La transition écologique du cinéma s’accélère. Depuis le 1er janvier 2024, les aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) sont conditionnées par la réalisation d’un double bilan carbone. La mesure reste avant tout pédagogique car l’empreinte des œuvres n’influence pas l’attribution des subventions.
Annoncée en octobre 2022, l’éco-conditionnalité des aides du Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC) est désormais effective. Les films et séries qui prétendent à des aides de l’institution publique devront réaliser deux bilans carbone. Un premier bilan prévisionnel, en amont, et un bilan définitif, en aval. Cela concerne environ 300 œuvres financées chaque année par le CNC, soit 4 600 heures de programmes.
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Cette mesure s’inscrit dans le cadre du plan « Action ! » du CNC destiné à accélérer la transition écologique du cinéma. Au total, en France, les industries audiovisuelles émettent 1,7 million de tonnes de CO2 chaque année – soit l’empreinte annuelle de 190 000 Français·es réuni·es. Un quart de ce bilan est directement lié à la production d’œuvres.
Une mesure pédagogique
Pour accompagner les producteur·ices, le CNC a homologué deux outils de calculs du bilan carbone, SeCO2 développé par la société Secoya éco-tournage et Carbon’ Clap de l’association Ecoprod. L’institution insiste sur l’« objectif de sensibilisation » de cette nouvelle obligation, permettant au secteur de prendre conscience de son empreinte sur le climat et d’identifier les principaux postes d’émissions.
Entre le transport, la fabrication des décors, la consommation d’énergie, l’alimentation sur le plateau ou la post-production, Ecoprod estime environ à 10 tonnes équivalent carbone la production d’une heure d’émission de télévision, soit dix allers-retours Paris-New York. La facture monte à 35 tonnes pour une fiction tournée en France et 1 000 tonnes pour un long-métrage tourné sur plusieurs sites.
Toutefois, la réalisation du bilan carbone reste une formalité. Le CNC précise qu’elle n’est pas associée à « une logique d’obligation de résultats ». Aucun seuil d’émission n’a été fixé et les projets candidats n’ont pas à témoigner d’efforts d’éco-responsabilité pour obtenir les aides. Le Centre national réfléchit également à une mesure similaire pour les œuvres immersives, l’animation et les jeux vidéo.