Une frontière jaune quasi-fluo qui divise l’assiette en deux, un aplat de bronze qui recouvre une sous-tasse en préservant ici ou là quelques traces de la couche initiale, à la manière d’une bulle de BD… À Roubaix, Axelle et Virginie rouvrent les armoires et revisitent la vaisselle ancienne pour en faire des pièces colorées, détonantes et surtout uniques.
« Depuis longtemps, je réfléchissais à l’idée de donner une sorte de seconde vie à des objets du quotidien. Et la vaisselle, objet du quotidien par excellence, s’est imposée assez naturellement », explique Axelle Brétignière, co-fondatrice de Pickles Design. Une seconde vie presque comme une seconde chance, car Pickles s’attaque à la vaisselle qui tend à se faire oublier dans les placards, celle qui passe après les piles d’assiettes de tous les jours et des plats qu’on sort pour les beaux dîners. « La vaisselle de nos grands-mères, en somme, sourit Axelle, pas les grands services de faïence de Gien ou de porcelaine anglaise, magnifiques en soi et qu’on n’oserait pas revisiter, mais plutôt la porcelaine un peu vieillotte, qu’on va ainsi remettre sur la table ».

Peintre en décoration, passée par l’école Van der Kelen de Bruxelles où elle a appris l’art du faux-bois et du faux-marbre, Axelle, 42 ans, est attachée aux savoir-faire traditionnels, à la culture du geste. Elle les a longtemps mis en pratique sur des chantiers de décoration dans le Sud, après un passage chez des antiquaires de Saint-Ouen. Soit une quinzaine d’années partagées entre une clientèle de particuliers et d’institutions comme les ateliers de décors de l’Opéra de Marseille ou du Festival d’art lyrique d’Aix-en-Provence. Jusqu’au jour où son mari est muté à Lille.
L’amour des belles choses
Il faut alors se réinventer, mûrir un projet. Elle s’intéresse aux expériences menées à Roubaix, biotope de l’économie du zéro déchet, qui infuse jusqu’au milieu de la mode. Elle y déniche à l’été 2020 un espace aux Ateliers Jouret, ancienne usine textile transformée en atelier d’artistes. De quoi faire cuire les premières pièces dans des fours empruntés à des céramistes installées sur place, et être sélectionnée au concours des « MEL makers », un dispositif de la Métropole européenne de Lille (MEL) soutenant des projets dans le domaine de l’upcycling.
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« Revisiter la porcelaine à fleurs en mode hyper-contemporain. »
A la clé : une double campagne, de communication localement et de financement participatif. Les fonds récoltés permettent l’achat d’un four « à temps plein », et d’acquérir du stock de vaisselle, sur Internet ou dans des vides-greniers. « Le bouche-à-oreille fonctionne aussi, et des gens nous amènent parfois leurs vieux services. Le compte Instagram aide également à la notoriété », poursuit Axelle, qui met ces jours-ci la dernière main à sa première collection. Très colorée, elle revisite « en mode hyper-contemporain » des produits de porcelaine à fleurs.

Elle sera proposée à la vente sur un site Internet en phase de construction, principal canal de distribution, en sus de quelques boutiques-vitrines dans certaines grandes villes avec lesquelles elle est en discussion. La question de l’emballage est elle aussi à l’étude : « On aimerait être dans une démarche de récupération, nous réfléchissons à quelques filières possibles ».
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