Lutte contre les îlots de chaleur, biodiversité, loisirs, mobilités douces… Avec le dérèglement climatique, la relation des Lyonnais·es avec le Rhône et la Saône évolue à bon train. Les projets d’aménagement des rives se multiplient et les deux cours d’eau deviennent incontournables dans les politiques d’adaptation au dérèglement climatique.
Face à l’urgence écologique, Lyon peut compter sur deux alliés bien solides : le Rhône et la Saône. Alors que la Mairie et la Métropole de Lyon multiplient les annonces ambitieuses, les deux cours d’eau occupent une place centrale dans le projet porté par les élus locaux. Une tendance qui témoigne d’une « forme de reconnexion des villes à leur fleuve » observée à l’échelle nationale par le professeur en urbanisme, Jean Debrie.
Des arbres et des piscines
Entamées il y a plus de 15 ans sur la rive gauche du Rhône, la piétonnisation et la végétalisation des fleuves connaissent une accélération ces derniers mois. Avec le projet Terrasses de la presqu’île, les rives de la Saône accueilleront un « jardin fluvial » en face du Vieux Lyon dès l’année prochaine. Il se distingue par une particularité : situés en terrain inondable, ses îlots végétaux sont prévus pour « accueillir sereinement » les crues qui rythment les saisons de la Saône.
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Côté Rhône, le président de la Métropole, Bruno Bernard, a dévoilé ce mois de juin, au terme d’une concertation citoyenne, le futur visage de la rive droite. Au total, ce sont 2,5km d’aménagement faisant la part belle à la végétalisation et à la piétonnisation, au détriment de la voie rapide diminuée de moitié. Un arbitrage justifié par « le partage de l’espace public, la réorganisation des mobilités et le lien au fleuve », explique Béatrice Vessiller, vice-présidente de la Métropole de Lyon à l’urbanisme et au cadre de vie.
Le maire Grégory Doucet insiste lui sur l’adaptation au dérèglement climatique. Il défend la nécessité de rendre les surfaces urbaines perméables face aux risques d’inondation, de créer des îlots de fraîcheur en prévision des canicules, et de freiner l’érosion de la biodiversité. Il se réjouit à la perspective de voir revenir des oiseaux, amphibiens et poissons sur les berges. Dans la même veine, un projet de piscines installées directement dans le Rhône et la Saône est à l’étude, et pourrait être réalisé avant la fin du mandat.
Le retour des navettes fluviales
Si la végétalisation ne rencontre pas d’adversaires majeurs, c’est sur le sujet des mobilités que les tensions apparaissent. La multiplication des voies cyclables et les nouveaux commerces promis dans les espaces piétons ne convainquent pas les élus d’opposition qui craignent que le recul de la voiture ne « transforme la Presqu’île en île ».
Dans ce débat, la majorité rappelle régulièrement sa volonté de lancer, dès 2025, une navette fluviale sur la Saône intégrée au réseau de transports en commun. À terme, huit navires à l’énergie décarbonée devraient circuler sur la rivière, reliant le quartier de Vaise, au nord, au quartier de la Confluence, au sud. Le retour d’une ligne historique qui transportait des millions de Lyonnaises chaque année à la fin du XIXe siècle.