Cette année 2020 aura été compliquée pour la culture. Enfin, tout dépend laquelle. Leur tournée de concerts mise de côté, Peet et Morgan du groupe de rap Le 77 se sont tournés vers le jardinage. Quand d’autres musiciens jouaient en livestream, eux filmaient l’évolution de leurs plants de tomates. Pas banal pour une colocation de rappeurs. Un nouveau passe-temps qui a pris de plus en plus de place dans leur vie, au point de stimuler leur créativité musicale.
En se baladant cet été à Uccle, petite commune au sud de Bruxelles, le promeneur avait de grandes chances de tomber nez à nez avec de beaux pieds de tomates, plantés au milieu des lopins de terre publics, juste au bord de la route. Cette initiative originale, le quartier l’a doit à Morgan Van der Ghinst. Le beatmaker du groupe de rap bruxellois Le 77 cultive un amour inconditionnel pour le jardinage depuis quelques années. « Les voisins ont directement kiffé l’idée des tomates ! Je laissais les parents et les enfants se servir dès qu’elles étaient mûres », s’amuse le jeune homme.
Une passion partagée avec son pote et colocataire : le Docteur Peet. Avant d’être apprentis jardiniers, ces deux Bruxellois sont d’abord connus pour le groupe de rap qu’ils formaient avec Félé flingue, Le 77. Un projet qu’ils viennent de stopper pour se concentrer sur leurs carrières solo. Morgan et Peet vivent toujours ensemble avec Rayan, leur manager. Si ce dernier apprécie la démarche verte de ses colocataires, seuls Morgan et Peet entretiennent les 100m2 de terrain naturel au fond duquel ils se sont même aménagés un studio d’enregistrement.
Une véranda aux airs de serre botanique
« Tout a démarré dans ma première colocation avec jardin à Wemmel, au nord de Bruxelles. Je vivais avec un couple, j’avais donc beaucoup de temps pour moi, s’amuse Morgan. J’ai commencé par arranger le terrain pour y semer du gazon, puis je me suis intéressé au bouturage de plantes vertes. Et j’en suis venu à faire pousser du basilic, des pieds de tomates, des patates et même des trucs dont j’avais aucune idée. C’était expérimental ! » Profitant d’une belle exposition au soleil et de la fertilité de la terre de Wemmel, le producteur se retrouve avec un très beau premier potager.
« C’est un peu comme avec la musique. Tu produis ton album, les gens le découvrent puis tu en récoltes les fruits. »
Conscient de sa chance de débutant, le jeune homme tombe « amoureux de ses plantations ». À cette époque, Peet observe avec attention les premières expérimentations botaniques de son pote beatmaker. En janvier 2020, lors de leur emménagement en colocation à Uccle, les deux compères investissent directement le terrain derrière leur maison. « Dès le début du confinement, on y a installé notre jardin. On a semé des potimarrons, des patates, plusieurs variétés de tomates, des courgettes, des aubergines, des carottes, des piments, des haricots », liste Peet.
Dans la maison, des plantes vertes habillent les pièces de part et d’autre. Leur véranda, truffée d’herbes en pots, a des allures de serre botanique. « Du basilic, de la sauge, du thym, de la menthe et plein d’autres espèces », continue Morgan. Si ce hobby leur a demandé davantage d’investissement au printemps, les deux artistes ont eu plaisir à regarder la nature faire son travail les mois suivants. « C’est un peu comme avec la musique. Tu produis ton album. Les gens le découvrent puis tu en récoltes les fruits », compare le docteur Peet, tout en poésie.
Fleurs confinées
C’est d’ailleurs pendant cette même période de confinement que les deux colocataires planchent sur leurs projets solos respectifs. Au mois de juin, Peet sort son troisième EP, PEPER, dans lequel on retrouve plusieurs mentions à sa nouvelle occupation favorite. « Ma vie c’est jardin, c’est détente. Le soleil donne du love à mes plantes », chante-t-il dans « Todo Bien ». « Dans mes morceaux, je parle généralement de ce que je vis. Au début du printemps, j’étais à fond dans le potager. Automatiquement, j’aborde le sujet sur quelques titres, mais je ne vais pas y consacrer un album entier, nuance le rappeur. Avoir d’autres activités à côté de la musique m’a toujours inspiré. »
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« En commençant à jardiner, je me suis également intéressé de près aux fleurs. On compte bien une cinquantaine d’espèces différentes autour de la maison. »
De son côté, Morgan publie un premier live acoustique au mois d’avril. Une performance guitare voix annonciatrice d’un projet bien plus pop que ce qu’il produisait pour Le 77. Habitué à le voir sautiller derrière ces boîtes à rythme sur scène, le public découvre agréablement la douceur de la nouvelle facette artistique du garçon. Début novembre, Morgan met en ligne Fleurs Confinées, son tout premier EP solo. « En commençant à jardiner, je me suis également intéressé de près aux fleurs. On compte bien une cinquantaine d’espèces différentes autour de la maison. J’apprécie énormément leur beauté. Je m’en suis naturellement inspiré pour l’esthétique de l’album », confie le compositeur.
En plus d’une source d’inspiration, ce potager à la maison leur apporte « une grande satisfaction ». Même s’ils sont encore loin d’être autosuffisants, les deux comparses ajoutent fièrement leurs légumes dans leurs plats quotidiens. « Le but ultime serait d’avoir un immense jardin pour être vraiment plus autonomes. Mais pour l’instant, entre la musique et nos boulots alimentaires, on ne peut pas encore se lancer à 100 % là-dedans », regrette Peet. En attendant, Morgan souhaite apprendre à cultiver d’autres légumes de saison que ceux du printemps mais également étendre son idée de parcelles sur les lopins de terre publics dans sa rue : « Tous les gens qui en ont la possibilité devraient avoir un espace vert chez soi. Notre potager est très apprécié dans notre quartier de jeunes parents et de petits vieux, alors autant en faire profiter tout le monde ! »
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