Depuis l’été 2000, Au Foin De La Rue transforme en fête Saint-Denis-de-Gastines, un petit village rural du nord Mayenne, le temps d’un week-end. Musiques actuelles, danse, cirque, contes… Le festival, qui repose sur un puissant tissu associatif, se veut aussi éthique qu’éclectique.
Fort·es de plus de vingt ans d’expérience, les organisateur·ices et bénévoles d’Au Foin De La Rue co-construisent chaque année une structure plus inclusive et respectueuse de l’environnement. Cette année, le festival aura lieu les 5 et 6 juillet et peut compter sur Eddy de Pretto, Deluxe, La Fève… mais aussi et surtout sur une centaine de bénévoles à l’année, 1200 lors des festivités. Un engagement qui s’explique notamment par un ancrage local fort et durable, tout au long de l’année.
« On n’a pas “choisi” de s’installer ici, le festival a été créé par des habitant·es, il appartient à son territoire. À l’origine, c‘est parti d’une bande de jeunes de 18 ans qui organisaient la fête de la musique », présente Lisa Bélangeon, coordinatrice du festival. Avec, dès le début, un accent mis sur la scénographie et les arts de rue, pour que le village entier soit une fête le temps du week-end.
Sobriété choisie
De cet attachement sincère et de cette proximité avec Saint-Denis-de-Gastines et ses 1500 habitant·es découle une approche de l‘écologie très « terre à terre », à distance des rapports et audits qui dicteraient quoi faire : « On s’adapte à notre environnement. Les premières années, tout avait lieu dans les rues, puis sur le terrain d’un gîte, mais on est devenu·es un peu trop nombreux·ses pour ces espaces. La ville nous a alors proposé un champ et cela nous convient tout à fait », explique la coordinatrice.
Si on faisait le choix de grossir, on perdrait aussi cette horizontalité qui fait l’ADN du festival
Pour les organisateur·ices, rester à Saint-Denis-de-Gastines est une évidence, avec ce que cela implique. « C‘est aussi une contrainte, un garde-fou qu‘on accepte volontiers. On sait par exemple qu‘on ne pourra pas croître, aller au-delà des 20 000 festivalier·es qu‘on accueille sur le week-end », développe Lisa Bélangeon. Une forme de sobriété choisie qui semble venir assez naturellement et englobe enjeux environnementaux et humains. « Tout se rejoint : si on faisait le choix de grossir, on perdrait aussi cette horizontalité qui fait l’ADN du festival, on devrait raisonner en efficacité, tout mesurer… ».
Ici, pas de réglementation verticale : du terrain, du concret, des avancées qui viennent des connaissances et suggestions des bénévoles. « Notre fonctionnement est très empreint de l’éducation populaire », confirme la coordinatrice.
Des défis et de la pédagogie
En termes de considérations purement environnementales, là aussi, les mesures viennent très concrètement du territoire et de ses habitant·es. Sur la gestion des déchets par exemple : « On organise un festival sur un champ, mais les 363 autres jours de l’année, c‘est un espace de pâturage où évoluent d’autres êtres vivants auxquels on ne veut surtout pas nuire. » Pour sensibiliser les festivalier·es, pas de grands discours, mais une immense photographie du champ et des vaches qui y broutent trône à l’entrée du terrain.
Être un festival rural, c’est aussi évoluer avec un certain nombre de contraintes difficiles à contourner. Notamment en termes de gestion de l’énergie : « On essaie de sortir totalement des énergies fossiles depuis 2009, mais on n’a pas accès au réseau électrique, on fonctionne sur une hybridation entre groupe électrogène et énergie solaire, faute de mieux pour l’instant », admet la coordinatrice d’Au Foin De La Rue.
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Et pourtant, le festival est parvenu à réduire son empreinte carbone de 40% depuis 2016. « On a appris au fur et à mesure à réduire autant que possible notre usage d‘énergie. On est accompagné·es par un militant convaincu qui nous fait grandir sur la question du renoncement. Parfois, c’est du bon sens, comme changer nos appareils de cuisson électriques pour du gaz, déjà moins polluant. C‘est à la portée de tous·tes, c‘est de l’adaptation. »
Du bon sens, mais aussi un gros travail de pédagogie en interne pour faire changer les habitudes, revenir au strict nécessaire, quitte à ce qu’il y ait des petits couacs. « Il y a des prises de risques, il faut accepter de ne pas avoir un deuxième groupe électrogène qui tourne au cas où, soigner ce côté perfectionniste qu’on peut avoir dans l’événementiel… Mais constater que ces ajustements ont un effet concret et pouvoir présenter ce bilan des 40%, ça nous donne vraiment de l’élan pour poursuivre les efforts », assure avec optimisme Lisa Bélangeon.
Festival Au Foin De La Rue, 23e édition les 5 et 6 juillet 2024 à Saint-Denis-de-Gastines (Mayenne). Plus d’informations sur le site du festival.