Les étudiant·es s’engagent-ils/elles pour le climat ? Quelle place occupent les enjeux écologiques à l’Université ? Comment concilier précarité et engagement ? La sixième édition de la Consultation nationale étudiante donne à voir une jeunesse ambitieuse face à l’urgence climatique, désireuse d’accélérer la transition de l’enseignement supérieur.
Tous les trois ans, le Réseau étudiant pour une société écologique et solidaire (RESES) mène une grande enquête destinée à recueillir les voix des étudiant·es français·es. Cette année, au sein des lycées, des universités et des grandes écoles, près de 14 000 jeunes ont partagé leurs attentes, leurs habitudes et leurs engagements.
Les résultats de cette consultation nationale révèlent une population étudiante plus mobilisée que la moyenne. Sur fond d’appels à déserter et d’actions chocs de désobéissance civile, 86% des interrogé·es ont déclaré soutenir, voire militer pour la cause écologiste. Toutefois, le collectif de chercheur·euses Quantité Critique, partenaire du RESES, appelle à la prudence face à l’image d’une « génération climat » homogène, vent debout face aux crises écologiques.
L’écologie des petits gestes perd du terrain
En interrogeant les étudiant·es sur les solutions à mettre en place, le RESES met en valeur la diversité des visions de l’écologie. La technologie (68%) côtoie ainsi la décroissance (55%), l’éducation (76%) et la mobilisation citoyenne (74%) dans les solutions jugées efficaces par les sondé·es. En parallèle, l’écologie des petits gestes apparaît insuffisante pour la majorité des étudiant·es. Ces dernier·es estiment qu’il revient d’abord à l’État (80%) et aux grandes entreprises (55%) d’être moteurs de la transition écologique, avant de s’appuyer sur les individus (35%).
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Mais s’ils/elles appellent les décideur·euses économiques et politiques à prendre leurs responsabilités, la plupart cultivent une certaine méfiance à leur égard. Les trois quarts estiment que leurs intérêts ne sont pas pris en compte dans les décisions politiques, et la moitié ne fait pas confiance aux entreprises pour intégrer des objectifs sociaux et environnementaux dans leur activité. Le regard critique semble s’affuter face au greenwashing, et le RESES décrit une montée en puissance des lectures « politiques et systémiques » de la crise écologique.
La précarité reste un des premiers obstacles à l’engagement et à l’adoption de modes de consommation responsables
Une envie de réveiller l’enseignement supérieur
La sensibilité écologique se traduit dans le quotidien des étudiant·es, La majorité affirme être en train, ou avoir changé ses habitudes de consommation. Et tandis que les marches pour le climat sont devenues banales, 5% des sondé.es ont déjà participé à une action de désobéissance civile, et 29% se déclarent capables de le faire.
« La précarité reste un des premiers obstacles à l’engagement et à l’adoption de modes de consommation responsables » explique Noé Ferré, vice-président étudiant du RESES, pour expliquer l’écart entre conscientisé·es et engagé·es. L’étude montre également que le manque de temps, entre les cours et un potentiel job, est également une barrière à la mobilisation.
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De leur côté, les établissements n’avancent pas aussi vite que les étudiant·es le voudraient. En février 2022, le rapport Jean Jouzel remis à la ministre de l’Enseignement supérieur Sylvie Retailleau recommandait d’intégrer les enjeux écologiques à tous les cursus. Un an et demi plus tard, 62% des interrogé·es n’ont pas de cours obligatoire sur le sujet, et les deux tiers aimeraient que leur formation prenne davantage en compte « l’enjeu du siècle ».
Le RESES appelle alors les pouvoirs publics et les établissements à accélérer leur transition. De l’isolation thermique des bâtiments à l’alimentation durable dans les assiettes du resto universitaire, en passant par la création d’une allocation d’étude, l’association conclut son rapport avec 8 recommandations précises. « La parole étudiante doit être valorisée et prise en compte, à l’échelle du campus comme de la société, c’est incontournable » conclut Noé Ferré.