Marquée par des vagues de chaleur record à l’été 2023, la Corse s’interroge sur son modèle de tourisme, secteur essentiel qui représente aujourd’hui 30 % de son PIB. Comment repenser l’accueil des visiteur·euses de façon durable et envisager l’avenir du tourisme insulaire ? En transformant les imaginaires du tourisme, répondent en cœur l’Ademe et les professionnel·les du secteur, qui ont déjà fait un bout du chemin.
Article réalisé dans le cadre de la Journée professionnelle des ambassadeurs du tourisme durable, organisée le 20 octobre prochain à Calvi au festival Green Orizonte.
Les acteur·ices du tourisme en Corse en sont persuadé·es : l’évolution du secteur ne passe pas uniquement par des rénovations thermiques ou des menus locavores. Dans une région connue pour ses criques paradisiaques, ses montagnes vertigineuses, ses villages perchés uniques au monde, dont un tiers de la production de richesse se base sur le tourisme, repenser l’impact des visiteur·euses sur le territoire est une nécessité.
Ce 20 octobre, le festival Green Orizonte invite ainsi des cheff·es d’entreprise, mais aussi des penseur·euses visionnaires pour se pencher sur la question, dans le cadre de la Journée professionnelle des ambassadeurs du tourisme durable. Parmi elles et eux, on compte Emmanuel Delannoy, auteur et conférencier qui appelle à s’inspirer du vivant pour métamorphoser nos modes de production, et les rendre ainsi compatibles avec les rythmes de vie des écosystèmes.
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L’idée du festival, c’est d’inspirer. On croit beaucoup au pouvoir de l’imaginaire pour faire éprouver un monde meilleur
« L’idée du festival, c’est d’inspirer. On croit beaucoup au pouvoir de l’imaginaire pour faire éprouver un monde meilleur », explique Emeline Bartoli, qui s’est occupée de la programmation de la journée professionnelle via l’association corse Emaho. Pour Luis Barraud, co-programmateur de cette journée, « l’ambition, c’est de pousser les réflexions sur comment on prend en compte le vivant dans les nouvelles formes de tourisme ».
Au centre des questionnements actuels sur le tourisme en Corse, on retrouve aussi l’idée d’économie régénérative, « qui s’interroge sur la façon dont on passe d’activités prédatrices pour les ressources naturelles, qui contribuent à la dégradation des environnements, à des logiques de réparation », explique Luis Barraud.
Le rôle des visiteur·euses
Depuis quelques années déjà, la Corse est aux premières loges du dérèglement climatique : en juillet 2023, l’île a connu la deuxième vague de chaleur la plus longue depuis 1947. À la fin de la saison estivale de 2022, la région a été frappée par une tempête d’une violence et d’une intensité inédites. « Aucune activité économique n’a autant intérêt à protéger l’environnement que le tourisme, parce que l’environnement, c’est notre ressource première », insiste Jean-Louis Moretti, responsable du pôle ingénierie-développement au sein de l’Agence du Tourisme de la Corse (ATC).
Aucune activité économique n’a autant intérêt à protéger l’environnement que le tourisme
Pour avancer sur ces sujets, l’ATC aide les établissements touristiques à obtenir l’Écolabel européen, un label visant à promouvoir des produits et services ayant une incidence moindre sur l’environnement, notamment en termes de consommation d’énergie et de gestion des déchets. Autre pôle d’action primordial pour le tourisme corse : soutenir les investissements des organismes publics pour mieux gérer les flux de visiteur·euses dans les grands sites naturels.
« En partenariat avec le parc naturel régional, nous travaillons également à la promotion de divers itinéraires de randonnée, pour relâcher la pression sur le G20 et mieux répartir la population sur le territoire », explique Jean-Louis Moretti. Qui souligne un autre enjeu de taille pour l’île de Beauté : promouvoir le « tourisme quatre saisons » pour tempérer l’afflux l’été, période où se pressent 80 % des visiteur·euses annuel·les.
Tourisme local et solutions en circuit-court
De son côté, l’Agence de la transition écologique (Ademe) œuvre à privilégier le tourisme durable en Corse, avec le financement d’audits énergétiques, le soutien à l’économie circulaire, l’aide à l’investissement pour la lutte contre le gaspillage alimentaire, l’isolation thermique ou la valorisation des déchets, mais aussi la communication durable ou encore la formation aux éco gestes.
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« Nous comptons aussi sur les visiteur·euses pour adopter les bons gestes de protection de l’environnement, sans les culpabiliser. Il faut leur dire que cette nature magnifique existe parce qu’on l’a préservée, et qu’il faut continuer à le faire », explique Léa Maspeyrat, responsable du tourisme durable au sein de l’Ademe Corse. Le public corse a lui aussi un rôle à jouer, en participant aux activités touristiques locales.
Sur l’île, de plus en plus de services touristiques s’adressent aux Corses. C’est l’objectif de l’entreprise Kiffemu, qui recense depuis 2016 les expériences insolites à découvrir toute l’année sur le territoire corse, et s’adresse d’abord aux habitant·es de l’île. La créatrice de ce service, Elodie Sechi, sera présente, comme de nombreux·ses autres acteur·ies du secteur, à la journée des ambassadeurs du tourisme durable, le 20 octobre prochain à Calvi.
La journée professionnelle des ambassadeurs du tourisme durable aura lieu le vendredi 20 octobre de 8h30 à 17h au Magic Mirror, à Calvi. La programmation est à retrouver ici.