La filière des musiques actuelles s’engage pour réduire son empreinte environnementale. En réalisant les bilans carbone de 18 structures représentatives du secteur, le projet Déclic vise à définir une stratégie globale pour décarboner les festivals, les tournées et les concerts.
« Décarbonons le live collectivement ! » C’est l’ambition du projet Déclic Musiques Actuelles lancé ce mercredi à l’Académie du Climat de Paris. Porté par le Syndicat des musiques actuelles (SMA) et la Fédération des lieux de musiques actuelles (Fedelima), le projet réunit des salles de concert, des festivals, des producteur·ices de tournées et des centres de formation autour d’un objectif commun : réduire l’empreinte environnementale de la filière des musiques actuelles. Aurélie Hannedouche, directrice du SMA, nous explique ce projet collectif, porteur de grandes ambitions.
D’où part cette volonté de « décarboner le live » ?
Aurélie Hannedouche : Le SMA et la Fedelima regroupent plus de 600 structures de la filière des musiques actuelles, toutes bien conscientes du rôle qu’elles doivent jouer dans la transition écologique. C’est un sujet sur lequel les structures nous bousculent depuis plusieurs années. Elles souhaitent avoir des leviers concrets pour réduire leur empreinte environnementale.
A priori, la première source de pollution de notre secteur concerne le déplacement du public et des artistes. Mais il faut aussi prendre en compte l’usage des ressources, les impacts sur la biodiversité, la gestion des déchets et la consommation d’énergie.
À lire aussi : Une nouvelle étude souligne la nécessité d’un « réveil écologique » dans la culture
Pour répondre à la demande de nos adhérent·es, nous avons lancé le projet Déclic, dédié à la décarbonation des musiques actuelles. Cette opération est soutenue par l’État dans le cadre des « alternatives vertes de la culture » portées par France Relance.
En quoi consiste ce projet Déclic ?
« L’objectif c’est de dresser un état des lieux à l’échelle de toute la filière et d’identifier des leviers d’action »
Aurélie Hannedouche : Pour évaluer l’empreinte environnementale de notre secteur, on ne peut pas attendre que tous les festivals, producteur·ices de tournées ou salles de concert fassent chacun leur bilan carbone. Alors, avec le projet Déclic, nous avons décidé de porter une approche collective en réalisant les bilans carbone de 18 structures représentatives de la filière des musiques actuelles.
Dans l’échantillon, il y a donc des salles parisiennes, d’autres péri-urbaines ou rurales, des festivals de différentes jauges, des producteur·ices de tournées internationales ou régionales etc. L’agence ekodev nous accompagne dans ce processus et un comité d’expert·es suivra le projet pour assurer la rigueur et le sérieux de l’étude.
En septembre 2023, nous récupérerons les données des 18 bilans carbone. Cela nous permettra d’objectiver les choses, de dresser un état des lieux à l’échelle de toute la filière, et d’identifier des leviers d’action.
À partir de ces bilans carbone, comment comptez-vous agir auprès de toute la filière ?
Aurélie Hannedouche : Nous allons définir des stratégies individuelles pour réduire l’empreinte environnementale des 18 structures dont on aura fait le bilan carbone. Toujours en s’adaptant aux spécificités de chaque acteur·ice. Par exemple, il est très probable que nous travaillions sur la mise en place de transports collectifs dans le cas d’un festival rural, tandis que nous nous focaliserons davantage sur l’impact du numérique ou des déchets pour une salle de concert parisienne.
À lire aussi : Transition écologique de la culture : le spectacle vivant s’engage à passer la seconde
En se basant sur le travail effectué auprès de ces 18 structures, nous définirons des objectifs et un plan d’action à l’échelle de la filière. C’est l’enjeu principal de ce projet. Une plateforme ressource en accès libre sera créée. On y retrouvera les données récoltées pendant le projet, mais aussi des guides méthodologiques et des outils à mettre en place. Ça nous permettra de proposer des accompagnements adaptés à tous·tes les acteur·ices de la filière.
Avec le projet Déclic, quelle est l’ambition portée par le SMA et la Fedelima ?
« Nous avons envie de reprendre la main et de montrer que nous sommes capables de proposer des choses »
Aurélie Hannedouche : L’idée c’est vraiment de mobiliser tout le secteur, en agissant collectivement sur la décarbonation. Avec ce projet, on ouvre la porte à d’autres initiatives. Il y a déjà eu des projets autour de l’utilisation du plastique par exemple. À l’avenir, nous allons continuer à explorer d’autres enjeux : la biodiversité, les déchets ou l’eau. On a bien conscience que l’impact carbone n’est pas la seule problématique.
Nous voulons aussi être proactifs, proactives. Notre secteur subit beaucoup d’injonctions descendantes depuis plusieurs années, et particulièrement pendant la crise sanitaire. Nous avons envie de reprendre la main et de montrer que nous sommes capables de proposer des choses, en tant que filière responsable et durable pour les années à venir.