Lors du Congrès mondial de la nature de l’UICN, le gouvernement a annoncé la création de cinq nouvelles aires protégées, dont deux sous protection forte. Deux Parcs naturels régionaux en Occitanie et dans le Doubs seront créés, un site Natura 2000 en Normandie sera étendu, une réserve intégrale sera créée en Provence-Alpes-Côte d’Azur et la réserve naturelle d’Iroise en Bretagne sera étendue.
En janvier 2021, le gouvernement présentait sa nouvelle stratégie pour les aires protégées pour les 10 ans à venir. L’objectif est clair : protéger 30% des espaces naturels nationaux – terrestres et maritimes – d’ici à 2030, dont 10% en protection renforcée, contre 1,8% actuellement. Des mesures indispensables pour un pays comme la France qui abrite une grande variété d’espèces – environ 10% des 1,8 million d’espèces connues sur notre planète – et qui possède le deuxième espace maritime mondial.
Quelques mois plus tard, c’est donc à l’occasion du Congrès mondial de l’Union internationale pour la conservation de la nature, à Marseille, que Bérangère Abba, secrétaire d’État chargée de la Biodiversité, a annoncé la création de cinq nouvelles aires protégées, dont deux sous protection forte.
De nouvelles aires, de l’Occitanie au Mercantour
Deux nouveaux Parcs naturels régionaux vont être créés pour « développer l’action en faveur du patrimoine naturel dans les territoires ». Le premier, le Parc naturel régional Corbières Fenouillèdes, d’une superficie de 180 000 hectares, est situé en Occitanie, à cheval entre les Pyrénées-Orientales et l’Aude. Le second, le Parc naturel régional du Doubs Horloger, en Bourgogne Franche-Comté, couvrira 103 918 hectares et viendra protéger un territoire transfrontalier entre la France et la Suisse. Ces deux Parcs deviennent respectivement les 57e et 58e membres de la famille des Parcs naturels régionaux.
Également, une réserve intégrale de 481 hectares, c’est-à-dire un espace protégé, laissé en libre évolution, sera créé au sein du Parc national du Mercantour, en Provence-Alpes-Côte d’Azur, et « permettra d’étudier l’évolution des milieux alpins sur le long terme, dans un contexte de changement climatique ». La réserve naturelle nationale d’Iroise en Bretagne passera, elle, de 39 à 1 129 hectares, et le site Natura 2000 des anciennes carrières de la vallée de la Mue en Normandie sera également étendu, passant de 173 à 198 hectares.
Les contours de la future stratégie nationale pour la biodiversité
Cette stratégie nationale pour les aires protégées s’inscrit dans le cadre d’une stratégie bien plus large, également présentée lors du Congrès : la Stratégie nationale pour la biodiversité 2021-2030. Cette feuille de route doit fixer « le cap de l’action de la France pour les dix années à venir pour inverser la trajectoire de déclin de la biodiversité ». Quatre axes structurants ont été présentés : la restauration et la protection des écosystèmes, l’utilisation durable et équitable des services et ressources de la biodiversité, la mobilisation de la société par la sensibilisation et la formation et une gouvernance efficace et inclusive.
Même si ces annonces semblent, dans l’ensemble, avoir plutôt bien été accueillies, certaines organisations reprochent au gouvernement une « stratégie de papier c’est-à-dire sans traduction sur le terrain ; une politique biodiversité fonctionnant au coup par coup, sans cap clair et sans approche structurelle. En d’autres termes, une politique d’effets d’annonces, incapable de mobiliser des moyens suffisants face à une nature en pleine souffrance », comme le rapporte Libération.
Et maintenant, des actes
« L’ossature de cette stratégie est satisfaisante, mais on reste à un niveau très général. (…) Il faudra voir au cours des cent prochains jours ce que l’on met dedans et quels arbitrages seront pris entre les différents ministères », lance également Bernard Chevassus-au-Louis, le président de l’association Humanité et biodiversité, au journal Le Monde.
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En France, l’artificialisation des sols, conséquence directe de l’extension urbaine, est aujourd’hui l’une des causes premières du changement climatique et de l’érosion de la biodiversité. Chaque année, entre 20 000 et 30 000 hectares sont artificialisés en France. D’autres chiffres : sur le territoire, 14% des mammifères, 24% des reptiles, 23% des amphibiens et 32% des oiseaux sont menacées. C’est peu dire que les mots ne suffisent plus.