Au printemps 2022, Fiona Colantuono donnait le premier coup de pédale de sa Suncycling Odyssey, un grand périple de 9 000 km sur les voies cyclables d’Europe de l’ouest. Parcourant la côte Atlantique française, les Highlands écossais ou les Alpes suisses sur son vélo solaire, la jeune ingénieure est partie à la rencontre d’initiatives de transition énergétique inspirantes. Une expérience unique guidée par sa curiosité, sa sensibilité écologique et un certain goût de l’aventure.
Plus de 6 mois après la fin de son odyssée, Fiona Colantuono est de retour à la vie normale. La vingtaine, l’air tranquille et peu avare en anecdotes, l’aventurière rencontrée à l’occasion du Salon du voyage engagé de Lyon, raconte ses cinq mois de voyage avec un enthousiasme communicatif.
« C‘était important pour moi de mettre du sens dans mon voyage »
« Je n’ai jamais été une grande cycliste » jette-t-elle de suite, comme pour briser le mythe de la voyageuse-née. Sur la selle d’un vélo électrique, rechargé par des panneaux solaires fixés à une remorque, elle a tout de même parcouru la France, le Royaume-Uni, l’Irlande, la Belgique, les Pays-Bas et la Suisse pour sensibiliser à la transition énergétique.
Le projet a en réalité émergé suite à sa découverte de la carte des EuroVelo, un réseau européen de pistes cyclables reliant le Portugal à l’Écosse, la France à la Roumanie ou la Grèce à l’Estonie. « Dans mon cas, il n’y a pas eu d’entre-deux, ça a glissé très vite d’un petit projet de voyage à un tracé de 9000 km à vélo ». Après avoir opté pour un itinéraire traversant pas moins de 9 pays et acheté un vélo solaire d’occasion, la jeune Aixoise tranche en faveur d’un nom d’expédition définitif : la Suncycling Odyssey.
Une aventure engagée, entre initiatives locales et Fresques du climat
Financée par son université et une poignée de sponsors, Fiona intègre sa curiosité pour les énergies renouvelables dans l’ADN du projet. Elle prévoit de s’arrêter tout au long des 113 étapes de son voyage pour découvrir et faire connaître des initiatives écologiques porteuses d’avenir. Une manière de « mettre du sens dans mon voyage, de me sentir un petit peu utile ».

« Le vélo solaire a permis d’interpeller sur de nouvelles manières de se déplacer et de voyager autrement. »
Sur la côte atlantique, sous la pluie, dans les Alpes, à l’heure du coucher de soleil, sur les pistes cyclables lisses comme sur les routes départementales bosselées, Fiona raconte les journées rythmées par la cadence des pédales et les paysages qui défilent.
Pendant cinq mois, elle a pu compter sur son vélo solaire et son « caractère capricieux » qu’elle a appris à apprécier. « C’était mon compagnon de route, je l’ai surnommé Hélios, le dieu du soleil dans la mythologie grecque » précise-t-elle avant de décrire, amusée, les nombreux regards intrigués, les chuchotements et les questions timides qui ont rythmé son voyage. Avec ses 3 m de long et ses 70 kg, cette monture hors norme s’est révélée être un formidable outil pour « interpeller sur de nouvelles manières de se déplacer et de voyager autrement ».
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Au total, Fiona a rencontré une vingtaine de projets locaux qu’elle a documenté sur son site Internet et ses réseaux sociaux : l’association Human By Nature à Biarritz, un composteur géant à Nantes, une fabrique de produits d’entretiens éco-responsables au cœur du Connemara… « J’ai voulu donner un petit aperçu de tout ce qui pouvait se faire localement, près de chez nous, sans même qu’on en ait conscience » résume-t-elle.
Pendant son périple, elle a aussi fait escale dans des écoles ou des lycées pour animer des ateliers Fresque du climat, sensibilisant des élèves aux enjeux climatiques. « Ça m’a permis de rendre très concret l’aspect transmission et échange du voyage », explique-t-elle. « C’était motivant de savoir que mon voyage avait un but particulier, que je participais à quelque chose de plus gros que moi. »

Hormis quelques chutes, des ennuis techniques et un « style vestimentaire discutable », elle se réjouit de n’avoir rencontré aucun problème majeur sur la route et partage une authentique fierté de « m’être prouvée à moi-même ce dont j’étais capable ».
« Ne vous laissez pas enfermer par les peurs des autres, on s’en sort toujours avec une bonne dose d’intuition et de recul. »
Aujourd’hui en stage en fin d’études à Lausanne en Suisse, Fiona retient surtout le souvenir des belles rencontres qui ont jalonné son parcours. Grâce au site Warmshower consacré à la communauté cyclotouriste, mais aussi grâce aux heureux hasards du voyage, elle a rencontré des dizaines de locaux et de voyageurs, partageant leurs maisons, leur repas ou simplement quelques conseils sur les curiosités locales. Et lorsqu’elle évoque « les matinées à vélo, avec les petits oiseaux qui chantent », difficile de ne pas avoir envie de prendre immédiatement la route.
Un conseil à donner aux futurs aventurier·es ? « Ne vous laissez pas enfermer par les peurs des autres, on s’en sort toujours avec une bonne dose d’intuition et de recul. » Sans surprise, elle reconnaît avoir envie de repartir à l’aventure un jour, « peut-être à vélo musculaire cette fois ». Mais peu d’inquiétude de ce côté, l’Europe regorge encore de voies cyclables à explorer.
Découvrez le récit de voyage détaillé, les photos et les articles de Fiona sur le site dédié à la Suncycling Odyssey et sur son compte Instagram.