Martin Bertrand découvre l’Oasis Kerlanic dans la campagne reculée Centre Bretagne en 2017. Le photographe, membre du studio Hans Lucas, décide alors de documenter par l’image le quotidien de cette communauté autonome. Résultat : un reportage en trois chapitres où la sobriété heureuse se conjugue avec la nature et l’esprit du collectif.
Depuis son enfance, Martin Bertrand a toujours été attiré par les arts. Ses vacances étaient chaque fois accompagnées d’un appareil photo jetable, ses premier pas dans cet univers. La découverte de la photographie est véritablement apparue à ses 14 ans. De nature hyperactive, il est très vite séduit par l’instantanéité du médium photographique.
Au fil de ses expériences, il prend rapidement conscience de la force de la photographie et des possibles qui s’ouvrent à lui en matière de voyage et de découvertes. Sa curiosité lui permet de porter un regard singulier sur ses contemporains et sur le monde dans lequel nous vivons. À travers ses nombreux projets personnels, il s’intéresse notamment à la jeunesse et aux enjeux géo-environnementaux, le XXIe siècle et les chamboulements qui l’accompagnent, à l’image de cette communauté autonome du centre Bretagne, regroupée sous le nom d’Oasis Kerlanic.
Oasis Kerlanic – Chapitre 1
Dans la campagne reculée du Centre Bretagne, au bout d’une route que le GPS peine à indiquer, on finit par atteindre le lieu-dit Kerlanic, appelé par ses résidents « Oasis Kerlanic ». Il a été surnommé comme cela car, pour quelqu’un qui cherche à fuir la frénésie de notre société, c’est comme s’il était dans le désert et qu’il trouvait, au milieu de nulle part, une oasis.
Il s’agit d’un lieu où l’on vit en autonomie et en adéquation avec la nature, un lieu où chacun est le bienvenu et qui prône un mode de vie alternatif.
C’est l’hiver sur l’Oasis Kerlanic, une communauté au coeur du Centre Bretagne qui vit en autonomie alimentaire et énergétique. Le froid et l’humidité de ce mois de janvier impose une vie rude. Les bâtiments sont peu isolés. Le poêle à bois du salon devient ainsi le point de rendez-vous pour les âmes en quête de chaleur. Il est nécessaire d’aller souvent couper du bois dans la forêt mais, comme le répète Audrey, « pas question de prendre plus que ce que la forêt nous offre » ; seul le bois des arbres tombés est récolté.
À la nuit tombée, les bouilloires ne cessent de siffler afin que chacun remplisse sa bouillotte d’eau chaude. Tandis que, au petit matin, il est très difficile de sortir des couvertures tellement l’air est glaçant.
On se rassure en se disant que nos aïeux vivaient ainsi.
C’est un nouvel été à l’Oasis Kerlanic, la pandémie de Covid-19 a également joué un rôle ici et les choses ont changé. Audrey nous raconte :
« J’ai été au courant en appelant une amie par hasard que les écoles allaient être fermées, j’ai ensuite appris pour le confinement. Clairement, j’ai de tout de suite eu peur des comportements humains, c’est ce qui m’a fait le plus appréhender. Peur du sentiment de peur qui aurait pu engender la colère et la violence. J’ai également eu de l’espoir, l’espoir qu’on arrête de produire en Chine, que les gens consomment différemment, que les parents passent plus de temps avec leurs enfants et commence à se parler. »
Au-delà de l’imaginaire collectif qui associe encore l’écologie aux populations aisées des centres-ville, les initiatives écologiques foisonnent dans les quartiers...