Amina, Sami et Jennyfer sont lycéens à Villepinte en Seine-Saint-Denis. Avec leur classe, les étudiants ont enquêté sur EuropaCity, gigantesque projet de parc de loisirs – aujourd’hui abandonné – qui impliquait d’urbaniser 280 hectares de terres agricoles en Île-de-France. Une quête racontée dans le film Douce France, en salle à partir du 16 juin.
230 000 m² de commerces, de bureaux et d’hôtels, autour d’un parc aquatique et d’une piste de ski, voilà le projet EuropaCity, porté par le groupe Auchan et son partenaire chinois Wanda, qui devait s’établir sur 280 hectares de terres agricoles à Gonesse, en Île-de-France. Un projet gigantesque, très largement décrié, qui a finalement été abandonné par le gouvernement en novembre 2019.
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En 2017, Amina, Sami et Jennyfer, trois jeunes du lycée Jean-Rostand de Villepinte (Seine-Saint-Denis), découvrent EuropaCity à travers un spot publicitaire. Si, au départ, les étudiants avouent être plutôt séduits par le projet de parc de loisirs, leur point de vue évolue au fil d’une enquête au cours de laquelle ils rencontrent des habitants de leur quartier, des promoteurs, des agriculteurs ou encore des élus de l’Assemblée nationale. Finalement, les lycéens prennent conscience de leur capacité à décider pour eux-mêmes de l’avenir de leur territoire. Un récit raconté dans le film Douce France, réalisé par Geoffrey Couanon et projeté en salle à partir du 16 juin.
Questionner le vivre ensemble
« Où et comment se relie-t-on les uns aux autres ? »
Initialement intitulé « La valeur de la terre », en rapport à l’urbanisation croissante au détriment du maintien de l’agriculture, le documentaire a été renommé Douce France pour mieux coller aux différents sujets abordés par les lycéens : leur rapport aux périphéries urbaines, à la terre, à la ville, à la consommation, à la démocratie. « Ce titre pose des questions sur le territoire et notre vivre ensemble : comment habiter, travailler, se nourrir, vivre et se rencontrer, explique Geoffrey Couanon. Où et comment se relie-t-on les uns aux autres ? Dans un parc d’attractions, dans un centre commercial, ou dans d’autres lieux, un quartier, une ressourcerie ou une AMAP ? »
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Manifeste joyeux pour enclencher cette « transition du monde d’après », Douce France donne la parole aux jeunes, à leurs idées reçues, leurs incompréhensions, leurs questionnements et déclics. « Leurs regards, leurs doutes, racontent aussi beaucoup des enjeux auxquels nous sommes aujourd’hui confrontés : comment inclure l’ensemble de la population au mouvement de transition ? », abonde le réalisateur.
Changer de trajectoire
Plus qu’un reportage sur la situation de Gonesse à un moment T, le film veut être un « outil miroir », à une époque où de nombreux territoires sont en réflexion sur un changement de trajectoire. Urbanisme, agriculture, alimentation, transition, économie, commerce, redynamisation des quartiers et des centres-villes, emploi, politiques publiques, éducation, démocratie participative, solidarités, économie circulaire, sociale et solidaire sont autant de sujets qui émergent tout au long du film.
Si EuropaCity a été abandonné, plusieurs projets d’urbanisation des terres du triangle de Gonesse sont, eux, maintenus, notamment la création d’une station de métro du Grand Paris Express, une annexe du marché alimentaire de Rungis et une cité scolaire consacrée aux métiers de l’hôtellerie et de l’agriculture.