Pour sa troisième édition, toujours au pied du château de Kerlevenan (56), le festival La P’Art Belle met l’océan à l’honneur. Claire Nouvian de l’association Bloom, les transports à la voile Grain de Sail, Iliens ou Sailcoop , ou encore Yvan Bourgnon, co-fondateur de The SeaCleaners, s’ajoutent à une riche programmation artistique, les 3 et 4 septembre 2022.
Quoi de plus normal pour un festival qui prend lieu entre terre et mer que de choisir de centrer sa programmation autour des mystères et de la fragilité de l’océan ? Le domaine de Kerlevenan accueille la troisième édition de La P’Art Belle, toujours au cœur du golfe du Morbihan. Dans le parc de ce château style italien datant du XVIIIème siècle, les festivaliers pourront découvrir une programmation placée sous le signe de la diversité. L’événement accueillera entre autres des concerts, des tables rondes, des spectacles, des lectures de comptes ou une exposition photo.
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Pour sa troisième édition, La P’Art Belle reste fidèle à ses principes. Cette année, le festival aura lieu à la rentrée et non plus en pleine saison. L’objectif derrière ce changement de date est d’éviter d’engorger encore plus une région très prisée des touristes durant l’été. Sur place, l’accent est mis sur l’éco-responsabilité. Les festivaliers ont ainsi la possibilité de ramener leurs propres couverts et vaisselles. La scénographie est pensée avec des matériaux réemployés, et la restauration se fait avec des produits bios traités en circuit court. Louise Robert, qui a fondée La P’Art Belle en 2019, nous raconte comment le festival est devenu un modèle d’événement convivial et durable.
Cette année, la programmation de La P’Art Belle est centrée autour de l’océan. Comment ce thème va-t-il prendre vie au cours du festival ?
Louise Robert : La Bretagne est entourée de 2500 kilomètres de côtes, ce n’est pas rien. Nous vivons avec les océans et les mers au quotidien, et ils jouent un rôle crucial sur l’environnement et la biodiversité. Ce sont notre deuxième poumon, après la forêt. De plus, les océans sont encore aujourd’hui nimbés de mystère. Quand on les observe, on voit l’eau, les belles plages, mais il y a aussi tant de choses à découvrir sous la surface de l’eau…
Nous avons voulu dérouler une histoire sur ce thème durant tout le week-end. Cela passe notamment par des conférences, organisées par la rédaction de Pioche!. L’une sera sur la pêche soutenable, avec des invités comme Claire Nouvian de l’association Bloom, ou des pêcheurs-ligneurs de la région.
Une autre le lendemain mettra en avant le transport maritime à la voile, fort présent dans la région, avec les représentants des sociétés Grain de Sail, Iliens ou Sailcoop. Le navigateur Yvan Bourgnon, fondateur de The SeaCleaners et du Manta, sera aussi parmi nous, et une exposition photo sur les trésors cachés de l’océan est également au programme.
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Nous avons voulu construire une programmation enthousiasmante, dans laquelle toutes les générations peuvent se retrouver. Nous sommes plutôt dans la recherche de solutions. Le trop plein de mauvaises nouvelles peut avoir un effet démobilisant et décourageant. Nous voulons réfléchir aux meilleures façons de régler les problèmes. Le navigateur breton Roland Jourdain dit souvent qu’il n’y a pas de freins techniques, seulement des freins culturels. Nous sommes bien d’accord.
Vous mettez justement beaucoup en avant votre identité locale dans vos actions, mais aussi dans la communication autour du festival. À quel point la Bretagne et le Morbihan jouent-ils un rôle dans l’ADN de La P’Art Belle ?
Oui, nous travaillons de concert avec des entreprises et des associations locales, et nous co-construisons le projet avec tous les acteurs du changement du territoire. Comme la Récup fabrik, qui crée du mobilier à partir de matériaux de récupération, ou bien la salle dédiée aux musiques actuelles L’Echonova, située à Saint-Avé.
En Bretagne, les festivals, gros comme petits, se comptent par dizaines. Comment est-ce que La P’Art Belle évolue dans cet écosystème foisonnant ?
Nous sommes évidemment en contact. Certains problèmes auxquels nous faisons face sont de même nature. On peut penser par exemple à recherche de bénévoles ou la réduction des déchets par exemple. Nous avons formé un groupe informel avec d’autres organisateurs de festivals de la région. Pour l’instant, une réunion a lieu une fois par mois afin de discuter des problèmes et des envies de chacun.
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Lors de notre dernière rencontre, nous avons par exemple évoqué la question des piqûres qui prend une place de plus en plus importante dans les événements festifs. Autour de la table, on compte par exemple les organisateurs du festival Les prés sur terre, ou bien les plages électroniques de l’Echonova. Pour l’instant, la plupart des acteurs sont installés dans le Morbihan. Dans l’avenir, pourquoi ne pas encore accroître notre collaboration ?
La jauge assez petite du festival en fait une expérience à taille humaine. C’est aussi une façon d’impliquer le public et de transmettre aisément les valeurs que vous portez ?
D’abord, j’aimerais dire que nous ne souhaitons pas faire culpabiliser les festivalier·es. L’événement est ouvert à tout le monde, peu importe son niveau d’implication. Pour celles et ceux qui souhaitent participer le plus possible au bon déroulement du festival, nous organisons un chantier solidaire à partir du 30 août. L’idée est de participer au montage des scènes et des infrastructures. Avec ce genre de projets, les gens peuvent expérimenter à nos côtés. Tout le monde peut aider à améliorer le fonctionnement de La P’Art Belle.
Les gens peuvent expérimenter à nos côtés. Tout le monde peut aider à améliorer le fonctionnement de La P’Art Belle
Le format du festival permet aussi de créer naturellement du dialogue entre les artistes et le public. Il n’est pas rare qu’on assiste à des discussions qui durent après les spectacles. Ces moments d’échange font partie de l’identité de La P’Art Belle.
Concernant la jauge plus petite qu’ailleurs, nous préférons la limiter afin d’éviter au plus possible de mobiliser des transports polluants et énergivores. Ils représentent aujourd’hui 80% des émissions de gaz à effet de serre des festivals. Éviter d’embouteiller le réseau de transports en commun est l’une des raisons qui nous ont poussé·es à décaler cette troisième édition de La P’Art Belle à la rentrée, plutôt que de l’organiser en pleine saison touristique.
L’association développe d’ailleurs de plus en plus de projets et événements tout au long de l’année, hors du week-end du festival. Est-ce que l’avenir de La P’Art Belle se trouve dans cette direction ?
Aujourd’hui, nous sommes devenus une association itinérante. Nous multiplions les projets autour du territoire breton. Malgré ces actions, le festival reste tout de même le moment le plus important de notre année. Le point fort de cet événement, c’est qu’il permet de réunir le public comme les bénévoles.
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Nous aimerions d’ailleurs agrandir la taille de l’équipe, en recrutant plus de bénévoles. La P’Art Belle pourrait devenir un pôle d’expérimentation, et travailler avec des techniciens et des ingénieurs, par exemple, afin de développer et tester des solutions au cours du festival. Cela a déjà été le cas en 2019 avec le projet Ar-lumen, porté par le collectif d’artistes Oyé. Lors de la première édition du festival, Ils ont développé une solution pour projeter des vidéos en basse consommation sur la façade du château.
Retrouver toute la programmation du festival La P’Art Belle, les 3 et 4 septembre au domaine de Kerlevenan, Sarzeau (56).