À 52 ans, Frédéric Pie quitte sa carrière de chef d’entreprise pour être libre de voyager et d’écrire. Un changement de vie à 180 degrés pour cet ancien entrepreneur parisien qu’il raconte aujourd’hui dans un livre, Libre. Écrire sur les chemins du monde, paru aux éditions Nautilus.
Tout plaquer pour voyager, lire, rencontrer et écrire sans date de retour. Le programme a de quoi en faire rêver plus d’un. C’est le choix de vie qu’a fait Frédéric Pie à 52 ans. En 2018, l’entrepreneur parisien de l’époque quitte tout, enfile ses chaussures de marche et renoue avec son caractère de rêveur-aventurier d’adolescent. Depuis, le baroudeur sillonne les chemins du monde, de la Colombie aux États-Unis, en passant par le Guatemala ou encore le Pérou.
Installé dans la banlieue de Johannesburg en Afrique du Sud, Frédéric Pie nous revient sur ce virage à 180 degrés et nous raconte sa liberté. « Je n’ai pas de programme. J’accélère quand j’ai envie, je reste quand je rencontre des gens sympa. Ma vie est là où je me pose », commence-t-il. L’occasion pour le voyageur de nous présenter son livre, Libre. Écrire sur les chemins du monde, paru aux éditions Nautilus, un récit nourrit de voyages, de philosophie, de poésies et de rencontres.
Après 25 ans de carrière dans différentes entreprises high-tech, vous décidez de tout plaquer, direction la liberté. Vous quittez votre vie citadine en 2018 et débutez un long voyage en solitaire, sans date de retour. Quel a été le déclic ?
Frédéric Pie : Cette décision, je l’ai prise en 6 mois et 30 ans. Plus je voyage, plus je revois l’enfant que j’étais qui connaissait les capitales du monde par cœur, qui décorait sa chambre d’ado de planisphères et autres photos de voyage. Chaque jour, je parcourais le monde depuis ma chambre.
« Petit, je parcourais le monde depuis ma chambre. »
Plusieurs petites choses ont agi comme des éléments déclencheurs au moment de tout plaquer. Premièrement, j’étais, avouons-le, complètement rincé de ma dernière aventure professionnelle. Être entrepreneur, ça veut souvent dire dormir peu et résoudre beaucoup de problèmes. Cette cadence m’a usé. À l’époque, j’avais une jolie vie dans un appartement parisien. J’accumulais des choses sans vraiment m’y attacher. C’était absurde.
Six mois avant de vendre ma dernière société, je lisais l’autobiographie de Pablo Neruda, poète et homme politique chilien. Le titre du livre m’a interpellé : J’avoue que j’ai vécu. Quelle belle phrase ! Toute simple, avec une si grande idée derrière. Elle n’a pas arrêté de trotter dans ma tête, jusqu’à ce que je décide de consacrer mes prochaines années à vivre.
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C’est un cumul de constats comme ceux-ci qui vous amène à prendre cette décision. J’ai vendu ou offert tout ce que je possédais. Aujourd’hui, je ne possède plus qu’un sac de 15 kilos, ce qui me convient largement.
Comment ont réagi vos proches lorsque vous avez entrepris ce virage ?
Je ne rentre pas dans beaucoup de cases. Je me sens naturellement libre, ça n’a pas été une découverte. J’ai passé ma vie à créer des entreprises, à les vendre et à recommencer. Mais, ma passion au fond de moi, c’est le voyage et l’écriture. Quand j’ai annoncé à mon fils de 21 ans que j’allais voyager sans fixer de date de retour, il ne pensait pas que je serais capable de faire ça.
Ensuite, beaucoup de mes amis m’ont soutenu dans ce projet. Les gens ont, dans l’ensemble, bien réagi, sans être réellement surpris.
Vous dites avoir renoncé à l’âge adulte pour retourner à l’adolescence légère. Selon vous, cette période que l’on appelle parfois « l’âge de raison » n’est finalement pas si raisonné ?
« Tous les jours, je suis dans l’émerveillement absolu, et ça m’occupe bien assez ! »
Regardez l’état de la planète. Chaque jour, je suis au contact de cette nature et je suis effaré lorsque je vois à quel point on l’a dévastée. La planète est d’une extrême beauté, c’est un cadeau incroyable, et on se comporte n’importe comment. L’homme est devenu fou. Nous vivons dans une société qui s’emballe complètement, sans aucune régulation. L’argent est le maître-mot, ça n’a aucun sens.
À titre personnel, j’ai essayé de me bricoler ma philosophie. Souvent, la vie peut se résumer en quatre verbes : avoir, être, faire et paraître. J’ai supprimé deux verbes, avoir et paraître, pour avancer sur deux chemins : faire et être. Tous les jours, je suis dans l’émerveillement absolu, et ça m’occupe bien assez !
Vous venez de publier Libre, un récit nourrit de voyages, de philosophie, de poésies et de rencontres. Comment définiriez-vous la liberté ?
« La liberté est une négociation permanente avec soi-même. »
La liberté est une négociation permanente, avec soi-même mais aussi avec les autres. Cela peut paraître paradoxal mais, pour moi, la liberté revêt une forme d’utopie. On n’est jamais totalement libre. L’homme reste prisonnier de son éducation, de son histoire, de certaines valeurs. C’est pourquoi la liberté est une négociation, une diplomatie personnelle pour déterminer les choses qu’on accepte de conserver et celles qu’on abandonne. Aussi, un homme libre n’existe pas seul. Il est libre grâce aux interactions qu’il a avec les autres. Cela rejoint une citation de cette romancière parisienne Nicole Vedrès : « L’homme libre est celui qui n’a pas d’esclaves ».
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