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À Glasgow, ce club transforme la chaleur des danseurs en énergie pour atteindre le « zéro carbone »

par Lucien Rieul
4 avril 2023
À Glasgow, ce club transforme la chaleur des danseurs en énergie pour atteindre le « zéro carbone »
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Transformer la chaleur corporelle d’une foule de danseur·euses en énergie : c’est l’idée exaltante de Bodyheat, un système novateur qui permet depuis quelques mois au SWG3, un club et lieu d’art multidisciplinaire de Glasgow, de réguler la température de ses espaces de façon 100% décarbonée. L’un des concepteurs de Bodyheat organisera un workshop à Lyon le 18 mai prochain dans le cadre de Nuits sonores Lab, la plateforme de débats et d’échanges du festival Nuits sonores 2023.

« Ça fonctionne un peu comme un frigo », vulgarise en souriant David Townsend, dont l’agence TownRock Energy a conçu Bodyheat. Grâce à des pompes thermiques, la chaleur qui émane du public s’ambiançant devant les DJ’s est extraite puis acheminée vers des trous de forage de 200 mètres de profondeur, situés dans les jardins du SWG3. Là, l’énergie se retrouve stockée durant plusieurs semaines, avant d’être réemployée pour chauffer ou climatiser les salles principales du complexe. L’électricité nécessaire au fonctionnement de l’ensemble du circuit provient, elle aussi, de sources renouvelables. « C’est le pouvoir de la danse… Que demander de plus ? » s’exclame une clubbeuse écossaise dans un segment de la BBC consacré au projet.

Six mois à peine après le lancement de Bodyheat, en octobre 2022, Townsend semble partager cet enthousiasme. « Nous avons déjà connecté un espace supplémentaire du SWG3 – un studio de graffiti – à BODYHEAT, car nous avions un surplus de chaleur stockée. Le projet génère beaucoup d’intérêt : nous sommes en contact avec des clubs en Allemagne, en France, aux Pays-Bas, en Norvège, et même aux États-Unis ! »

Le financement de ce projet pilote – sécurisé principalement par une subvention d’un « fonds vert » écossais, le Low Carbon Infrastructure Transition Program, et un prêt du Fonds de chauffage urbain – reste conséquent. Townsend en est conscient, et explique qu’une grande partie du travail de son équipe consiste aujourd’hui à trouver des partenaires financiers pour continuer l’aventure – à Berlin c’est par exemple via l’initiative Clubtopia, soutenue par la Ville et visant à rendre les clubs plus soutenables et écologiques, que BODYHEAT pourrait s’exporter. 

Des clubs aux salles de sport… Et aux bureaux ?

Si l’installation d’un tel système dans un club est une première mondiale, l’exploitation de la chaleur humaine comme mode de chauffage a déjà été expérimentée dans d’autres contextes. À Paris, on peut citer le cas du n°2 de la rue Beaubourg, dont la cave est reliée depuis 2015 à un tunnel de métro avoisinant. À l’aide d’un échangeur thermique, l’air chaud produit par les trains et les passager·es produit de l’eau chaude, laquelle sert à son tour à chauffer le bâtiment.

Autre exemple à Stockholm, où un système similaire redistribue la chaleur des 250 000 visiteur·ices quotidien·nes de la gare de Stockholm à un immeuble voisin. 

« Quel que soit le lieu, la meilleure manière de procéder serait d’intégrer le système au bâtiment dès sa construction »

Du côté de TownRock Energy, on réfléchit également à faire sortir Bodyheat des clubs ; en lui ouvrant, pourquoi pas, les portes de salles de sport ou de bureaux. « N’importe où, où il y a beaucoup de monde. Mais quel que soit le lieu, la meilleure manière de procéder serait d’intégrer le système au bâtiment dès sa construction, en forant directement dans les fondations pour stocker l’énergie ; c’est beaucoup plus économique que d’avoir à rénover un lieu, où les contraintes sont beaucoup plus nombreuses. »

Les systèmes s’appuyant sur les énergies résiduelles, tels Bodyheat, s’inscrivent en effet dans une logique de chauffage basse-température. Conséquence, ils nécessitent une excellente isolation thermique pour être efficaces ; une rénovation qui peut s’avérer « très coûteuse » à entreprendre pour des bâtiments anciens.

Coûteuse, mais pas impossible, puisque le SWG3 est situé dans un entrepôt industriel vieux de 100 ans. Grâce à Bodyheat, le lieu prévoit de réduire ses émissions de CO2 d’environ 70 tonnes par an, en cessant entièrement de recourir à l’ancien système de chauffage gaz. Un pas conséquent vers l’objectif zéro carbone qu’il s’est fixé pour 2025.

« On sent que la guerre en Ukraine et l’augmentation des prix du gaz ont rendu encore plus pressantes la question de la transition climatique et la recherche d’énergies alternatives” ajoute Townsend. « Celle produite par les danseur·euses est évidemment la plus “fun” sur laquelle nous ayons eu l’occasion de travailler, mais nous portons aussi d’autres projets visant par exemple à exploiter les énormes quantités de chaleur générées par des data centers. »

Le 18 mai prochain, David Townsend sera de passage à Lyon dans le cadre de Nuits Sonores Lab, le versant « réflexif » du festival de musique éponyme dont le thème sera cette année : « la fête inspire l’action ».

À lire aussi : Des DJ’s s’associent pour diminuer l’impact carbone de leurs tournées et s’opposer à leur « starification »

 

Entre conférences dédiées aux espaces culturels indépendants, aux algorithmes de prescription ou aux récits postcoloniaux, Townsend animera un workshop autour de Bodyheat, et plus largement de l’impact positif que chacun et chacune peut avoir sur le changement climatique. « Et nous allons danser, évidemment ! Il va falloir que je ramène de la bonne musique… Le but de cet atelier, c’est de voir comment nous pouvons produire de l’énergie en nous amusant, mais aussi de réfléchir ensemble à de nouvelles façons créatives d’amener les gens à s’emparer de la question climatique dans le cadre d’événements musicaux. » Le rendez-vous est pris.

Pour s’inscrire au workshop (gratuit) de David Townsend, le 18 mai à l’Hôtel71 de Lyon, c’est par ici.

Programmation complète : Nuits Sonores Lab, dans le cadre du festival Nuits Sonores 2023, du 17 au 19 mai, Lyon.

 

Tags : climatclubinnovationMusiqueTechnologie

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