Végétaliser une cour d’école, voir pousser une micro-forêt ou faire de la place aux hérissons et mésanges… La LPO co-construit avec les habitant·es de neuf quartiers prioritaires de la politique de la ville des projets environnementaux et favorisant le lien social.
Article en partenariat avec la plateforme solidaire Diffuz.
Le constat de la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), emblématique association de protection de la nature en France, est clair : dans les quartiers populaires, on ne parle jamais de biodiversité. « Quand il y a des actions menées ici par des associations, c’est sur le sport ou la culture mais pas autour de la nature. C’est un public qu’on considère éloigné de ces questions car il aurait d’autres préoccupations », explique Nadège Lecouturier. « Pourtant, ce sont des lieux souvent minéralisés, où la nature est une source de bien-être pour un public qui en a besoin ».
Nadège Lecouturier a été recrutée tout récemment par la LPO pour piloter le programme « Plus de nature dans ton quartier » : dans neuf quartiers prioritaires de la politique de la ville, l’association vient au contact des habitant·es pour leur proposer de co-construire des projets en faveur de la biodiversité. Le public scolaire, de la maternelle au lycée, est aussi mobilisé.
Appel à bénévoles via la plateforme Diffuz
À Limoges, les élèves d’une école du quartier Bellevue ont ainsi été encadré·es par un bénévole de l’association pour écrire au maire. Leur objectif : demander la végétalisation de leur cour. « Le maire a accepté, alors qu’au départ il ne paraissait pas particulièrement sensible à cette question », souligne Nadège Lecouturier. Les vagues de chaleur de cet été ont sans doute contribué à convaincre l’édile d’écouter ses jeunes administré·es. La cour a été débitumée cet été, et les élèves participent désormais à la conception de leur nouvelle cour, entre espaces naturels, lieux de culture pour des petits fruitiers ou des légumes et enfin les coins pour jouer.
« Ces personnes « invisibles », c’est par du porte à porte qu’on peut les toucher. »
Pour continuer à avancer, la LPO a besoin de bénévoles. C’est pourquoi elle s’est tournée vers Diffuz, la plateforme solidaire de la Macif, qui propose des initiatives citoyennes en France entière et permet aux associations de lancer des défis aux personnes inscrites. « Nous voulions démultiplier les moyens de communication sur ce programme. Diffuz touche une population plus jeune que les canaux traditionnels. Ce sont des personnes qui, peut-être, voudront ensuite s’intégrer dans l’association », apprécie Clothilde Kussener, chargée de la mobilisation citoyenne à la LPO. « Via Diffuz nous pouvons aussi faire connaître le projet à des acteurs locaux de ces quartiers, et parler de la biodiversité à travers différents prismes et selon le regard des habitant·es », complète Nadège Lecouturier.
Des projets créateurs de lien social
Les actions sont menées dans les villes de Douai, Joigny, Talant, Tours, Toulon, Vitrolles, Limoges, Poitiers et Rennes. « Ce sont des quartiers variés, c’est intéressant de voir selon la typologie des habitats ce qui va être fait. Il n’y aura pas de solution globale mais des projets adaptés aux envies des gens », ajoute la membre de la LPO. Dans le quartier de La Beaucaire, à Toulon, c’est une micro-forêt qui devrait bientôt voir le jour, tandis que des haies champêtres vont être plantées à La Madeleine (Joigny) et aux Couronneries de Poitiers. Des jardins partagés pourraient y être développés, bien que la LPO tienne plutôt à mettre en avant des projets où la nature apporte indirectement aux humains qui l’entourent.
« Favoriser les papillons ou les pollinisateurs, faire une place aux hérissons dans un tas de bois, cela a un intérêt. C’est bien utiliser les services de la nature », souligne Nadège Lecouturier. Le tout dans une envie de partir du terrain et de créer du lien entre les habitant·es. « On est dans l’expérimentation, on veut rencontrer encore davantage les gens du quartier. Certain·es sont assez isolé·es et n’ont pas recours aux aides auxquels ils et elles ont droit. Ces personnes “invisibles”, c’est par du porte à porte qu’on peut les toucher. » L’action de l’association va continuer de se déployer cet automne et tout au long de l’année 2023, avec pour objectif de s’étendre à un niveau national dès 2024.
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