Renvoyer sa paires de sneakers usées pour en concevoir une nouvelle ? C’est l’idée des Français d’Hodei, un « projet », plutôt qu’une marque, dont la première chaussure vient d’être lancée en précommande en France. Mieux, cette dernière est en open source, et chacun peut affiner le modèle à dessein. Une folie esthétique et technique déjà appréciée par Folamour, C2C ou encore NSDOS.
Cet article est réalisé par Pioche! en partenariat avec Trax, le magazine des musiques électroniques et des cultures en mouvement.
21kg. C’est la quantité de matières premières nécessaires à la fabrication d’une basket selon l’association Zero Waste France. Avec jusqu’à 40 matériaux différents cousus ou collés ensemble, la basket est la bête noire de l’habillement durable. Difficilement recyclable, notre paire de sneakers finit ainsi souvent incinérée ou enfouie.
« Le principal souci, c’est le désassemblage, explique Benjamin Camy. Pour recycler les différents éléments proprement, il faut pouvoir les séparer en amont. » Ou concevoir une chaussure constituée d’une seule matière. C’est l’idée fixe qu’a poursuivie ce pharmacien de métier pendant 4 ans avant de lancer sa propre marque, Hodei.
Silent Runner
Passionné de sneakers « mais pas non plus collectionneur », Benjamin a lancé les précommandes de sa première paire, la Silent Runner, en février. Un véritable vaisseau spatial dans le monde de la shoes tant elle sort des canons habituels. « Je voulais qu’elle puisse s’enfiler sans les mains, comme une sandale, faire ce que l’on veut comme en sneakers, avec la sensation d’être en chausson toute la journée. »
Surtout, la première Hodei est une innovation technique unique et durable. La Silent Runner est ainsi faite d’un seul élément, le “core”, dont le plastique est consigné et recyclable par Hodei. Sur celui-ci s’accroche un “kit” clipsable (lacets, bagues de passage et lanière en cuir) qui se conserve pour l’installer sur sa prochaine paire. « L’objectif était d’avoir le moins de matériaux possibles pour la désassembler facilement », retrace le fondateur d’Hodei.
« On se définit plus comme un projet que comme une marque, l’idée est d’être en amélioration continue. »
Une fois usée, « au bout de deux ans environ », l’utilisateur peut déclipser son “kit” et renvoyer son “core” à Hodei dans une enveloppe (celui-ci ne pèse que 180 g) afin de recréer de nouveaux chaussons. « Le cycle de vie des produits étant assez court dans la mode, l’idée ici est que les constituants aient une durée de vie plus longue que le produit en lui-même ».
Fait en France
Comme souvent, la principale difficulté pour Benjamin Camy a été de faire fabriquer sa chaussure en France. Une société rencontrée au sein de la communauté open-source Precious Plastic lui fournit le plastique recyclé pour le “kit”, le cuir est lui issu des chutes de l’industrie textile. Pour le “core”, fait de mousse expansée en plastique EVA, comme pour les Crocs – « la seule option possible pour faire une chaussure en un seul matériau » – l’ancien fabricant a dû solliciter deux entreprises françaises.
La première, située à Dijon, fait de l’EVA expansé mais pas pour des chaussures. La seconde réalise des moules de chaussures mais pas pour de l’EVA expansée. Plusieurs réunions à trois et deux ans de tests permettent à cette technique d’apparaître en France. « Ces savoir-faire se trouvent désormais en Chine, ça me rend assez fier de relancer cette production ici. »
Open source
Hodei ambitionne par la suite de proposer à tout à chacun d’imprimer ses chaussures chez soi grâce à l’impression 3D. Une série d’ateliers devrait bientôt avoir lieu pour apprendre à faire ses kits et ses modèles, avec une plateforme dédiée où montrer ses créations et faire part de ses envies. « On se définit plus comme un projet que comme une marque, l’idée est d’être en amélioration continue. »
Original, le concept a terminé parmi les gagnants du premier concours de design durable Futur Fashion Now, organisé à Shangaï par l’école WeDesign. Les premières annonces sur Instagram ont également vite séduit, en particulier dans le milieu des musiques électroniques. « On a été surpris de voir très vite réagir des artistes comme Folamour ou C2C, surtout que ça fait clairement partie de notre univers. »
Parmi les premiers accros à la marque, qui ont d’ailleurs cédé leur image pour la première campagne Hodei, le musicien et chanteur Jardin, la Filles de Blédardes Kahina Djemani, mais aussi l’artiste transdisciplinaire NSDOS. « Il a adoré les chaussures et son aspect, il travaille en ce moment à créer une chaussure avec nous. » Une collaboration évidente entre deux aliens hyper-créatifs.
La Silent Runner, d’Hodei, 130€ (+ 10€ d’éco-deposit), est en précommande ici.