La newsletter de Pioche!
Pas de résultat
Voir tous les résultats
Logo Pioche! Magazine
  • Du champ à l’assiette
  • Faire lieux
  • Nouveaux récits
  • À l’aventure
  • Grands entretiens
Logo Pioche! Magazine

Pioche! > En Une > Un album enregistré en pleine forêt, le projet inspirant et inspiré du musicien Toh Imago

Un album enregistré en pleine forêt, le projet inspirant et inspiré du musicien Toh Imago

par Lucien Rieul
20 janvier 2023
Un album enregistré en pleine forêt, le projet inspirant et inspiré du musicien Toh Imago

Certain·es partent en forêt pour se promener, d’autres pour enregistrer un album. C’est le cas de Toh Imago, dont le second disque Refuge, façonné entre sa campagne isarienne et la forêt de Mormal, mêle habilement chants d’oiseaux, bruissements de rivière, nappes de synthé et boîtes à rythmes.

Les thématiques fortes sont au cœur de la musique de Thomas Hennebicque, alias Toh Imago. Son premier album Nord Noir (2018, InFiné) s’emparait de celle des mines du Nord, où le grand-père du producteur fut jadis contremaître. Les bruits de machines, issus pour certains des fonds sonores du centre historique minier de Lewarde, y jouxtaient des cadences techno sévères. Le disque, remarqué, lui ouvrira les portes des clubs et festivals.

On aurait cependant tort de circonscrire Toh Imago à cet univers dur et souterrain. Il l’illustre en 2022 lorsqu’il signe l’identité sonore du Louvre-Lens. Allant chercher le point d’équilibre entre le patrimoine industriel de la région et le caractère familial du lieu, l’habillage agence mélodies électroniques et enregistrements d’ambiance réalisés dans le parc attenant au musée.

A lire aussi : « On doit aujourd’hui réécouter la nature pour retrouver un dialogue avec le monde » – Joakim

C’est en continuant d’explorer cet entre-deux, cet espace liminal entre studio et territoire, que Toh Imago a conçu Refuge — un second album qui doit autant à l’introspection du confinement qu’à l’exaltation de longues excursions en forêt. Avec, toujours, ce lien profond au Nord natal, dont les noirs terrils arborent désormais des pommiers verdoyants.

Quel a été le point de départ de ce nouvel album ?

Toh Imago : Le confinement de 2020. Le titre du disque, Refuge, vient de là, car ce fut un moment où écouter et produire de la musique représentaient pour moi une sorte de refuge intérieur, mental. Une façon de me protéger de ce qu’il y avait autour. Étrangement, je me suis mis à composer une musique beaucoup plus positive, moins sombre que ce que je faisais avant. Il y avait un besoin de positif.

« J’ai voulu faire un album immersif qui puisse peut-être servir de refuge aux gens qui l’écouteraient. »

J’ai la chance d’habiter à la campagne, dans un hameau de l’Oise, depuis maintenant plus de 10 ans. Le confinement a donc aussi été l’occasion d’une reconnexion avec mon environnement. C’était le printemps, les bas-côtés débordaient de fleurs, alors qu’en temps normal tout était taillé…

J’ai voulu faire un album immersif qui serait le condensé de tout ça, et qui puisse peut-être servir de refuge aux gens qui l’écouteraient.

Plus encore que la nature, c’est la forêt qui se retrouve au centre de Refuge. Comment s’est dégagée cette thématique ? 

Toh Imago : J’ai été invité en résidence par le festival Les Nuits Secrètes, à Aulnoye-Aymeries. À côté de chez eux, il y avait la forêt de Mormal, le plus grand massif forestier du Nord. Avec mon ingé-son, on a eu l’idée de prendre des pistes de synthétiseur que j’avais enregistrées au préalable, et de partir en forêt avec une petite enceinte Bluetooth pour diffuser les sons en plein air et les réenregistrer derrière.

« Tout est musique, à partir du moment où tu l’écoutes avec attention. »

La réverbération des arbres, c’est quelque chose qu’on ne peut pas vraiment recréer en studio. On a aussi pris le temps d’enregistrer des sons d’ambiance à Mormal, avant de tout mélanger sur l’album, de façon à ce qu’il n’y ait plus vraiment de limite entre les sons artificiels et naturels.

J’ai aussi été inspiré par le livre Une histoire de la forêt de Martine Chalvet. L’autrice y explique qu’à l’époque des Romains, la forêt représentait une sorte d’anti-civilisation, le lieu où se réfugiaient les barbares. Aujourd’hui, elle continue d’être un refuge pour les gens en dehors de la société ou en lutte ; je pense notamment aux ZAD.

Contrairement à la mine, dont le bruit s’impose à nous, il faut parvenir à se mettre en retrait pour « entendre » la forêt. Est-ce que ton travail sur cet album a renouvelé la façon dont tu écoutes ton environnement  ?

Toh Imago : Je faisais déjà du « field recording » avant ; cette approche te fait prendre conscience que tout est musique, à partir du moment où tu l’écoutes avec attention. Mais il est vrai que nous sommes un peu des intrus·es en forêt : on arrive avec nos bruits, nos odeurs d’humains, et on perturbe les animaux sur place. À Mormal, il fallait toujours que l’on se pose un certain temps avant de commencer à entendre des choses nouvelles.

Nous avons aussi constaté qu’il était très dur de s’enfoncer suffisamment dans la forêt pour ne plus avoir de pollution sonore « humaine », que ce soit une route, une tronçonneuse… C’est d’autant plus dur qu’il y a de plus en plus de zones réservées à la chasse. Cette privatisation des forêts est préoccupante, mais peut-être le confinement a-t-il permis que les gens s’en rendent davantage compte en partant en balade.

Musicalement, Refuge troque les sonorités techno “dures” auxquelles on a pu t’associer, pour une ambiance plus apaisée — bien que toujours très entraînante. Comment s’est opérée cette évolution ?

Toh Imago : Pour le premier album, je m’étais vraiment focalisé sur le son des machines et des synthétiseurs ; maintenant, j’intègre beaucoup plus de samples. Cela m’a amené à aller chercher des sons issus de cassettes VHS de mon enfance, des films de vacances enregistrés par mes parents. Ce sont des rires, des bribes de dialogues… Quand on a eu une enfance plutôt heureuse, ça peut aussi être ça, le refuge, et j’aime bien trouver une façon de ramener ces moments formateurs dans ma musique.

A lire aussi : Comment Fakear est passé des majors de la musique aux manifs pour le climat

Par ailleurs, même si je me suis fait connaître avec de la musique plutôt « club », j’ai toujours admiré les artistes capables de faire le lien entre cela et des choses plus planantes, comme The Chemical Brothers. Sur cet album, j’ai renoué avec des sonorités qui m’inspiraient lorsque j’ai commencé à produire : Boards of Canada, The Future Sound of London… Je crois que c’est un peu la musique que j’ai toujours rêvé de faire.

Écoutez l’album Refuge de Toh Imago, sorti le 20 janvier sur InFiné.

Tags : InterviewMusiqueNature

Sur le même sujet

La chanteuse Pomme part en tournée avec On Est Prêt pour sensibiliser son public à la biodiversité

La chanteuse Pomme part en tournée avec On Est Prêt pour sensibiliser son public à la biodiversité

À l'occasion de la tournée de son dernier album Consolation, Pomme a demandé au mouvement citoyen On Est Prêt de...

L’Opéra de Londres casse son partenariat avec l’entreprise pétrolière BP

L’Opéra de Londres casse son partenariat avec l’entreprise pétrolière BP

La Royal Opera House a annoncé qu’elle mettait fin à son partenariat avec l’entreprise pétrolière BP. Si l’institution n’a pas...

Des milliers de citoyen·nes ont été mobilisé·es ce week-end pour aider à recenser les oiseaux dans nos jardins

Des milliers de citoyen·nes ont été mobilisé·es ce week-end pour aider à recenser les oiseaux dans nos jardins

Ce week-end, des opérations citoyennes de comptage d’oiseaux se tenaient en France et au Royaume-Uni. Les données recueillies par les...

Les + lus

  • Fin de Transfert à Nantes : la « ville de demain », ce n’est (toujours) pas pour maintenant

    Fin de Transfert à Nantes : la « ville de demain », ce n’est (toujours) pas pour maintenant

    0 partages
    Partage 0 Tweet 0
  • « Je n’arrive pas à lire un rapport du GIEC et juste continuer ma vie d’ado, c’est impossible »

    0 partages
    Partage 0 Tweet 0
  • Un album enregistré en pleine forêt, le projet inspirant et inspiré du musicien Toh Imago

    0 partages
    Partage 0 Tweet 0
  • Corentin de Chatelperron, l’ingénieur low-tech qui va (peut-être) changer le monde

    0 partages
    Partage 0 Tweet 0
  • Paris : Camille Etienne et Jean-Marc Jancovici au théâtre pour discuter avenir de la culture

    0 partages
    Partage 0 Tweet 0

Derniers articles

La Métropole de Lyon apporte son soutien à Railcoop et au retour de la ligne Lyon-Bordeaux

La Métropole de Lyon apporte son soutien à Railcoop et au retour de la ligne Lyon-Bordeaux

À Rambouillet, des bactéries marines bioluminescentes remplacent l’éclairage public

À Rambouillet, des bactéries marines bioluminescentes remplacent l’éclairage public

La chanteuse Pomme part en tournée avec On Est Prêt pour sensibiliser son public à la biodiversité

La chanteuse Pomme part en tournée avec On Est Prêt pour sensibiliser son public à la biodiversité

L’Opéra de Londres casse son partenariat avec l’entreprise pétrolière BP

L’Opéra de Londres casse son partenariat avec l’entreprise pétrolière BP

Vers un retour de la consigne pour les bouteilles en plastique ?

Vers un retour de la consigne pour les bouteilles en plastique ?

Pioche! Magazine

©2020 Pioche! Magazine

Pour joindre l’équipe, une seule adresse : [email protected]

  • Soutenir Pioche!
  • Politique de confidentialité
  • Mentions légales
  • Rejoindre l’équipe

Suivez Pioche!

Pas de résultat
Voir tous les résultats
  • ✒️ Nouveaux récits
  • 🥕 Du champ à l’assiette
  • 🎪 Faire lieux
  • 🏃‍♀️🏃‍♂️ À l’aventure
  • 🎤 Grands entretiens
  • 🌿 La newsletter de Pioche!
  • 🙏 Soutenez la rédaction

©2020 Pioche! Magazine