Le 22 mars 2022, s’est tenu dans le Potager du Roi à Versailles la cérémonie de remise des Prix du Palmarès du paysage. À travers trois catégories, la Fédération française du paysage a distingué 16 prix, représentatifs de la multiplicité des enjeux, en particulier environnementaux, des projets de paysage naturels et urbains.
Comment s’aménagent les paysages du territoire ? Il existe bien un métier, reconnu depuis peu par la loi : celui de paysagiste concepteur. « Formés à la conception des paysages, qu’ils soient urbains ou ruraux, ils sont amenés à répondre dans leurs projets à des préoccupations très concrètes. La profusion des îlots de chaleur en ville, les catastrophes créées par les eaux de ruissellement ou les submersions marines, la perte de la biodiversité, la disparition des terres productives… », énumère le président de la Fédération française du paysage, Henri Bava.
« Peu de métiers mobilisent de telles compétences. Et peu de professionnels ont cette capacité de passer du projet à la réalisation. Et ce, tout en déployant des stratégies qui ont pour seul bénéficiaire le vivant, tout en engageant une multiplicité d’acteurs », ajoute-t-il dans un communiqué.
Adapter les villes et territoires à la transition énergétique
Afin de promouvoir la profession et son rôle à jouer dans la protection de l‘environnement, le palmarès de la Fédération française du paysage (FFP) a mis en lumière de nombreux projets durant la remise des prix de cette seconde édition le 22 mars, à l’École nationale supérieure de paysage de Versailles. Ces prix visent à refléter le panel, divers, des travaux des paysagistes concepteurs pour connecter le vivant aux activités humaines, et s’adapter aux transitions politiques, écologiques et citoyennes.
À lire aussi : Le manifeste de l’agriculteur Rémi Janin pour un nouveau rapport entre villes et champs
« Les questions soulevées par le palmarès tournent autour de l’adaptation de nos villes et territoires à la transition énergétique, sur fond de changement climatique. Les projets de paysage ont leur spécificités géographiques et doivent être appropriables par les populations concernées », souligne Henri Bava.
Un parking qui devient jardin, des logements sociaux participatifs…
Le jury, composé de représentants des régions, a récompensé une variété de projets. Parmi eux, les meilleurs travaux de jeunes diplômés des écoles de Paysage. Entre autres projets lauréats, on retrouve par exemple l‘atelier Roberta qui, dans la Friche de la Belle de Mai à Marseille, propose un espace de stationnement qui devient une « place jardin » au quotidien, capable d’accueillir des spectacles et évènements. Ou encore cette reconversion possible de centrale nucléaire (image en Une) devenue, pour ce projet étudiant lauréat de Gabriel Camelot, patrimoine et « catalyseur d’énergies positives ».
On découvre aussi Locus Solus, à Bordeaux. Il s‘agit du premier projet de logements collectifs sociaux locatifs conçus avec une démarche participative. Au pied des logements, de nombreux dispositifs communs sont prévus pour favoriser la vie collective, dont un grand potager installé sur la dalle de parking. Chaque habitant dispose ainsi d’une surface cultivable. Plusieurs lopins sont réservés aux riverains extérieurs à la résidence.
Pensé pour fédérer les habitants, ce jardin est un parvis en articulation avec l’espace public. Cultiver des aliments là où vivent les gens est l’objectif de la démarche de l’agence Trouillot & Hermel. Serres, plate-forme de compost, réservoirs d’eau, cabane à outil : tout est mis en œuvre pour assurer la cogestion de cette ferme urbaine par les 47 habitants.
Nombre d‘autres innovations, pensées pour adapter la ville à la montée des eaux, remettre du vivant dans l‘espace public ou encore créer des liens entre habitants ont été récompensées. Ils sont à explorer sur le site de la FFP pour partir à la rencontre de ce métier d‘avenir.