Les 13 et 14 mai se tiendra à Paris l’un des plus grands salons dédié à l’événementiel éco-responsable : Objectif Green. Une centaine d’exposants et près de 4000 professionnels des secteurs culturel, sportif et corporate y partageront solutions et bonnes pratiques, et s’interrogeront sur l’évolution de leurs métiers. Et pour Pascal Maillet, directeur du salon, le sport professionnel est aujourd’hui à la traîne et aurait bien besoin qu’on lui impose quelques règles de base.
Pascal vient du sport. Et plus précisément des grands événements sportifs. « Pendant quinze ans de ma vie, j’ai donc fait plein de bêtises au niveau environnemental. » Il s’agit alors d’événements européens « à plusieurs millions d’euros » organisés en France, pour tous types de sports, pour lesquels il se trouve à la direction générale, à la coordination générale ou à la direction des opérations. Au cœur du réacteur. C’est en 2020, qu’il déchante. Avec sa nouvelle boite, il souhaite produire des événements sportifs et culturels « de manière durable ». « Je me suis rendu compte, malgré mon expérience, que non seulement je ne savais pas faire, mais qu’aucune ressource n’existait pour trouver des prestataires engagés, ou adopter de bonnes pratiques. »
Objectif Green, plateforme et annuaire de ressources et média d’information sur l’événementiel durable, naîtra l’année suivante. Le salon professionnel du même nom, en janvier 2023. Cette année-là, derrière les stands alignés au stade Pierre de Coubertin, des pros de l’événementiel sportif, bien sûr, mais aussi du culturel et du « corporate ». Et un certain enthousiasme qui traverse l’assemblée de plus de 700 personnes venues pour l’occasion. « On a rencontré des personnes engagées mais qui se sentaient un peu esseulées, et trouvaient là quelque chose dont elles avaient besoin. L’écho était donc plutôt très positif. »
À Lyon, l’association Aremacs rassemble sport et culture pour imaginer des événements (vraiment) éco-responsables
Un peu plus de deux ans plus tard, Objectif Green a gagné ses galons et le salon ouvrira les portes de sa 2e édition les 13 et 14 mai 2025 au Parc Floral de Paris, en parallèle du Forum de la Billetterie. Les 3000 personnes attendues découvriront un véritable village dédié à l’événementiel éco-responsable : une centaine de solutions présentées, du goodies au traiteur en passant par l’énergie, adapté à la à la culture, au sport, aux collectivités. Sur place également, un grand nombre d’organismes et syndicats professionnels ainsi que les géants GL Events, Alive ou Solutions Evénements. De quoi y trouver son compte, quel que soit son niveau d’appétence pour le sujet. Alors, où en est l’événementiel « green » en 2025 ? Réponses de Pascal Maillet, directeur du salon Objectif Green.
Cela fera bientôt 5 ans qu’Objectif Green s’est lancé. Est-ce que tu as senti une acculturation des professionnels sur ces sujets ?
Pascal Maillet : Tout dépend des secteurs. Dans la culture et la musique, des initiatives individuelles comme les festivals font depuis un certain temps les choses bien. Par contre, le sport est à la traîne. La dimension environnementale y passe après la dimension sociétale, qui passe très largement après la dimension économique. Enfin, le secteur « corporate » est le mieux structuré et le plus avancé. La norme ISO 20121 joue son rôle, ainsi que les solutions techniques pour donner une seconde vie aux matériaux. Mais aussi parce qu’il leur a fallu intégrer toujours plus de critères environnementaux et sociétaux, de plus en plus stricts. On aimerait voir les fédérations sportives être davantage poussées à dépasser l’étape du seul bilan carbone.
« Pour moi, la solution est qu’il faut malheureusement imposer certaines choses »
En réalité, l’écosystème des prestataires engagés est moins dynamique aujourd’hui qu’il ne l’était en 2023. Moins de startups émergent, moins de solutions par le bas. Les gros acteurs de l’événementiel ont pris le sujet en main depuis plusieurs années, et deviennent des moteurs pour le secteur. Ils ont récemment franchi une étape dans la densification de leur offre éco-responsable, en réfléchissant à toute la chaîne de valeur, notamment la seconde vie après leurs événements. Et ce n’est pas du greenwashing, loin de là. Ces acteurs ont des choses intéressantes à montrer et tirent désormais le secteur vers le haut.
L’une des clés de la transition écologique, c’est la coopération et l’animation de réseaux. Où en est-on, en particulier pour les secteurs corporate et sportif ?
Côté corpo, les organismes professionnels sont très actifs. L’association Lévénement (qui regroupe 96 structures de communication événementielle, et revendique près de 80% du secteur, ndlr.) diffuse nombre d’informations utiles. Côté culture et spectacle vivant, Ekhoscènes ou La Scène Indépendante ont des référents en interne sur le sujet et de la documentation. Ces syndicats ou organismes professionnels ont un rôle majeur à jouer. Pour le sport, le ministère et plusieurs structures font des choses intéressantes mais ce n’est pas suffisant pour faire bouger le milieu professionnel.

Pour moi, la solution est qu’il faut malheureusement imposer certaines choses, mais de façon pédagogique, et la moins contrainte possible. Certaines actions doivent être incontournables. La fin du plastique à usage unique, nombre de festivals y arrivent depuis des années. On sait faire, il y a des solutions. Dans les consultations, il faut remonter notre niveau d’exigence global, et imposer intelligemment cela aux différents écosystèmes, sport, musique, culture, corpo…
Que répondre à l’argument du coût économique redouté par les structures ?
L’idée préconçue est de penser qu’un événement écoresponsable coûte plus cher qu’un événement qui ne l’est pas. Sincèrement, j’ai du mal à le comprendre. Il suffit de creuser un peu pour se rendre compte qu’il y a de nombreuses économies à faire. Quand on cherche de la sobriété, on va forcément couper pas mal de choses. De plus, il existe aujourd’hui des solutions sur le marché qui proposent des choses tout à fait correctes d’un point de vue budgétaire.
Des festivals aux JO, comment mettre les événements au service de l’intérêt général ?
Quand on monte un événement, on doit avoir cette volonté de le faire bien, aussi d’un point de vue environnemental. Sans subvention mais en allant chercher des partenariats privés. De nombreux annonceurs sont heureux de soutenir ce type d’événements. Par contre, il faut un plan d’action, prendre du recul et changer ses habitudes en réfléchissant à chaque composante : garder ce qui est indispensable, couper ce qui ne l’est pas, modifier ce qui peut l’être.
Comment se positionne le selon Objectif Green dans ce contexte ?
Le salon garde l’ambition de mettre en lumière des solutions et bonnes pratiques écoresponsables. C’est se faire rencontrer les écosystèmes sport, musique, culture, collectivités. On a des choses à apprendre les uns des autres, et rarement l’occasion de se parler. C’est réfléchir à nos métiers : sur des sujets purement opérationnels – traiteurs, déchets, réemploi, écoconception, mobilité – pour faire monter tout le monde en compétences ; ou plus prospectifs, avec par exemple un échange entre responsables RSE de grandes agences ou entre organisateurs de grands événements de développement durable en France, ce que l’on ne voit pas souvent. Ou encore, en clôture, sur l’héritage des JO de Paris pour l’événementiel écoresponsable.
C’est donc un salon où être présent, que l’on soit un peu engagé sur ces questions ou pour soutenir tous ces petits acteurs qui font le déplacement pour montrer ce qu’ils savent faire. Et aussi pour retrouver tout le monde.






