À Lyon, la start-up Ekoïa a inventé une coque de portable faite à partir de cannes à sucre et de bouchons de liège. Consignée, le consommateur peut la renvoyer à l’usine pour la recycler et en créer de nouvelles. Une belle manière d’adapter le principe d’économie circulaire à nos objets du quotidien en plastique.
Et si nos produits de consommation courante étaient renvoyés au fabricant après leur utilisation afin d’en recréer de nouveaux ? Un principe simple de consigne et de recyclage, parfois appliqué aux emballages et aux bouteilles, que la start-up lyonnaise Ekoïa souhaite étendre aux objets du quotidien. Leur méthode : repenser ces produits dès leur production pour les adapter à l’économie circulaire, et « orienter notre rapport à l’objet vers l’usage plutôt que vers la propriété ».
« Le fabricant doit être responsable de ses produits même après l’achat, ce n’est pas au consommateur de faire le reste. »
Pour amorcer ce « changement de paradigme », Maxime Prou et Jean-Charles César, les deux trentenaires à la tête d’Ekoïa, ont ciblé un produit possédé par près de deux milliards de personnes dans le monde, la coque de smartphone. Un objet « totem » pour ces deux amis lyonnais qui vise en premier lieu la « démocratisation de l’économie circulaire ». « On pose toujours son téléphone sur la table, c’est un média parfait pour ouvrir la discussion et pour que le public s’empare de ce combat », assure l’ancien ingénieur en télécom Maxime Prou.
Une coque en canne à sucre et en liège
Dix mois de recherche ont été nécessaires pour concevoir la première coque, dénommée « Infinie », et la faire fabriquer en Bourgogne par une PME labellisée EPV (entreprise du patrimoine vivant, valorisant un savoir-faire d’excellence). Le résultat est une coque fabriquée à partir de résidus de cannes à sucre et de bouchons de liège recyclés « 100% recyclable et biosourcée à 90% ». « Il n’existe pas de plastique 100% biosourcé, explique Jean-Charles César, ingénieur en plasturgie de métier. Il y a toujours une partie pétrosourcée qui n’est pas compostable et est néfaste pour l’environnement, malgré ce que vante certaines marques. » Raison de plus, pour Ekoïa, de recourir à la consigne pour réutiliser ces matériaux polluants.
« 100% recyclable et biosourcée à 90% »
Concrètement, chaque coque usagée peut être renvoyée à l’usine par courrier grâce à un bon de retour gratuit créé lors de l’achat. Le prix de la coque suivante est alors diminué du montant de la consigne. La première coque, elle, est nettoyée, broyée et refondue pour en créer une nouvelle. Un système conçu au plus simple pour éviter les freins au retour de la coque. « Notre première préoccupation, dès l’élaboration du design, a été la fin de vie du produit, précise Maxime Prou, le fabricant doit être responsable de ses produits même après l’achat, ce n’est pas au consommateur de faire le reste. »
La philosophie Ekoïa
À l’avenir, le duo réfléchit à installer des points de collecte physiques dans les commerces promouvant le zéro déchet, et travaille déjà sur l’aspect logistique afin de demander le moins de transport possible. La société a aussi noué un partenariat avec Opopop pour livrer dans des colis en tissu upcyclé, eux-mêmes consignés, et s’engage à reverser 1% des ventes au mouvement 1% Pour La Planète. Lancée début novembre, leur campagne de précommandes (au tarif de 32€) est d’ores et déjà un succès. Les premières livraisons sont prévues pour fin janvier. De quoi amorcer sereinement la réflexion sur les prochains produits Ekoïa.
Impossible toutefois d’imaginer la coque « Infinie » chez Darty ou Boulanger. « L’esprit de la consigne doit être expliquée dès le départ, il y a une part de pédagogie, on ne vise donc pas ce type de magasins », affirme Jean-Charles César. Aussitôt rejoint pas son camarade : « Dans une école, une professeure s’est servie du projet pour présenter le concept d’économie circulaire à ses élèves, voilà la philosophie Ekoïa. »