Depuis 2017, l’association Hameaux Légers accompagne la création d’éco-hameaux partout en France. Face à la spéculation foncière et aux préjugés, elle se mobilise pour rendre les habitats écologiques et participatifs accessibles à tous·tes, accompagnant des projets qui s’ancrent dans les territoires.
« L’appel de la campagne », « le retour à la terre », « habiter mieux ». Après la pandémie de Covid-19, les gros titres de média se sont fait le relais de nouveaux questionnements sur le cadre de vie et la vie hors des villes. Derrière ces formules toutes faites, on retrouve un fourmillement d’initiatives locales et d’éco-lieux qui proposent de nouvelles manières d’habiter, plus écologiques et participatives. Portée par un esprit pionnier, l’association Hameaux Légers se mobilise depuis 2017 pour accompagner ce mouvement et promouvoir la création d’éco-hameaux partout en France.
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Pour cela, elle s’appuie sur les habitats réversibles, des maisons facilement démontables et sans fondations comme les yourtes, tiny houses, mobile homes ou roulottes. Face à la pression foncière et immobilière, ces « habitats légers » à bas coût permettent de rendre accessibles des modes de vie plus durables et collectifs.
« Ce sont des habitats qu’on peut construire soi-même ou acheter pour des coûts acceptables » explique Maud Delacroix, chargée d’accompagnement pour Hameaux Légers. « Mais au-delà de l’aspect financier, ils permettent de faire un cheminement personnel sur ses besoins, de se rendre compte de ce dont on a réellement l’utilité, en termes d’espaces et de matériaux. Ce sont aussi des habitats qui laissent peu d’empreinte sur le territoire. »
Lever les freins à la création d’éco-lieux
« Il faut que les porteurs de projet s’interrogent : qu’est-ce qu’on apporte au territoire ? »
Toutefois, s’installer en habitat réversible se révèle souvent être un véritable parcours du combattant dont le principal obstacle reste l’accès au foncier. Alors pour contourner la spéculation, Hameaux Légers travaille avec des collectivités prêtes à louer un terrain sur le temps long. « Les communes qui nous sollicitent sont souvent en dévitalisation, elles cherchent à attirer des familles, des actifs pour faire vivre l’école, la vie locale » explique Maud Delacroix.
En dissociant la propriété du sol et celle de l’habitat, Hameaux Légers pousse les communes à changer leur rapport au sol, à le considérer comme un bien commun. Les éco-hameaux apparaissent comme une opportunité pour les territoires ruraux, tout en permettant à des foyers à revenus modestes de s’installer. À condition que ces derniers s’ancrent localement sur le territoire. « Ce n’est pas juste à propos des modes de vie écologiques ou de l’habitat participatif, il faut que les porteurs de projet s’interrogent : qu’est-ce qu’on apporte au territoire ? Est-ce qu’il y a un·e médecin dans le groupe ? un·e maraîcher·e ? un·e prof ? » développe Maud Delacroix.
Changer les représentations autour de l’habitat léger
L’association mène aussi un grand travail de formation et d’informations sur le sujet. « En réalité, la plupart des freins à l’installation peuvent être levés en s’appuyant sur les retours d’expériences existants » explique Maud Delacroix au cours du MOOC « S’installer en habitat réversible ».
« Il y a encore beaucoup de préjugés sur leur précarité, leur solidité et puis sur l’image qu’on renvoie à ses voisins »
Pensé par Hameaux Légers, ce cours en ligne est destiné à accompagner les porteurs de projet face aux labyrinthes administratifs, aux obstacles de financement ou aux imprévus liés au fameux « putain de facteur humain » théorisé par Hubert Reeves.
Dans la même optique, Hameaux Légers organise le festival Les Palourdes, du 28 avril au 1er mai à Saffré (44). À guichet fermé, l’événement réunira près de 500 curieux·ses et passionné·es de l’habitat écologique, pour un grand moment de partage d’expériences, d’apprentissages collectifs et d’inspirations mutuelles. Une manière aussi de « construire un imaginaire différent », joyeux et festif, autour des habitats alternatifs. « Il y a encore beaucoup de préjugés sur leur précarité, leur solidité et puis sur l’image qu’on renvoie à ses voisins » déplore Maud Delacroix. « Pourtant, ce qu’on remarque, c’est que souvent les premiers hameaux légers qui s’installent changent radicalement les représentations, ils font même souvent boule de neige autour d’eux. »
Festival Palourdes, du 28 avril au 1er mai à Saffré (44) – Retrouvez pus d’informations sur le site d’Hameaux Légers.