Après des incendies ravageurs en 2022, comment protéger les forêts pour l’été à venir ? Puisque la moitié des départs de feu sont dus à des erreurs humaines, la sensibilisation du public s’avère être l’un des enjeux les plus importants à court terme. Luc Langeron, directeur du département d’information et de prévention de l’Entente pour la forêt méditerranéenne, nous explique comment éviter au maximum les éclosions de feux.
Article en partenariat avec Diffuz – la plateforme solidaire de la MACIF
66 000 : c’est le nombre d’hectares d’espaces naturels partis en fumée l’été dernier en France, des Landes au Jura en passant par la Gironde. Un bilan sept fois plus important que la moyenne des quinze dernières années, qui a touché des départements jusqu’ici épargnés.
La situation, favorisée par le réchauffement climatique, pourrait être amenée à s’aggraver : d’après certains scientifiques, cet été exceptionnel pourrait devenir la norme d’ici 2050. Mais même dans des conditions de grande sécheresse, la majorité des départs de feux pourrait pourtant être évitée, puisque 95 % d’entre eux sont d’origine humaine.
« Diffuser la culture du risque »
Dans ce contexte, la sensibilisation du public aux causes d’incendie est un enjeu de plus en plus crucial. C’est le travail de Luc Langeron, directeur du département d’information et de prévention de l’Entente pour la forêt méditerranéenne, établissement public chargé de la formation des acteurs de sécurité civile et de la recherche sur la lutte contre les incendies. Pour le spécialiste, il est essentiel de « diffuser la culture du risque ».
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« Le réchauffement climatique va augmenter la saison des feux mais on n’est pas condamnés à des étés catastrophiques »
« Le réchauffement climatique va augmenter la saison des feux, qui peut désormais s’étendre de mai jusqu’à octobre. Durant cette période, l’état de sécheresse de la végétation est un facteur déterminant pour augmenter les conditions d’éclosion et la vitesse de déplacement des feux, mais on n’est pas condamnés à ces étés catastrophiques », espère Luc Langeron.
« On connaît bien les causes principales d’incendie : les mises à feu volontaires représentent 40 %, la foudre est la seule cause naturelle. Une situation sur deux est due à l’imprudence et à la méconnaissance », explique-t-il. L’enjeu est donc d’empêcher la source de chaleur, l’étincelle qui mène à la catastrophe.
Des gestes simples pour éviter les départs de feu
Les bons gestes à connaître sont simples : il est interdit de fumer et de faire des feux de camp en forêt ou à moins de 200 mètres d’un espace boisé, été comme hiver. Il est aussi banni de faire brûler des déchets verts dans son jardin, à toute saison. Enfin, lorsqu’on fait des travaux, les instruments type débroussailleuse, disqueuse ou tondeuse peuvent produire des étincelles. Selon le lieu et le moment de l’année, leur utilisation est soumise à des réglementations, et peut nécessiter une autorisation.
Que faire quand les flammes sont déjà parties ? Il est conseillé d’appeler immédiatement le 112 ou le 18, et de rester au téléphone avec l’opérateur pour répondre à ses questions sur la progression du feu. « Il ne faut pas prendre de risque inutile en tentant d’aller au contact de l’incendie, mais évacuer et laisser les professionnels faire leur travail », insiste Luc Langeron.
« Les feux de forêts sont responsables de 10 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre »
Depuis les feux de 2022 en Gironde, le grand public semble davantage informé sur la question, et Luc Langeron remarque que les départs de feu ont baissé ces dernières années dans la région Méditerranée, même s’ils continuent à augmenter dans l’ensemble de la France. Les images catastrophe venues d’Australie ou de Californie ont contribué à sensibiliser le public dans le monde entier.
Comme pour l’ensemble des questions liées au réchauffement climatique, l’enjeu est ici global : « après un incendie, la forêt met 30 ans à reconstituer le carbone brûlé. Dans le monde, les incendies sont responsables de 10 % des émissions de gaz à effet de serre », rappelle Luc Langeron, qui prépare actuellement un programme de prévention inédit, avec 100 jours de sensibilisation autour des feux de forêt dans toute la région méditerranéenne.
