À rebours de la dynamique d’expansion du trafic aérien à la suite de la pandémie COVID, l’aéroport d’Amsterdam s’engage pour réduire le nombre de vols. Principale cible : les vols de nuit et les jets privés, pointés du doigt pour leurs « nuisances sonores et leurs émissions de CO2 disproportionnées ».
« Pendant trop longtemps, nous avons pensé à la croissance mais trop peu à son impact. Une telle citation n’émane ni d’une ONG écologiste, ni d’un scientifique du GIEC, mais bien de Ruud Sondag, le PDG du plus grand aéroport des Pays-Bas. Dans un communiqué publié ce mardi, le Royal Schiphol Group en charge de l’aéroport d’Amsterdam a présenté une série de mesures ambitieuses destinées à limiter le trafic du troisième hub aérien d’Europe.
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Dès 2025, les jets privés et les vols de nuit seront bannis du tarmac de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Une décision qui fait suite à la demande du gouvernement néerlandais de réduire progressivement le trafic aérien. « La seule façon d’avancer est de devenir plus silencieux et plus propre plus rapidement » a avancé Ruud Sondag, justifiant dans le même temps l’abandon du projet d’extension de l’aéroport.
C’est un signal fort envoyé aux riverains et aux militants écologistes mobilisés depuis plusieurs années. En novembre dernier, plus de 500 membres d’Extinction Rebellion et de Greenpeace s’étaient introduits dans l’aéroport, s’installant ou circulant à vélo sur les pistes pour alerter sur les dégâts environnementaux des jets privés, ainsi que sur les injustices climatiques que ces derniers cristallisent. Des arguments repris par le communiqué de l’aéroport qui rappellent que les jets privés « causent des nuisances sonores et des émissions de CO2 disproportionnées par passager, environ 20 fois plus par rapport à des vols commerciaux ».

Ces décisions se sont heurtées à une levée de boucliers du côté de l’industrie aéronautique. À la suite d’une saisine de la compagnie aérienne KLM, la justice néerlandaise a invalidé ce mardi le décret du gouvernement visant à plafonner le trafic à 460 000 vols par an dès cet hiver, contre 500 000 avant la pandémie de COVID. Une décision regrettée par Greenpeace qui déplore que « le grand pollueur KLM porte ainsi une gifle aux riverains, au climat et au gouvernement ». Une longue bataille judiciaire s’annonce, ouvrant la porte au débat sur la décroissance du secteur aérien en Europe.