Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a annoncé qu’il ne signera pas de nouvelle dérogation à l’interdiction d’usage des néonicotinoïdes, les pesticides « tueurs d’abeille ». Cette déclaration met fin à un long feuilleton juridique sur leur utilisation en France.
C’est officiel. Les néonicotinoïdes ne seront plus utilisés en France et en Europe. Ce lundi, le ministère de l’Agriculture a confirmé que la France se conformera au droit européen qui a interdit cette substance en 2018.
Surnommés les « tueurs d’abeilles », les néonicotinoïdes sont des insecticides employés par les agriculteur·ices pour lutter contre les nuisibles. En France, ils sont principalement utilisés dans les cultures de betteraves sucrières pour limiter les invasions de pucerons, porteurs du virus de la jaunisse.
Cette classe d’insecticides est officiellement interdite depuis 2018 en France et en Europe, en raison de leur nocivité pour la biodiversité et la santé humaine. Toutefois, le Sénat avait accordé une dérogation aux betteravier·es français·es en 2020. Cette « autorisation d’urgence » visait à préserver la filière sucrière française, à la suite d’une épidémie de jaunisse exceptionnelle. La dérogation avait ensuite été étendue chaque année jusqu’en 2023.
Des indemnités prévus pour les agriculteurs
Le 19 janvier dernier, la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) a réaffirmé l’interdiction des néonicotinoïdes, et s’est opposée à toute dérogation. Quatre jours plus tard, le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau a abandonné sa volonté de signer une nouvelle dérogation d’utilisation pour 2024. « La décision de la Cour de justice est suffisamment puissante pour ne pas déstabiliser encore plus le système » a t-il reconnu. Il a toutefois tenu à rassurer les agriculteur·ices inquiet·es en assurant qu’un fond d’indemnisation serait mis en place en cas de réduction des récoltes.
« C’est une grande victoire pour la biodiversité, que nous encourageons et attendions depuis des années. » se réjouit Allain Bougrain-Dubourg, président de la Ligue de protection des oiseaux (LPO). « La décision du gouvernement témoigne que la protection de la biodiversité, le respect du droit européen et la garantie du revenu des agriculteur·ices peuvent être conciliées. »