France 5 propose en replay sur son site Bretagne, une terre sacrifiée, un documentaire inédit qui pointe du doigt les dérives de l’agriculture intensive dans la région bretonne. Ce reportage, signé Aude Rouaux et Marie Garreau de Labarre, part à la rencontre de ces Bretons qui réclament sans attendre un nouveau modèle pour préserver l’environnement et sauver des vies.
En France comme à l’international, la Bretagne est souvent vue comme un havre de paix, une région où la nature a toute sa place. Pour Aude Rouaux, la Bretagne est même « la plus belle région du monde ». Une déclaration d’amour qui n’a pas empêché la réalisatrice de co-réaliser avec Marie Garreau de Labarre le documentaire Bretagne, une terre sacrifiée, diffusé ce 17 novembre sur France 5, pour pointer les enjeux agricoles du territoire et ses conséquences sur l’environnement et l’humain.
« Oui, la Bretagne a été sacrifiée »
La Bretagne est aujourd’hui la première région agroalimentaire d’Europe. Plus de 1,5 million d’hectares de terres sont soumis à l’agriculture intensive, faisant de ce secteur le plus gros pourvoyeur d’emplois de la région. Mais à quel prix ? « La Bretagne a été sacrifiée dans le sens où la France et l’Europe lui ont demandé de produire en masse, au sortir de la Seconde Guerre mondiale, en facilitant l’arrivée des tracteurs et des pesticides », analyse Aude Rouaux pour Le Télégramme.
À lire : l’agriculteur charentais Paul François gagne son procès contre Monsanto après 13 ans de lutte
Dès 2016, Inès Léraud relatait les nombreux problèmes sanitaires liés à l’agriculture intensive en Bretagne grâce à son podcast Journal breton, diffusé sur France Culture. Plus récemment, la journaliste a publié la bande-dessinée Les Algues Vertes avec le dessinateur Pierre Van Hove. C’est en partie grâce à son travail qu’Anne Rouaux a décidé de traiter ce sujet.
Un documentaire loin de « l’agribashing »
Dans leur reportage, les deux réalisatrices partent à la rencontre de celles et ceux qui subissent les conséquences écologiques et humaines de l’agriculture intensive dans la région. « Ce documentaire ne véhicule pas un discours défaitiste, prévient la réalisatrice. On a rencontré des Bretons qui veulent changer de modèle. » Pas d’agribashing donc, mais des témoignages d’agriculteurs « pieds et poings liés », victimes d’un système qu’ils n’ont pas choisi.
« On a rencontré des Bretons qui veulent changer de modèle »
Durant 70 minutes, les réalisatrices reviennent sur plusieurs tragédies liées à cette agriculture intensive : un éleveur des Côtes-d’Armor qui accuse sa coopérative d’avoir empoisonné ses vaches ; une journaliste qui enquête sur les futurs projets de poulaillers géants dans la région ; un étudiant qui s’est engagé dans un bras de fer judiciaire avec l’État pour que celui-ci reconnaisse que les algues vertes ont tué son père…
Aujourd’hui, beaucoup d’agriculteurs sont prêts à changer de modèle. Un constat rassurant, qui ne doit cependant pas occulter la responsabilité de l’État qui, lui, reste silencieux. « Sans lui, ce sera très dur de faire changer les choses », affirme Aude Rouaux. Reste, comme le conclut le documentaire, le pouvoir des urnes.
Bretagne, une terre sacrifiée en replay ici.