Ce week-end, des opérations citoyennes de comptage d’oiseaux se tenaient en France et au Royaume-Uni. Les données recueillies par les volontaires permettent d’informer les scientifiques sur l’évolution des populations d’oiseaux. C’est aussi l’occasion parfaite pour rendre les citoyen·nes acteur·ices des sciences naturelles et les sensibiliser à l’érosion de la biodiversité.
« Découvrez le côté sauvage de votre jardin. » Ce week-end, les Britanniques étaient invité·es à lever les yeux à l’occasion du Big Garden Birdwatch, la plus grande mobilisation citoyenne de recensement d’oiseaux du monde. Pour participer, les volontaires doivent s’installer dans leur jardin, à leur fenêtre ou dans un parc public avec une paire de jumelles, et compter les oiseaux observés pendant une heure ou une demi-journée.
La Royal Society for the Protection of Birds (RSPB) a lancé l’opération pour la première fois en 1979, comme une activité destinée aux enfants. Depuis, l’opération est devenue un rendez-vous annuel important dans le pays : en 2020, au cœur du confinement, plus d’un million de Britanniques s’étaient prêté·es au jeu.
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Pendant l’opération, une grande communauté se met en place sur les réseaux sociaux. Un live est animé par les membres de la RSPB pour mobiliser les volontaires. Des spécialistes expliquent comment identifier un étourneau, une fauvette à tête noire ou une mésange bleue. Sur Twitter, les participant·es se partagent leurs conseils et des photos d’observation autour du #BigGardenBirdwatch.
En France, le comptage national des oiseaux de jardins
« Il s’agit d’inventorier la nature pour mieux la connaître et la préserver. »
La Ligue de protection des oiseaux (LPO) française organisait une opération similaire ce week-end. Lancé en 2012, le comptage national des oiseaux de jardins n’atteint pas les niveaux de mobilisation observés outre-manche. Toutefois, un engouement se développe et le nombre de participants a été multiplié par 10 depuis la première édition, atteignant 24 000 contributeur·ices en 2022. La prochaine opération de comptage se tiendra le dernier week-end du mois de mai.
Bruno David, président du Muséum national d’Histoire naturelle se félicite de cet engouement : « À travers les programmes de sciences participatives, il s’agit d’inventorier la nature pour mieux la connaître et la préserver. Le succès de cet observatoire apparaît comme un signal fort qui témoigne de l’engagement croissant de la société civile auprès de la communauté scientifique. »
Au-delà de cette opération, des citoyen·nes se mobilisent toute l’année pour observer et recenser la biodiversité qui les entoure. Le programme Vigie-Nature et le portail OPEN rassemblent des centaines de campagnes d’inventaire de la faune et la flore partout en France. Au total, elles réunissent plus de 60 000 volontaires qui suivent des protocoles d’observation simples, et alimentent les bases de données scientifiques sur la biodiversité.
Des données indispensables pour préserver la biodiversité
Toutes ces données collectées par les citoyens sont précieuses pour la communauté scientifique. Au Royaume-Uni, le Big Garden Birdwatch permet à la RSPB de dresser chaque année un état des lieux des populations d’oiseaux présentes sur le territoire. Elle a ainsi pu constater la disparition de 38 millions d’oiseaux dans les 50 dernières années, et identifier 70 espèces sur la « liste rouge » des espèces menacées.
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En France, plus de 40% des oiseaux de jardin observés lors des opérations de comptage ont vu leurs effectifs diminuer. La LPO cite l’exemple du martinet noir qui a vu sa population se réduire de moitié dans les dix dernières années à cause de la disparition des insectes volants et de la multiplications des épisodes caniculaires.
Ces opérations sont l’occasion de sensibiliser le grand public et les dirigeants sur l’érosion de la biodiversité. Et pour beaucoup de citoyen·nes, c’est aussi une opportunité parfaite pour prendre le temps d’être attentif·ve à la nature présente dans leur environnement proche. « C‘est un moment suspendu, de bonheur, dans ce monde qui va trop vite » partage Matthieu Orphelin, directeur de la LPO.