On ne sait pas encore à quoi la ville de demain ressemblera, mais les artistes ont leur mot à dire. Pour discuter du sujet, et continuer le travail effectué depuis cinq années, le lieu culturel à ciel ouvert Transfert, à Rezé, au sud de Nantes, accueille une série de collectifs et d’artistes en résidence en octobre et novembre prochain.
L’aventure Transfert, dans sa forme actuelle, touche à sa fin. Après cinq années d’expérimentations culturelles, artistiques et intellectuelles autour de la ville de demain, le lieu culturel située au sud de l’île de Nantes, sur la commune de Rezé, sera définitivement démantelée à la fin de l’année. La fermeture au public a déjà eu lieu le 18 septembre dernier. Mais fin de l’occupation du site ne rime pas avec clôture des activités de la structure qui anime et occupe le lieu depuis sa création.
L’association Pick Up Production souhaite en effet perpétuer l’esprit de Transfert, grâce à une série d’événements hors les murs et hors saison estivale. Une programmation qui a démarré dès le début du mois d’octobre et se poursuivra en novembre.
Laboratoires et spectacles
L’équipe de Transfert accueillera donc artistes, chercheurs et chercheuses, à commencer par Grand Dehors. C’est la deuxième fois que ce collectif pluridisciplinaire prend ses quartiers à Transfert, après une première résidence en mai dernier. Durant ce premier passage, la directrice artistique de Grand Dehors, Maryne Lanaro, et la comédienne et danseuse Lou Joubert avaient récolté récits et histoires de la bouche de l’équipe de Transfert.
L’objectif était d’alimenter la création d’un spectacle baptisé Dysfonctionnement. Le collectif y explore notamment la notion de solastalgie, sorte de contraire de la nostalgie. Ce sentiment, qui s’apparente à l’éco-anxiété, ramène à une forme de vertige face aux transformations de l’environnement et à ses conséquences sur le vivant.
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Durant ce deuxième passage à Transfert, qui a lieu du 10 au 24 octobre, le collectif entre dans une seconde phase de l’écriture du spectacle, qui se clôturera par une sortie de résidence. L’événement aura donc lieu le 24 octobre prochain et sera ouvert à un public invité. Deux jours plus tard, le 26 octobre, c’est la compagnie parisienne la Khta qui présentera le résultat d’une résidence co-animée avec les apprentis de la FAI-AR, formation supérieure d’art en espace public basée à Marseille. Les deux entités planchent, du 10 au 28 octobre, sur une performance d’une durée de 14 heures. Elle aura pour thème la notion de travail en collectif, de temps et d’espace, en rapport avec un public invité.
Street-art et balades dans le quartier du Château de Rezé.
Transfert privilégie les relations de long terme, comme avec le Groupe Artistique Alice. Les membres du collectif mènent en effet une recherche-action qui dure depuis 2020, sur le thème de la ville et de l’hospitalité. Ils et elles dirigeront une série d’interventions dans le quartier du Château de Rezé, qui devrait durer jusqu’à décembre, dans le cadre d’un projet européen, « Street Art for Rights ».
Du 20 au 24 octobre, et la semaine du 7 novembre, les membres du groupe mèneront donc des performances théâtrales, ainsi qu’une intervention d’art visuel en reverse tag, par le plasticien Philippe Chevrinais. Ce dernier prend le graffiti à rebours, en enlevant la saleté des murs pour créer des formes.
Le collectif 1.5 investira également le quartier du Château de Rezé, grâce à un cycle de balades urbaines baptisé Parcours orange. Le public pourra découvrir le chemin proposé par Gabriel Um, chorégraphe de la compagnie, le 28 octobre. La balade sera suivi d’un battle.
Le dessinateur et graphiste Bonnefrite sera quant à lui invité à compter de cet automne, pour proposer son interprétation des notions de liberté et d’utopie sous forme d’affiches peintes qu’il déposera ici et là au moment du démontage du site. Quant à Hélène Sanier, artiste marseillaise en résidence à Transfert, elle finalisera la restitution de son travail de cartographie poétique sous la forme d’une édition papier, à partir de l’installation plastique à traverser qu’elle a conçue en septembre dernier, et qui permet de prendre conscience de ce que signifie habiter la ville. De quoi terminer en beauté une aventure longue de cinq années, et commencer à en écrire une nouvelle.