Le principal syndicat du spectacle vivant public, le Syndeac, plaide en faveur d’un ralentissement de l’activité du secteur pour mettre fin à la logique du « toujours plus de spectacles ». Une prise de position ambitieuse, appuyée par la nécessité d’améliorer les conditions de travail et de décarboner le spectacle vivant.
« Mieux produire pour mieux diffuser » : c’est le crédo proposé par le Syndeac (Syndicat des entreprises artistiques et culturelles) dans un livret intitulé « Mutation écologique du spectacle vivant – des défis, une volonté ». Avec ce livret, le syndicat souhaite dépasser « une simple liste des bonnes pratiques » pour penser un « changement de paradigme du secteur », permettant de faire face aux enjeux écologiques, à la crise du secteur et à la paupérisation des équipes artistiques.
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Cette refondation du spectacle vivant passe par la remise en cause de l’approche centrée sur la production de spectacles et la mise en concurrence. « Toujours plus de créations voient le jour chaque année dans de mauvaises conditions de production et sans possibilité d’être véritablement diffusées » déplorent les auteur·ices du rapport qui pointent aussi que cette logique quantitative fait gonfler l’empreinte carbone du secteur en encourageant les déplacements en avion ou l’utilisation de décors jetables.
Sortir de la logique productiviste pour mieux valoriser les créations artistiques
Le syndicat propose alors de proposer moins de spectacles tout en envisageant le travail artistique sous d’autres formes. Concrètement, cela passe par la valorisation des temps de création, de recherche, de transmission et de résidence. « Une équipe artistique existe aussi en dehors des spectacles » rappelle le syndicat. Le syndicat parle aussi de ne plus programmer la fin des spectacles, pour éviter leur « obsolescence programmée ».
Toutefois, le secteur du spectacle vivant reste subordonné aux subventions et aux décisions des pouvoirs publics. En complément des onze engagements pris par les 450 membres du Syndeac, le rapport liste sept recommandations adressées aux pouvoirs publics. On retrouve des mesures pragmatiques liées à la décarbonation (transports en commun, bilan carbone…), mais aussi des propositions faisant office de plaidoyer pour que l’État accompagne le changement de paradigme du secteur à travers la révision des systèmes de subvention et de valorisation du travail artistique. « Notre secteur est prêt à se transformer, il mute déjà et il attend des pouvoirs publics un soutien, un accompagnement, et une vision stratégique de long terme » peut-on lire dans la conclusion du rapport.