour de toi, tu te rends compte que la richesse est présente partout ! »
Depuis décembre, vous pouvez suivre de près l’avancée des travaux via leur page Instagram.