À l’occasion de la première édition d’Agir pour le Vivant, les Rencontres d’Arles ont proposé une rencontre avec l’écrivain et réalisateur Cyril Dion au Théâtre Antique. Le militant écologiste a pris la parole sur la nécessaire construction d’un nouveau récit autour de l’écologie pour, dit-il, supplanter le récit consumériste et capitaliste dominant.
Pour Cyril Dion, « nous sommes une espèce fabulatrice. Nous passons notre temps à agréger des faits, à leur donner du sens, à raconter des histoires ». Après un bref voyage à travers les époques, le militant écologiste est revenu sur la bataille idéologique qui s’est jouée lors de la première moitié du XXe siècle et qui a vu le capitalisme triompher. « C’est dans ce récit que nous sommes aujourd’hui bloqué, et qui montre clairement ses limites écologiques », explique-t-il.
« Combien nous serons à porter, à générer, à partager et à soutenir ces nouveaux récits ? »
Si ce récit écologiste a connu un arrêt brutal à la fin des années 1970, il se réinvente aujourd’hui sous d’autres formes. Le réalisateur cite notamment les actions de L214, d’Extinction Rebellion ou encore les prises de paroles des jeunes autour de la Suédoise Greta Thunberg. « Aujourd’hui, la question est de savoir de quelle manière nous allons trouver un espace dans lequel nous pourrons élaborer non pas un mais des récits qui nous réenchâssent avec le vivant, qui nous remettent à notre place, à savoir une espèce parmi les espèces », interroge le réalisateur.
« Ce qui, en général, permet des transformations profondes dans nos sociétés, c’est la conjonction de trois facteurs : l’émergence de nouveaux récits, les luttes et les circonstances historiques. Aujourd’hui, ces nouveaux récits émergent de multiples façons, les luttes sont engagées et les circonstances historiques sont apportées par le dérèglement du climat et la disparition de la biodiversité. L’issue est incertaine. La question est de savoir combien nous serons à porter, à générer, à partager et à soutenir ces nouveaux récits », conclut-il.
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Photo : Benjamin Cayzac / Rencontres d’Arles