Dans une tribune publiée dans Le Monde, 188 scientifiques dénoncent le projet de pipeline EACOP de TotalEnergies. Avant son assemblée générale qui se tiendra fin mai, les signataires appellent les actionnaires de la firme à s’opposer aux « projets climaticides qui détruisent nos conditions de vie sur Terre ».
« Nous, scientifiques et experts, appelons les actionnaires de TotalEnergies à voter contre la stratégie climat de la firme ». Dimanche 7 mai, Le Monde publiait une tribune dénonçant l’impact environnemental démesuré de l’entreprise française TotalEnergies. Parmi eux, on retrouve les co-auteur·ices des rapports du GIEC Christophe Cassou, Valérie Masson-Delmotte et Jean Jouzel, l’anthropologue Philippe Descola et plus de 180 membres de la communauté scientifique.
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Le texte rappelle clairement les principaux ordres de grandeur concernant le réchauffement climatique et le rôle des énergies fossiles, avant de cibler TotalEnergies, « la firme pétrolière internationale qui a approuvé le plus de nouveaux projets pétroliers et gaziers en 2022 ». Le projet d’oléoduc EACOP cristallise particulièrement les inquiétudes. Malgré les contre-indications du GIEC et de l’Agence internationale de l’énergie, la major prévoit de construire le plus long pipeline chauffé au monde entre l’Ouganda et la Tanzanie. Une véritable « bombe carbone » qui émettra plus de 379 millions de tonnes CO2e dans les 25 prochaines années, tout en mettant en péril les droits humains et la biodiversité locale.
Une assemblée générale sous haute tension
Les signataires s’adressent directement aux actionnaires de Total – les banques françaises Crédit Agricole et BNP Paribas, la banque centrale de Norvège ou le gestionnaire américain Blackrock – pour les appeler à voter contre la « stratégie climat » qui sera discutée à l’AG de la firme le 26 mai prochain. Ces derniers ont le pouvoir de s’opposer aux « projets climaticides » de la multinationale et de l’interpeller sur « sa stratégie actuelle qui est en passe de détruire nos conditions de vie sur Terre ».
Alors qu’une coalition d’associations, de syndicats et d’activistes ont déjà annoncé une action de blocage, l’assemblée générale de Total est présentée comme un moment décisif dans la lutte contre les « injustices climatiques ». Des actionnaires minoritaires, emmenés par l’ONG néerlandaise Follow This, ont aussi déposé une résolution demandant au groupe de s’aligner sur les objectifs de l’Accord de Paris en adoptant une politique ambitieuse de baisse des émissions de gaz à effet de serre.