Le journaliste Didier Lestrade a préfacé Le Grand Traité du Jardin Punk, ouvrage du paysagiste et pépiniériste Éric Lenoir. Mode d’emploi pour « créer et gérer un jardin quand on est fainéant, rebelle, fauché et écolo », le livre nous invite à pratiquer « selon notre instinct, à revers de bon nombre d’idées reçues ». Rencontre avec un militant du vivant de la première heure.
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Didier Lestrade est un journaliste et écrivain français. Co-fondateur d’Act Up-Paris et du magazine Têtu, il est une figure majeure du mouvement LGBT. En tant que journaliste musical, il a signé de nombreux articles pour le quotidien Libération.
Quels liens faites-vous entre votre activisme LGBT, votre amour pour la musique house et votre passion pour le soin du sol et du vivant ?
« Le jardinage est la base de mon équilibre, et la raison pour laquelle j’ai quitté Paris »
Je suis jardinier depuis mon adolescence et cette passion a traversé ma vie, me donnant du réconfort pendant les années difficiles. C’est la base de mon équilibre et la raison pour laquelle j’ai quitté Paris, il y a presque vingt ans. Mon travail, sur la musique ou le VIH, est basé sur une idée très écologique. Trop de musique, c’est encourager la surconsommation. Se protéger des maladies est aussi une idée de protection sanitaire et sociale, de respect pour la vie qui se trouve aussi dans la préservation des espaces naturels.
Quelles grandes leçons de jardinage, et peut-être de vie, avez-vous retiré de votre rencontre avec Eric Lenoir ?
Tout d’abord son intérêt pour les plantes aquatiques, qui m’ont toujours fasciné. Mais surtout son approche nouvelle face à la nature et le jardinage, et sa conception des jardins. Dans la crise climatique que nous vivons, ses principes tendent vers un respect de la nature, en laissant les choses se faire, ce qui protège la faune et la flore. Il encourage par exemple les jardiniers à ne pas tondre leur pelouse pour stimuler la vie sauvage.
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Ses origines urbaines et prolétaires sont aussi nouvelles dans le paysage des concepteurs de jardins. Eric Lenoir sort des routes habituelles du design de jardin, souvent dirigé vers les grandes fortunes. Son attitude est très politique et militante.
Quels bienfaits tirez-vous aujourd’hui de cette approche du travail de la terre ?
« Jardiner est thérapeutique »
Comme la musique, le jardinage a des vertus apaisantes. Je trouve l’esprit zen en étant manuel. Il est fondamental de faire des choses avec ses mains, surtout à une époque où tout le monde est sur son portable. Jardiner est thérapeutique. Il y a vingt ans, j’ai compris que je voulais vivre à la campagne, avoir « de la boue à mes pieds ». Je réalise désormais que j’ai passé plus de temps à la campagne, où je suis né, qu’en ville, et cela me fait du bien.
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