Depuis 2018, la marque de vêtements au Juste propose des vêtements 100% recyclés et fabriqués en France. Un engagement écologique et social fort qui s’inscrit dans ce nécessaire mouvement opéré par l’industrie textile vers une confection plus éthique et éco-responsable. Rencontre avec Violaine, co-fondatrice de la marque.
au Juste, c’est d’abord une histoire de famille. Celle de Gonzague et Violaine, frère et sœur, qui décident de lancer leur propre marque de vêtements 100% recyclés et fabriqués en France. Pour Violaine, l’objectif est « de proposer des vêtements positifs, qui sortent de l’engrenage dans lequel on se trouve ».
Aujourd’hui, les pulls et tee-shirts d’au Juste passent entre les mains de plusieurs spécialistes avant d’arriver dans votre penderie. Le recyclage et la filature des matières se font à la Filature du Parc de Brassac, dans le Tarn, « une entreprise familiale qui partage les valeurs de la marque ». Pour la confection des vêtements, direction Roanne (Loire) pour les pulls et Troyes (Aube) pour les tee-shirts.
En choisissant un circuit 100% français, au Juste se positionne comme étant une marque éthique et responsable mais se retrouve du même coup confronté à une problématique commerciale : le prix. Violaine est claire : « Oui, on ne sortira pas un tee-shirt à 20 euros, mais nos prix reflètent la vraie valeur du produit. »
Enrayer la sur-consommation du textile
En effet, dans le catalogue d’au Juste, pas de modèles par dizaines, pas de promo ou de prix cassés. Comptez 45 euros pour un tee-shirt et entre 90 et 140 euros pour un pull. « Chez au Juste, on ne fait pas de soldes, on ne pratique pas un marketing agressif. Nos produits ont un prix mais sont durables », justifie la co-fondatrice de la marque. Une vision totalement à l’opposé de celles de grandes enseignes comme H&M ou Zara qui, pour Violaine, « faussent totalement la perception du coût réel d’un vêtement et incitent à une sur-consommation du textile ».
« Le vêtement est devenu une sorte de pain au chocolat qui vient combler un manque imaginaire »
Entre 1996 et 2012, la quantité de vêtements achetés dans l’Union européenne a augmenté de 40%. Par ailleurs, selon Greenpeace, un Européen achète en moyenne 12,6kg de vêtements par an. Des chiffres qui donnent le tournis, et qui s’expliquent notamment par le marketing et la politique tarifaire pratiqués par certaines entreprises. Violaine pointe même « l’inconscience » de ces marques qui ont mis en place un lien déréalisé avec le vêtement. « Ce dernier vient combler un manque, une défaillance imaginaire complètement psychologique. C’est devenu une espèce de pain au chocolat : quand j’ai un coup de mou, j’achète un vêtement », analyse-t-elle, avant d’ajouter : « Dans leurs boutiques, tout est fait de façon à sur-consommer. Ces marques viennent se nicher dans nos failles, dans nos faiblesses. »
Alors que les voix s’élèvent pour dénoncer les pratiques de certaines marques et que les scandales humains trouvent un écho sans précédent, de l’effondrement du Rana Plaza (Bangladesh) à la situation des Ouïghours, la spirale négative du textile serait-elle en train de s’inverser ? « On sent une énorme évolution, les choses sont en train de bouger dans le bon sens », répond Violaine. « Le grand public n’hésite plus à interpeller les marques et à les questionner sur la traçabilité, la fabrication ou encore les prises de position en faveur de l’environnement. La prise de conscience est globale, et la mode ne fait pas exception. » Une démarche encore rare chez les fabricants français, même si quelques marques émergent pour proposer à leur tour des vêtements 100% recyclés et fabriqués en France, comme La Gentle Factory ou Hopaal.