Au départ de l‘enquête, la découverte d’une inégalité inattendue : les femmes sont plus touchées que les hommes par les catastrophes naturelles. Dans « Un jour la terre s‘ouvre », quatrième saison du podcast Injustices produit par Louie Media, la journaliste Lucile Torregrossa démêle cet entrelacement qui rend les femmes plus vulnérables au changement climatique. Ou comment inventer un monde vivable pour toutes et tous.
Alors que le GIEC alerte, dans son dernier rapport d’évaluation publié le 4 avril 2022, que les effets du changement climatique vont s’accélérer quel que soit le rythme de réduction des gaz à effet de serre, l‘urgence n‘est plus à prouver. Ce qu’on le sait moins en revanche, c’est que ces catastrophes naturelles touchent davantage les femmes. D’après l‘étude des Nations unies Gender and Disaster Risk Reduction, elles ont 14 fois plus de risques de mourir face à un événement climatique extrême que les hommes.
C’est en 2018 que la journaliste Lucile Torregrossa fait cette surprenante découverte, grâce à sa sœur. Pauline Torregrossa est passionnée par le sujet et désire faire une bande dessinée. Elle demande à Lucile de relire les quelques planches qu’elle a déjà faites. La journaliste se plonge dans le sujet et va de découvertes en stupéfactions.
Un enchevêtrement de rapports de domination
Lors du tsunami dévastateur de 2004, plus de femmes que d’hommes sont mortes en Inde et en Indonésie. Plus proches de nous, elles sont également surreprésentées dans les décès de la canicule européenne de 2003. Comment peut-on expliquer un tel phénomène ?
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Le fait que les femmes soient obligées à porter une tenue peu confortable dans certains pays, ou parfois assignées à domicile, peut nuire de manière conséquente à leur survie. Lors du tsunami de 2004, « certaines ont refusé de monter dans les canots de sauvetage car leur vêtement était déchiré. Elles se souciaient plus de leur fierté et de leur honte plutôt que de leur sécurité », rapporte au micro la chercheuse Maila Rahiem.
L’éducation genrée limite aussi la capacité à prendre des risques pour survivre. Les femmes ont moins tendance à savoir oser grimper aux arbres ou à savoir nager, souligne le podcast. Des capacités pourtant cruciales pour espérer résister, notamment face une vague de 30 mètres.
Réinventer le lien entre femmes et climat
C’est le début de cette enquête, où Lucile Torregrossa découvre comment les corps des femmes sont inextricablement liés à la nature et à leur environnement, non pas par une supposée “nature féminine”, mais par un enchevêtrement de rapports de domination.
Dans les épisode suivants de cette quatrième saison d‘Injustices, Lucile Torregrossa enquête sur la canicule de 2003 en France, sur les sécheresses et inondations au Mozambique, sur la pertinence invisibilisée des femmes dans les politiques publiques liées à l‘environnement… Avant d‘apporter une once d‘espoir dans son cinquième volet paru le 5 avril.
Comment faire autrement, et inventer un monde vivable pour tous et toutes ? Dans cet épisode final, elle explore, avec l’aide notamment de Camille Étienne, l’importance des imaginaires pour nourrir la lutte contre le changement climatique, et de quelle manière ils permettent de réinventer le lien entre femmes et climat.
Un jour la Terre s’ouvre, saison 4 d’Injustices, présenté par Lucile Torregrossa et produit par Louie Media. Une série diffusée sur louiemedia.com et sur toutes les plateformes et applications de podcasts.